SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
SUITE MEXIQUE 2012

VERS LA CÔTE EST PAR LES MONTAGNES, 

           Pour l’heure, nous gagnons Puerto Escondido, cité des surfeurs et de quelques hippies attardés avant de quitter la côte et nous enfoncer vers Oaxaca grande ville au cœur des montagnes. La « Sierra Madre » qui prolonge les Rocheuses jusqu’au Panama  se dresse entre Pacifique et mer des Caraïbe. Abrupte, creusée de profondes vallées, les sommets entre deux et trois milles mètres sont légions. Climat tropical, routes secondaires, villages isolés, nous attendons beaucoup du trajet qui  se présente.
La première matinée nous met vite dans l’ambiance. Route étroite et sinueuse, pourcentage impressionnant, moyenne entre quinze et vingt cinq à l’heure. Peut importe, c’est peut être ce que nous préférons tant le paysage diffère et devient interressant à fait que l’on s’enfonce.
  
                               Laverie à la rivière                                    vendeurs d’ananas

  

                             Trieurs d’arachides                          corvée de bois journalière

 On salue d’une petite halte des villageois qui trient quelques tonnes d’arachides. Contents de poser pour une photo, leurs gestes d’adieu seront spontanés et généreux. Notre allure d’escargot nous permet d’admirer en toute quiétude la luxuriance de la végétation, à l’affût de quelques espèces rarissimes. Nombre de musacées (famille des bananiers et autres strelitzias) palmiers curieux et fougères ponctue la forêt dense. Premier arrêt, en plein virage, (la route est assez déserte !) de superbes régimes de bananes roses. Nous en connaissions l’existence pour en avoir commercialisé quelques fois dans notre vie antérieure. Nous ne pensions pas en croiser de sitôt dans la nature.
  
                                                Bananes roses et discret caféier sauvage

 
Bientôt suit une contrée ou abondent des épiphytes. Pour info, les épiphytes sont des plantes qui se développent majoritairement accrochées aux arbres,  sans en être parasites pour autant, l’arbre n’étant que support. Sans terre, elles se contentent de l’humidité ambiante. Plantes tropicales par excellence, elles regroupent principalement les broméliacées que chacun à déjà acheté chez le fleuriste du coin. Feuilles en forme d’entonnoir d’où émerge une belle hampe florale aux couleurs vives. Condamnées à une mort certaine car elles ne fleurissent qu’une fois pour ensuite donner naissance à un rejet qui se développera mal dans ton salon. Mais en vérité, la première espèce d’épiphyte reste les orchidacées.  Il va sans dire que nous écarquillons nos mirettes afin de tenter découvrir ces bien-nommées « filles de l’air ». Des milliers d’espèces d’orchidées épiphytes existent sous ces latitudes, des plus modestes aux plus prestigieuses, l’adrénaline s’emballe un moment. Vers treize heures, petite halte pour déjeuner  en bordure d’un torrent noyé dans la verdure. Une multitude d’épiphytes croissent aux branches des  arbres moussus et quelques fleurs de broméliacées commencent à apparaître. Nombre de touffes d’orchidées sont également présentes mais pour l’heure, aucune fleur. Une vasque du torrent m’invite à une petite baignade, histoire de se rafraichir un moment.
 
                                                           Fleurs de broméliacées (libres)
  

                           Orchidée… toujours sans fleur!                                       Musacée (libre)
   

   
                                                             Images de montagne 
  
Nous reprendrons notre chemin avec un œil pour la route quand l’autre guette dans le fouillis ambiant. Sirène et gyrophare nous avisent qu’entre deux camions se déroule une course à pied en relais tous âges et sexes confondus. Nous comprenons vaguement qu’il s’agit d’une œuvre, chaque relayeur se repasse une torche genre flamme olympique. Détachés du JT de vingt heures, j’avais furtivement observé sur internet que la dite flamme était désormais arrivée à Londres. Pas de confusion  possible, il n’y a pas de rapport à attendre ! D’ailleurs, nous retrouvons toute l’équipe à l’escale du soir en bordure d’un petit cours d’eau à l’entrée d’un village de montagne. Là, tu te rends vite compte que l’assistance est bien modeste. Sans « chichi » et sans budget démesuré mais dans une convivialité toute mexicaine.
  
                                               Course relais et  véhicules d’assistance

Réveillés très tôt par nos voisins sportifs, les coqs du village assortis de salves de tir de pétards, fusils ou canons, nous ne le saurons jamais, nous faisons le tour du marché pour quelques fruits et légumes. C’est dimanche, un petit bouquet de fleurs viendra égailler notre home.
 
                                                   Fruits, légumes et … crevettes séchées


Aujourd’hui, redescendus dans la vallée d’Oaxaca vers les 1500 mètres d’altitude, l’agriculture va dominer le paysage. Maïs, maraichage et élevage restent les principales activités du secteur. Nombre de parcelles sont toujours exploitées par la traction animale. Quelques tracteurs apparaissent néanmoins.
       
                                                         Le laboureur
Oaxaca, grande ville, par sécurité, il est exclu de dormir n’importe où. Un RV park est mentionné. Un peu au feeling, vers le nord ouest, on en trouve l’entrée sans gros problème. Un peu  tombé en désuétude, comme souvent, nous sommes accueillis par un sourd et son complice « inachevé ». Le bureau est jonché de vieilleries diverses, le ménage n’a pas dû être fait cette dernière décennie. Je suis prié de m’inscrire moi-même sur le registre des entrées. Je constate que des allemands sont passés il y a quatre jours et que les précédents datent du mois dernier. Je relève surtout qu’eux ont payé deux cent pesos alors que le sourd me demande 250 ! Nous protestons et... va pour deux cents. Au regard de la vétusté des installations, c’est bien payé. Nous serons les seuls clients mis à part un car qui vient se stationner ici pour la nuit ainsi que deux, trois véhicules particuliers.
Petit tour de reconnaissance dans le quartier, un internet café pour les affaires courantes et nous relevons les arrêts de bus pour gagner le centre le lendemain.
Le matin, avant de laisser Franky pour la journée, nous passons au bureau du camping signaler que nous resterons une nuit supplémentaire. Porte du foutoir ouverte, le vieux sourd est absent pendant que son acolyte, « l’inachevé »,  dort vautré sur un divan hors d’âge. Nous les verrons donc au retour.
Débarqués au « Centro », une visite au marché municipal est toujours instructive. Fripes, artisanat, fruits et légumes, épices délivrent leurs lots de couleurs et senteurs mêlées aux poissons et autres viandes pendues.  Pour autant, bien qu’aucune réfrigération ne soit envisagée, peu, voir, pas de mouches en vue, nous en restons perplexe. Une partie du hall est réservée à de la petite restauration rapide à l’image locale….
… assez surprenant !...
… toute une rangée de guinguettes s’active autour de leurs barbecues en effervescence, on s’en trouve enfumé comme pas possible chacun s’active à griller viandes et saucisses à tout va pendant que les clients s’attablent sans  discontinuer. Tacos, soupes, et salades bizarres sont aussi de la partie. Ici Monsieur Mac Donald est relégué aux abonnés absents. Oaxaca est connu pour sa production de café et de chocolat. En arrière du marché, nous observons une petite unité de fabrication de chocolat. Sommes toutes, la petite affaire nous semble bien plus commerciale qu’authentique.
 
 

  

  
                                                           Dans les rues d’Oaxaca 
 
Vient un moment, le centre ville nous paraît bien encombré. Du mal à se frayer un passage parmi les passants et les vendeurs à la sauvette. Proche d’un kiosk, banderoles et sono, un orateur scande je ne sais quel discourt…
… questions ???...
… Sur la place centrale et les rues adjacentes à la circulation devenue impossible, des centaines de mexicains s’installent à même le sol sur des cartons ou dans une multitude de tentes individuelles, des centaines de bâches sont tendues en travers des rues en guise d’abris du soleil où d’un orage éventuel…
…que ce passe t il donc ???...
…De toutes évidence, ce ne sont ni touristes, ni visiteurs. Ils semblent s’installer pour tenir le siège. Vraisemblablement la nuit voire plusieurs jours…
…A décrypter les banderoles on comprend qu’il s’agit d’une manifestation politique à caractère social. Confirmation nous sera donnée par le patron du resto de midi. Dés lors, nous quitterons rapidement le centre pour nous attarder encore un peu dans un quartier historique sympa, classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous resterons étonnés par le côté pacifique, voir bon enfant de cette manifestation. Aucune animosité ressentie, aucune violence, aucune agressivité et, qui plus est, absence quasi-totale de force de l’ordre. Nous ignorerons, bien sûr, le final de l’affaire.
  
           Feux à volonté             la livreuse de fromage           fabrique de chocolat

  
                                                    Dans les rues d’Oaxaca (2)
 
 Les jours qui suivent nous mènent à nouveau au  travers d’un relief plus escarpé encore. Une réserve de la biosphère locale est inscrite sur la carte. Route étroite certes, mais l’absence de circulation nous autorise un quinze à l’heure de moyenne pour ainsi scruter sans relâche l’enfer vert qui nous entoure. En altitude, des bancs de brume sont fréquents, entretenant ainsi les conditions optimums au développement des épiphytes et autres variétés tropicales remarquables. Nous ferons ainsi, plusieurs jours durant, quelques belles découvertes. Broméliacées et musacées (famille des bananiers et strelitzias) en pleine floraison cette fois assorties de quelques orchidées. Ces dernières, pour nombreuses qu’elles soient, restent encore modestes coté floraison. 
 

 

  
                                                            Retour en forêt d’altitude  
Les quelques habitations rudimentaires qui ponctuent la route reflètent bien la dureté de la vie des gens d’ici. L’âne pour les plus nantis est omniprésent. C’est une agriculture de subsistance qui règle la vie d’ici. Maïs et canne à sucre sont plantés un à un entre chaque rocher qui veuille bien laisser un quelques décimètres carré de terre défrichée. La corvée de bois est quotidienne, la cuisine ne se faisant qu’au bois, très jeunes et très vieux arpentent péniblement routes et sentiers un fagot dans le dos  harnaché d’une sangle au front, à la manière des sherpas népalais.
 
    L’homme casse des cailloux pour la route,             elle fait la lessive dans des bidons

 
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