SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Mercredi 17 septembre 2014  URUGUAY

                Au fil du temps, il est des jours ainsi qui ne ressemblent pas tout à fait aux autres.
Attendu, ce matin-là, nos amis Guy et son épouse nous conduisent avec armes et bagage à la gare TGV de Perpignan.
 Il va s’en suivre un long transfert d’une soixantaine d’heures passées entre train, attentes interminables, vol long-courrier (13h.) hôtel à Montevideo, un décalage horaire non négligeable  puis, bus grande ligne suivi d’un local et enfin trois cent mètres à pieds avec les soixante kilos de bagage. Ne faut-il pas être jeune pour telle entreprise ?
Petit détail notoire : José Mujica, tu connais ?...
… nous non plus…
… Ce monsieur était en premières  à bord de notre vol UX 345 à destination de Montevideo …
…Simplement, il est président de la République d’Uruguay !
Homme très simple au plus près et fort apprécié de son peuple. Résidence modeste de 45m2,  pas d’avion présidentiel et gestionnaire tranquille, pas de dette extérieure en Uruguay. Affable, regard bienveillant, serrant volontiers la main à tous les passagers, n’est-ce pas le miroir du bien-être de ce petit pays discret presque inconnu ?
Pour les plus curieux : 
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/exclusif-afp-la-vie-extraordinaire-de-jose-mujica-president-d-uruguay-


Monsieur José Mujica

Bref, si cette petite distraction fût plaisante, il n’en demeure pas moins que treize heures de vol (pour nous en seconde) restent longuettes. Qui plus est, deux avions européens qui arrivent ensemble à l’aéroport, ça bouchonne grave au contrôle douanier. Malgré grosso modo cinq à six cent personnes à contrôler, il est exclu de laisser entrer sur le territoire nos deux « Chaussés aux Moines » accompagnés de deux « Cochonoux » confisqués et détruits devant ma mine défaite. Principe de précaution disent-ils…
…j’ai déjà entendu cela quelque part…
…Cerise (aigre)sur le gâteau, le lendemain, le bus local qui était censé nous mener à l’hôtel nous dépose au dernier carrefour, un peu au milieu des champs, le chauffeur nous indiquant de prendre tout droit, ce n’est pas loin ! Effectivement, nous reconnaissions l’endroit, mais avec nos soixante kilos de bagages additionnés des premières courses urgentes faites au super marché de Montevideo, il nous faudra faire contre mauvaise fortune bon cœur et là, tu apprécies tes valises à quatre roulettes !
                Comme à l’accoutumé, c’est toujours  beaucoup d’émotion de retrouver sain et sauf notre compagnon de route. Franky  n’est pas seul, une dizaine de véhicules hors du commun se reposent ici. Cela va du modeste petit fourgon aménagé perso au gros camion 4x4 style Dakar flambant neuf valant son pesant d’euros.  Quasiment tous immatriculés en Europe, sauf deux californiens et un néozélandais. Chacun d’eux en attente d’aller en découdre dans les grands espaces sauvages de l’immense continent.

 
Compagnons de Franky

 
                                       Son environnement
Un camping-car US retient l’attention de Françoise qui ne lui paraît pas inconnu, c’est en effet l’équipage du site internet « www.passifou.com/» rencontrés en 2012 en Equateur. De retour en France pour cause de renflouement de la caisse du bord. Nous souhaitons à Céline, Nico et leurs trois enfants de reprendre l’aventure bientôt.
                Le temps va défiler, chacun à sa tâche durant quelques jours. Zone humide, la fée du logis s’attaque aux nombreuses moisissures superficielles quant à moi, corrosions légères et faux contacts vont m’occuper un moment. Notamment le marchepied électrique qui s’obstinait à refuser toute collaboration. Celui-ci maîtrisé, diverses bricoles d’amélioration en attente depuis longtemps voient le jour. Pratique, les courses d’urgence se feront à pieds à la petite supérette de poche située à  un bon kilomètre jusqu’au jour où nous découvrons une mauvaise surprise dans les œufs acquis la veille. Véhicule en état, les réserves seront complétées au supermarché du centre-ville un peu plus distant. Frigo et congélateur s’assortissent, viandes, poissons, fruits et légumes frais, excellent pour le moral de l’équipage. A nos rares temps perdus, nous flânons à la découverte de l’immense parc de l’hôtel entretenu dans la plus pure tradition suisse. Tiré à quatre épingles, piscine superbe un peu frisquette au sein d’une roseraie et d’un gazon anglais ras, voisin de grands eucalyptus et autres essences séculaires où s’égosillent  des myriades d’oiseaux multicolores. De grosses perruches vertes semblent apprécier  particulièrement  les eucalyptus bâtissant des nids énormes où y règne en ce printemps austral une intense activité. Notre attention sera aussi retenue par les nombreuses épiphytes sauvages agrippées aux branches, modestes broméliacées genre tillandsias ou encore nombre d’orchidées en début de floraison pour certaines.
 Signe avant-coureur  d’avoir choisi une bonne saison pour les régions attendues ? 

 


                       Plusieurs épiphytes, tillandsia et orchidées libres  

Samedi soir, manière d’égayer un peu l’ordinaire, nous retenons une table au restaurant de l’hôtel.  Belle salle cent pour cent suisse, skis anciens, cor des Alpes, cette très longue corne traditionnelle, cloches à bétail, sac à dos 1950, raquettes à neige, batterie complète des écussons régionaux  et nombre d’images te transportent ainsi bien loin d’Uruguay. Accueil poli, serveur en style, rien ne manque. Belle assiette de cochonnailles  suivie d’une « synfonia del chef »…
…synfonia del chef, ils disent…
… copieux, certes, une grillade de porc, filet de poulet grillé, jusque-là, la musique est douce. Un très mauvais steak aux relents de poisson fané qui restera dans l’assiette. Première fausse note dans la symphonie, petits légumes fluo congelés tombés du sachet. Deuxième fausse note dans la symphonie. A ce niveau, ce n’est plus Beethoven, c’est un mauvais rap de favela. Si bien accueilli ici, on ne dit mot et dégustons délicieuses tarte aux pomme ou salade de fruits chacun avec notre boule de glace.
Le dimanche se passera en derniers préparatifs, il est temps de faire route, lundi matin,  réveiller le GPS, contact, saluer nos hôtes, et à petites foulée, direction Montevideo. Premier arrêt à six kilomètres pour causes d’arums superbes en bord de route. Blancs pur, ils nous rappellent leurs lointains cousins jaunes d’or remarqués en Oregon en 2011. La campagne uruguayenne défile lentement dans une ambiance mi  Est de la France, mi méditerranéenne avec quelques touches de tropicales humides rappelant la douceur du climat soumis à de faibles amplitudes de températures dans l’année. 

 
                                    Arums en bord de route
 
                                Compagnons d’un instant

                A la fin du périple précédent, nous n’avions pas eu l’occasion de faire  vidange, graissage et diverses opérations de maintenance sur Franky. Il nous presse donc d’y procéder. En périphérie de Montevideo, un grand garage Mercédès poids lourds et bus nous interpelle. Bien accueillis, ils nous entreprennent rapidement tout en précisant qu’ils ne pourront achever que demain, les filtres n’étant pas en stock. Ils nous proposent un taxi pour rejoindre la ville et passer l’après-midi à visiter le centre. Bien noter qu’à part la « plazza de l’independancia », un ou deux bâtiments administratifs remarquables, circulez y a rien à voir ! Une échoppe d’artisanat présente de jolies choses en cuir, le cuir est « le » matériaux local pour symboliser l’inspiration artistique uruguayenne. Pays d’élevage, au même titre que ses voisins,  l’Uruguay est grand producteur et exportateur de bovins. Rentrés pas tard, Franky est sur la table d’opération. Personnel courtois et souriant, marque de confiance, nous serons ainsi autorisés à dormir à l’intérieur. Nuit pas très calme pour autant, divers compresseurs et quelques ouvriers à la présence surprenante vont meubler l’espace sonore durant la nuit.
                Bien cajolés, fin de matinée nous reprenons la route. Comme toutes mégapoles, Montevideo se traversera sous un minimum de tension manière de reprendre en mains le gabarit de notre monture. Cela n’ira pas sans nous rappeler nos premiers tours de roues en 2009 lors de l’achat du véhicule où les premiers kilomètres nous menaient à traverser Montréal !

  
                                         Montevideo

Courte étape pour une escale à Piriàpolis, camping fermé, on s’installe près d’un petit square et faisons quelques emplettes. Côte balnéaire d’Uruguay, nous suivrons le littoral jusqu'à la station huppée de Punta del Este. Hors saisons, l’été austral culmine vers Noel nouvel-an, les milliers d’appartements vides hantent cette station hors norme dans la région. Ciel bas, mer en deuil et vent d’octobre nous invitent à passer notre chemin. Un crochet tout de même par cette plage où émerge l’œuvre (si on peut dire ainsi) d’un sculpteur chilien représentant les doigts géants de la main d’un  noyé implorant un dernier secours avant de disparaître. A ne pas rater, quasiment rien d’autre de notoire à voir dans le pays.


                                L’emblème de Punta Del Este
 
C’est en quittant la place centrale qu’un voyant s’allume au tableau de bord. « Water low », petit  problème de niveau d’eau. Pas trop normal, nous rejoignons le camping « Punta Ballena » où nous accueille un jovial et souriant personnage.  Luis nous installe aux petits soins avec eau électricité et un Wifi poussif mais bien venu. Un rapide examen descelle une légère fuite au radiateur causé par un projectile dans le nid d'abeille. Luis connaît bien un « mécanico » compétent qui après un ou deux rendez-vous manqués devrait nous porter secours. Le vendredi soir, nous déposons le pare choc AR et le samedi matin était prévu la dépose du radiateur. Problème familial, rien de grave, c’est reporté à  dimanche matin…
… on oublie…
…de fait,  manière de s’offrir une sortie, un taxi nous dépose au port de plaisance de Punta Del Este. Longue balade sur la « rambla »littorale qui ceinture le cap.  Les « Guymar en voyage », couple français croisé dernièrement au camping nous avaient parlé des statues de sirènes à proximité. Atteintes, trois vielles silhouettes tristounettes au corps de ciment décrépis tentent de rester debout agrippées aux rochers du cap, bien dans le style du patrimoine à découvrir en Uruguay. Le gris marron du Rio de la Plata qui roule son limon à nos pieds nous fait aussi passer notre chemin.

 
      Au camping Punta Ballena                              Les sirènes ( !) de Punta 

 En ville petit souci nos cartes bancaires sont refusées dans tous les distributeurs rencontrés. Passé l’inquiétude, c’est au grand casino que nous tentons notre chance avec succès cette fois. Néanmoins, zéro pésos aux bandits manchots. Nuit de tempête, pluies et vent lundi matin font que notre « mécanico » reporte à l’après midi. Au final, ce sera le mardi qu’il déposera le radiateur sans difficultés majeures.
Plusieurs jours sont prévus pour sa réparation et son aller et retour de Montevideo. Nombres de bricoles en retard, un peu de courrier vont m’occuper chaque matin pendant que l’équipière joue les tops chefs dans sa cuisine avec les produits trouvés dans un superbe grand magasin où Luis nous avait emmenés. Après-midi, un canevas en instance de longue date va resurgir d’un placard pour s’achever bientôt

 
                             Occupation au camping de Punta Ballena
<   Page précédente



Créer un site
Créer un site