SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Le deuxième jour d’ascension,  nous vaudra une route défoncée comme jamais. Il nous faut osciller de l’extrême gauche à l’extrême droite pour éviter les pires des trous béants qui constituent l’essentiel de cette piste infâme. Hésitant à poursuivre dans un tel  enfer, un bus local passe…
… Si un bus passe, Franky doit passer...
… Têtu peut être, mais nous atteindrons vers dix huit heure la seule localité mentionnée sur la carte : Los Huatland. Agrippée à sa pente vertigineuse,  nous comprenons vite qu’il ne sera pas simple de trouver un stationnement suffisant et plat pour la nuit. Bien vivant et actif, pas trop le choix, on s’embarque dans la rue principale. Pick up et petits camions garés en quinconce, souvent voie unique pentue comme jamais vu, fils électriques au niveau du pare brise, l’équipière, satisfaite d’avoir rejoint un lieu habité commence à paniquer léger.
Un mexicain nous interpelle…
… « No passa »…
… il est clair qu’à quelque distance, une obstruction nous interdira le passage…
…cela signifie t il qu’il nous faudra faire…
… un…
… demi-tour…
… deux…
… toute cette route merdique en sens inverse ???
…C’est là qu’intervient la providence nécessaire à tout aventurier quand l’encre du destin décide de te peindre tout en noir…
…Manuela, jeune préposée municipale s’inquiète de notre sort. A coup de talkie-walkie, de coups de sifflet et d’ordres en tous genres, elle va nous ouvrir la route, faire dégager les véhicules gênants, nous accompagner jusqu’en haut du village, le seul endroit où bus et camions peuvent faire demi tour. Dés lors, nous redescendons toute  la rue jusqu'à l’impressionnant croisement d’une ruelle qui plonge à pic entre les bâtisses dans le quartier sud du village. Remarqué en montant, il nous était hors de question de s’embarquer là. Manuela se débat toujours devant nous. Pas trop le choix, il nous faut piquer dans le vide avec cinq petit millimètres de jeu entre nous et l’épave d’un vieux Dodge à l’agonie. La pente est telle qu’au départ, de mon siège, je ne vois plus la chaussée mais seulement les tôles ondulées des toitures d’en face. Enfin, centimètres après centimètres, doucement Franky, s’incline tête en bas…
…moi, les deux pieds sur le frein avec en tête…
…  « Rappelle-toi bien », le frein de secours, c’est la manette jaune ! …
… Le frein de secours…
…la manette jaune…  
…oui, oui, la manette jaune…
…La situation va rapidement s’améliorer passé les trente  premières mètres, Françoise reconnait  bientôt l’enseigne d’une station service Pemex. Manuela dialogue avec le responsable et une place bien horizontale nous est attribuée pour cette nuit. Mieux encore, il nous est confirmé que nous sommes sur la seule bonne route qui nous permette de poursuivre notre itinéraire demain matin. Nous donnons une petite tour Effel  à Manuela en souvenir de deux français de passage dans son village.
Encore une journée de montagnes avec route mieux revêtue nous permet de poursuivre la découverte de cette culture rurale ancestrale. Un petit arrêt chez un couple qui cultive entre les rochers un peu de canne à sucre. Un broyeur à traction animale est installé ainsi qu’un alambic fait de bric et de broc. L’homme nous explique qu’il chauffe avec les fibres séchées de la canne, un filet de rhum blanc se glisse dans un vieux bidon. Sa compagne nous offre deux grands gobelets de jus de canne.
  
                              La presseà levier et l’alambic artisanal de José

Plus loin, en forêt  profonde, les yeux rivés sur l’extraordinaire végétation nous découvrirons nombre de fleurs sublimes. L’œil de mon amiral va détecter parmi les épiphytes des grands arbres enfin une belle touffe d’orchidées en fleurs. Plusieurs magnifiques Musacées exigent elle aussi quelques arrêts photos.

  
                    Enfin un pied d’orchidée en fleurs acroché aux branches des grands arbres

 
  
                                         Musacées libres en forêt  

 C’est là que nous croiserons aussi Diégo qui nous apparaît le coupe-coupe au ceinturon au débouché d’un sentier forestier. Visage buriné mais avenant, nous échangeons quelques mots. Diégo nous fera voir de discrets caféiers, nous expliquera la générosité de cette forêt en fruits divers en toutes saisons. Au final, il va monter à bord pour gagner le prochain village. J’imagine qu’il se souviendra longtemps de ce trajet dans ce bus bizarre fait pour seulement deux personnes. Bientôt redescendus en plaine, l’agriculture se généralise, une plantation d’hévéa destinée à la production du caoutchouc  précède bientôt vergers de manguiers et champs d’ananas.
   
                                                  Plantations et récolte d’ananas
 
                                 Culture d’hévéa et du palmier à huile

  
                                                  Habitat rural…
 

                     …Et petit commerce. Voir la viande pendue entre les ananas !!!

               Enfin, nous quittons les montagnes pour les rives du golfe du Mexique et la mer des caraïbes. Encore cinquante kilomètres de route destroyée où les fondations des ponts, las d’être ravinés sont mises à nues. Un tas de gravier est déposé juste devant manière d’empêcher les véhicules de tomber dans les cours d’eau.
   
             Route difficile parmi d’autres.                     Avocatier 
 
   
                         En bordure de route, broméliacées et musacées

Notre but, la lagune de Catemaco, citée dans notre guide qui nous décevra un peu. Néanmoins, un joli camping verdoyant avec Wi fi et piscine nous accueille. Sauf que, en s’approchant, la piscine, non filtrée, eau verte et carrelage moussu se trouve visitée par quelques crapaud bien en chair !
 
                                Piscine à crapauds et cuisine locale
 L’eau de la lagune n’incite guère davantage à la baignade.  Un bus local nous transporte au pied d’une belle cascade en forêt. Son débit important ne nous déçoit pas. L’air ambiant, saturé en humidité nous invite à la recherches de plantes originales. Abondantes certes mais rien de bien nouveau rapport aux observations des jours précédents.
 

 
                                         Balade à la cascade 
 

 En cours d’après midi, nous prendrons une lancha avec un autochtone pour gagner quelques iles éloignées où des singes araignée et macaques vivent en toute quiétude. Proche des rives, le barreur nous glisse sous les branches et appareils en batteries, nous tentons quelques clichés difficiles de ces animaux qui se dissimulent dans les feuillages. Les quelques macaques présents nous paraissent bien âgés. L’ile étant une réserve, plusieurs animaux sont bagués, on suppose pour l’étude de cette petite compagnie protégée. Contents de cette observation, nous ressentons néanmoins un petit  sentiment de business bien entretenu. Ile protégée de petite surface, ces habitants n’ont d’autres choix que de s’épanouir joyeusement dans leurs arbres et les locaux de jouer les guides faciles.
  
                                          Macaque et singe araignée

Comme à l’accoutumé, insidieusement, les jours passent sans trop compter, mais la réalité d’un retour en France début juillet nous rattrape un moment. Il nous faut faire route sans trop tarder vers la péninsule du Yucatan, lieu où, selon nos renseignements, un gardiennage pour Franky est possible. Environs deux milles kilomètres sont encore à parcourir avec les embûches, les surprises des routes mexicaines, mais aussi les découvertes inattendues à travers la jungle du centre de cette région du Chiapas et du Yucatan.

 
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