SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Fin décembre 2015
L’objectif du moment, accéder au Pantanal Nord. J’avais précisé, le Pantanal, c’est moitié de la France, à contourner, nous voici donc en route pour plus ou moins mille cinq cent kilomètres. Un important  axe nord sud est rejoint, un enfer de milliers d’immenses double-semi-remorques transitant vers l’état de Rodonia gros producteur de céréales puis vers la seule voie menant à l’ouest amazonien. Seule route praticable jusqu'à Porto Velho, puis plus loin Manaus par piste ou voie fluviale. Manaus que  nous espérons donc joindre par bateau. Pour l’heure, ne souhaitant pas passer le réveillon du trente et un sur un parking quelconque, l’idée est de rejoindre le secteur de Chapada dos Guimaraes. Contrée de moyenne montagne qui présente quelques intérêts touristiques notoires et quelques campings y sont mentionnés. Sauf que l’un n’est accessible qu’à pied, l’autre grand comme un mouchoir de poche est complet avec ses trois tentes igloos, reste le dernier excentré perdu et désert en pleine campagne inintéressant pour y passer un réveillon.  Nous procédons à une recherche dans les quartiers tranquilles pour trouver un petit terrain proche d’une poussada (Chambre d’hôtes) et pas très éloigné du centre-ville. Code Wi-Fi obtenu, nous passerons donc ici quelques jours tranquilles.
 
                     Sur une station-service
                Dans les campagnes d’Amérique Latine, ne pas espérer trouver pour le trente et un, un restaurant qui réveillonne. C’est donc à bord que la cuisinière concocte son menu de fête avec quelques produits français (genre foie gras, crabe Chatka etc…) venus dans les valises accompagné d’une demi-bouteille de champagne local. Pour le premier, du canard congelé découvert la semaine précédente s’accommodera de ceps séchés et d’un vin chilien.
  
                                                               31 décembre 2015
                Mais pour l’heure, (env.23h.) à travers ruelles sombres et lampadaires anémiques, nous rejoignons la place centrale.  Craignant davantage certains humains que les jaguars du Pantanal, chacun sait qu’à titre de mesure de prudence, il est déconseillé pour un couple de touriste sexagénaire de déambuler seul de nuit en Amérique du sud …
…mais c’est réveillon !...
… Bien vite, nous retrouvons l’ambiance latino, débridée, joyeuse, familière et bon enfant, orchestre et tenues légères vibrent depuis quelques heures. Nous apprécierons les feux d’artifice à travers les grands arbres de la place et prendrons le chemin du retour confiant bien avant que les esprits ne s’échauffent plus que de raison.
                Nous attendrons le deux janvier pour tenter une découverte d’un des quelques spots de la région. Belles images à l’appui, une petite agence locale (obligatoire) nous propose la visite de la plus grande grotte du Brésil assortie de Gruta Azul, traduit « la grotte bleue ».
…pourquoi pas ?...
… Le lendemain huit heures, guide et 4  X 4 nous mènent à la fazenda propriétaire des terres où se trouvent ces grottes. Il est à rappeler que ces grands espaces d’Amérique du sud pour immenses qu’ils soient sont quasiment toujours des propriétés privées. A chacun d’exploiter la curiosité naturelle présente sur son territoire. Les cinq derniers kilomètres, s’effectuent à pieds à travers maquis, broussailles et rochers divers sous un soleil des plus ardents.
 
                                                                  Sur le sentier d’accès

 A titre de précautions, le guide nous fournira des guêtres en cuir épais afin d’éviter les morsures de cobras et autres reptiles rampants résidant dans cette savane sèche. Nous retrouvons fraicheur relative humidité et végétation tropicale au fond du canyon où l’entrée de la première cavité se profile. Au passage, Juan montre et explique la richesse insoupçonnée de cette végétation primaire, plantes médicinales, petits fruits et divers que les indigènes connaissent depuis des générations.
  
                                   Plantes bizarres et guêtres 
 
Il est temps de plonger dans le noir absolu, avec chacun seulement sa petite torche à leds afin de ne pas se séparer et éviter les passages boueux et  trop mouvants. De temps à autres Juan nous éclaire quelques stalagtiques et stalagmites notoires tout en progressant longuement. Un passage haut d’un mètre vingt nous transforme en spéléo d’occasion pour une centaine de mètres où malgré le casque, crâne, épaules, dos, confirment la dureté de la roche ! Passé le gué d’une modeste rivière sous-terraine, la lumière apparaît enfin au loin par une sortie secondaire. La sortie particulièrement accidentée mettra à rude épreuve le genou de Françoise. Elle qui c’était  pourtant bien renseignée à l’agence qui avait souligné le caractère facile et très linéaire de la ballade. En fait nous contournons longuement un massif rocheux en sous-bois où quelques perroquets verts distraient pour atteindre la seconde grotte. Quelques infinies « marches d’escaliers » brutes et glissantes nous mènent à la gigantesque entrée. La fin s’effectue dans le noir absolu jusqu'à ce petit lac limpide juste éclairé par une faille dans les hautes roches. C’est l’azur du ciel qui donne cette magnificence à la « Gruta Azul »vue sur les photos publicitaires. Sauf qu’à ce moment précis, un grain tropical subit s’abat  sur la campagne et « l’Azul » se fera discret !

                                         
  

                                                            A l’entrée des grottes

                                          La grotte azul

Les grottes…
…c’est bien, mais on n’est pas vraiment venu de ci loin pour ça !
Le trois janvier, quelques courses à la superette du coin et nous reprenons la route en direction du Pantanal nord. C’est à Poconé que s’arrête l’asphalte pour la terre battue de la Transpantanera, seule voie d’accès à Porto Joffre, seul lieu-dit plus ou moins accessible, isolé au cœur du Pantanal, secteur de prédilection des fameux jaguars. A Poconé donc,  A défaut de camping, stationnés sous quelques arbres fruitiers d’une station-service, nous nous mettons en quête d’une agence ou d’un guide local qui serait susceptible de nous conduire à Porto Joffre. Cette Transpantanera représente tout de même environ cent soixante-dix kilomètres. La seule agence du coin est fermée. Une femme propriétaire d’une poussada est prête à nous héberger sur sa propriété mais n’a aucune information pour notre expédition prétextant qu’à cette saison, la piste est impraticable. Les quelques rares taxis consultés refusent aussi tout net de s’engager sur cette piste. L’un d’eux téléphonera un long moment à un guide local sans succès. Nous comprendrons aussi que l’établissement principal de Porto-joffre est fermé en janvier et février. Il faut se rendre à l’évidence, pour cette fois, il nous faut admettre le renoncement tout en se félicitant d’avoir eu la chance de pénétrer ce fameux Pantanal par le sud le mois dernier.
 
                                      Sur la route de Poconé
Pour l’heure, il nous faut progresser vers Porto Velho, la seule voie asphaltée de l'ouest conduisant vers l’Amazonie. Mais avant, notre visa de trois mois est sérieusement entamé, nous savons par expérience que son renouvellement sera refusé. (Décret  particulier dans les lois brésiliennes rapport aux pays européen de l’espace Schengen). La seule hypothèse envisageable est de tenter une sortie du pays pour quelques jours et revenir pour un nouveau visa de trois mois…
…à condition de tomber sur un douanier pas trop vicieux car il est dit dans le fameux décret que c’est seulement après une sortie de six mois qu’un nouveau visa est délivré. Certains voyageurs l’on tenté avec succès, pourquoi pas nous ?
                Dès lors, la frontière la plus proche reste la Bolivie, nous gagnons donc la petite ville de Caceres et sommes accueillis sur le parking sécurisé de l’hôtel San Lucas avec eau, électricité  WI-FI et le couple gérant qui ne sait que faire pour nous être agréable. Mises à jours diverses, douches à volonté, lessive, courrier et entretien divers. Lors d’une conversation, l’homme nous propose un guide de son entourage pour nous conduire une demi-journée en lancha à moteur en amont du fleuve Paraguay. Pourquoi-pas ?...
…Rendez-vous est pris pour le lendemain matin…
…C’est un indien Guarani  buriné, longue barbe tressée, quelques anneaux d’argent,  regard d’aigle  nom imprononçable qui se présente au bord du fleuve, parlant mi portugais mi guarani souligné d’un accent indien bien trempé, impossible de dialoguer autrement que par gestes et mimiques diverses. Après un bref instant d’hésitation, à tort ou à raison, nous accordons notre confiance à cet inconnu, et nous voici à remonter les rives du grand fleuve. Certes, de nombreux oiseaux sont observés mais pour l’essentiel, c’est du « déjà-vu ». Rien d’extraordinaire malgré la zone sauvage, marécageuse et inhabitée. Seule observation à retenir, sur une grève, une petite colonie de « becs croisés » et plus en forêt quelques iguanes vert électrique.
 
                                          Le bec croisé et l’ibis noir

                                                 Sur les rives du fleuve
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