SOUS LES ETOILES DU MONDE   
      ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue
                                        
 
 
   Le début d’une histoire…
 
Durant l’hiver, il va sans dire que les préparatifs vont bon train. Permis internationaux, visite à l’ambassade des Etats Unis pour un visa longue durée, recherche d’un locataire pour la maison, division en deux du garage pour stocker nos affaires perso, déménagement et j’en passe. Des contacts Internet permanents sont tenus avec les compagnies d’assurance au Canada et les documents réclamés sont expédiés cartes et guides des deux continents outre-Atlantique s’assortissent.
    
Des cartes, ils en ont déjà un peu...                             ...Des guides aussi !
Comme prévu, mi mars, tout est OK, billets de TGV pour Roissy et avion pour Montréal en poche, une voiture de location est réservée pour les premiers jours. A noter l’intense émotion de commander des billets aller simples. Dès lors, tu sens bien qu’une réelle odeur d’aventure flotte dans l’air.  Les amis sont conviés à un pot de départ et Christian se propose de nous emmener à la gare le jour « J » et Antoine, la veille au soir nous convie à un dernier diner pour soulager Françoise lors des derniers préparatifs.
Sauf que…
… Passons rapidement sur le mauvais sujet nous contentant de nous souvenir d’un passage sur le « billard » pour le moins imprévu suivi d’une convalescence éclair attisée par la motivation et le désir sans faille de repartir. Chapeau bas à ma petite équipière qui m’a aidé à garder confiance comme si rien d’anormal ne s’était passé.
 Un projet comme le nôtre n’est il pas la meilleure thérapie qui soit ?
L’incident clos… n’en parlons plus… Merci beaucoup.
Nouvelles réservations, nouveaux billets…
Sauf que…
… Grève à la SNCF. Nous échangeons nos billets de TGV pour Roissy contre deux aller simples aéroport de Perpignan / Orly. C’était sans compter sur une grève des pompiers de l’aéroport de Perpignan clouant les appareils au sol.  Puis grèves au RER (c’est la France). Au final, tout s’arrange nous entrevoyons même rapidement nos deux petites filles parisiennes et leur papa.
Le vol se passera sans histoire, nous posons enfin le pied sur le nouveau continent non sans émotion. Quelques turpitudes pour récupérer notre voiture de location. L’hôtesse d’accueil si on peut l’appeler ainsi de l’agence AVIS nous balade d’agence en agence prétextant que notre réservation Internet ne la concerne pas. Ceci jusqu'à nous faire prendre une navette d’un hôtel périphérique et retour sans succès. Un interlocuteur particulièrement coopérant nous confirme qu’il s’agit bien de l’agence AVIS de l’aéroport celle là même qui nous à jeté une heure plus tôt. L’homme ne s’en étonne pas vraiment et nous inscrit un N° de téléphone de la centrale AVIS à composer devant la vilaine hôtesse en cas de récidive. Ce n’est qu’ainsi devant notre détermination que cette taupe nous remit les clés du véhicule.
A Montréal, pluie battante ininterrompue durant les trois premiers jours, manière de te balancer dans l’ambiance. T’est moins surpris que la nature soit si grandiose.
Charles et Suzanne nous accueillent avec grand bonheur. Les documents administratifs restés en instance en novembre dernier sont vite réglés. Une belle plaque d’immatriculation nous est remise moyennant l’acquittement de la taxe sur les véhicules qui nous fait frissonner un moment.
 
Originale, la plaque AV.                   FEX 9244,c’est nous ! 
Au Québec, pas de plaques AV !     
 
Néanmoins, nous disposons enfin de notre Franky à notre guise. S’en suit plusieurs jours de shoping, de magasinage comme on dit ici. C’est un peu comme si tu arrives en chemise dans une maison complètement vide. Il en va de la vaisselle, des couchages, produits d’entretien, batterie de cuisine, outillage, accessoires de toutes natures  pantoufles, chaussures, jeans. Un inventaire à la Prévert qu’il faut dénicher dans les commerces locaux. Une valise par passager ne t’autorise guère la vie de tous les jours à l’année.
Bref, les six premiers jours voient la carte bancaire prendre des rides comme jamais !

Très bien installés dans la propriété de Charles et Suzanne, installation inachevée, il nous démange de « bouger » ! Mardi 2 juin, c’est décidé, il faut y aller…

 La veille au soir nos hôtes tiennent à nous faire honneur la veille du départ. Un diner aux chandelles, belle table, cuisine raffinée, gastronomie à la française, Saint-Emilion beau cru, rien ne manque, la convivialité est de mise, la soirée restera ancrée à vie dans nos souvenirs.

Au petit matin, têtes embrumées, petit déj, rangement, vérifications multiples, à rentrer l’extension, les jacks, contact, pré chauffage, régler les sièges, les rétros, le tout électrique cela va de soit ! lever la suspension pneumatique, comprendre le fonctionnement du frein qui n’est pas à main mais pneumatique puis enfin oublier pour toujours la notion d’embrayage pour s’adapter à une transmission automatique à commande numérique. Autant dire échanger son bon vieux levier de vitesses contre le clavier d’une calculatrice…
…Beaucoup de choses pour une première.
Non sans émotion, mon équipière en arrière sur la chaussée, il me faut sortir en marche arrière de la propriété sans rien casser si possible. Centimètre par centimètre, le dinosaure obéit, en deux reprises nous voici dehors, les dés sont jetés…
…y a plus qu’à…
Il est prévu de se diriger vers les Laurentides, région de moyenne montagne au nord de Montréal. Pour l’ambiance, nos premiers kilomètres nous amènent à traverser la ville, exercice périlleux pour une première sortie. Un ou deux automobilistes, à la distance mal évaluée dans les rétroviseurs joueront furieusement du klaxon. Excusez nous, on apprend ! Au final, tout se passera bien. Le Saint Laurent est franchi par des ponts gigantesques et à une heure de route, la nature l’emporte sur l’urbanisation. Déjà la tension s’amenuise, la circulation s’estompe, le décor change forêts et lac rutilent sous le soleil revenu.
Afin de nous familiariser à notre nouvel habitat, les premières escales se feront en camping. Quelques routes secondaires nous appellent déjà tant la nature est grandiose. A petite allure de croisière lacs et forêts sauvages se succédent. Quelques exploitations agricoles de-ci de-là dont l’une retiendra notre attention, sa vocation est l’élevage de cervidés. Des hordes de cerfs de Virginie s’ébattent dans d’immenses parcs aux hautes clôtures. A défaut de faune sauvage pour aujourd’hui, quelques photos souvenirs sont tout de même prises.
Vers seize heures, notre premier camping est atteint. Modeste mais propret le décor est relevé de deux petits plan d’eau, quelques installations à l’année sont présentes, l’activité semble encore bien discrète. Le patron descendant vraisemblablement d’un ancêtre trappeur mais sympa s’avance. Nous lui demandons si nous pouvons passer la nuit. Installé confort, une petite ballade aux alentours nous dégourdit les jambes et les sens après la tension de ce premier jour de conduite de notre autobus. Au détour d’une pièce d’eau une sensation d’activité retient notre attention. Un castor est là, peu effarouché par notre présence, il nage sans trot s’occuper, nous l’observons discrètement quelques minutes.
Encore sous l’influence du décalage horaire, couché tôt, réveillé tôt. Six heures, j’entrouvre un rideau et m’aperçois que la gelée blanche à déployé ses paillettes. Joli décor pour des méditerranéens en goguette d’été. Nous comprenons mieux le fonctionnement répété du chauffage au cours de la nuit.
Toujours à petite allure, nous reprenons la route. La note de couleur locale de ce matin portera sur ce joli lac cerné d’une ou deux propriétés noyées dans la forêt munies d’un appontement auquel sont amarrés deux hydravions. Deux autres amarrés aussi là, à nos pieds, le long de la route. Ils attendent sagement leurs propriétaires. Cette image conforte notre sensation de sécurité dans ce grand pays. Inimaginable une seule seconde en France de laisser stationner ainsi en pleine nature des appareils tels que ceux ci.

                                                        En bord de route

Souhaitant à nouveau éviter les grands axes, nous nous égarons un peu et faisons une boucle nord sud inutile par une route exécrable aux arbres non élagués qui caressent le toit de Franky. Il nous faut nous familiariser aussi aux signalisations américaines. Les panneaux indicateurs signalant seulement les numéros des routes et leurs directions cardinales (nord, sud, est, ouest) et seulement accessoirement les localités.
La nécessité de trouver une station de remplissage de propane nous invite à entrer dans un camping un peu plus élaboré. Emplacements horizontaux, électricité, point d’eau et tout à l’égout individuels. Un luxe auquel nous sommes peu habitués. Durant quarante huit heures, nous peaufinons la prise en mains de notre nouvelle demeure.

Au petit matin, soleil naissant dissipant avec volupté les dernières nuées flottant sur la rivière, curieux, je fais quelques pas dans la rosée. Aussi étonnés que moi, sur la rive opposée, deux élégantes biches de Virginie sont là parmi les propriétés dépourvues de clôtures. Oreille dressées, pelage soyeux, qui observe l’autre ? Je m’applique à quelques clichés, mes compagnes, peu effarouchées se laisse à paître l’herbe tendre.

   
Par un petit matin frais

Premier constat d’une faune abondante, protégée de longue date vivant en harmonie parfaite avec les humains de ces immenses territoires.
Au centre de ST JOVITE, nous sommes ravis de trouver une boulangerie tenue par un couple de français originaires de Savoie. Un petit salon de thé offre une possibilité internet à deux dollars la demi heure soit moitié prix du camping. L’après midi, la connexion nous est même offerte gratuitement moyennant l’utilisation de notre PC et l’achat de deux modestes consommations. De retour, le ciel se charge d’ardoise et des calendes d’enfer s’abattent soudainement.
 La réception du camping nous avait informé de la présence de français sur le terrain. L’accalmie venue, nous frappons doucement à la porte du véhicule. C’est un jeune couple d’aventuriers fervents de pêche sportive venu expérimenter la vie en camping car canadien pour revenir bientôt acquérir un motor-home semblable au nôtre afin de vivre leur passion à plein temps. Voir même joindre l’utile à l’agréable en proposant à des compatriotes français des séjours de pèche en itinérants dans la région. Cette agréable soirée n’est pas sans nous rappeler celles vécues durant toutes ces années de navigations à bord de KYF.

Le lendemain, passé notre passage à la station de propane,  le cap est mis sur le parc national du Mont Tremblant. Une réserve naturelle centenaire régit par des règles strictes. L’immense territoire est livré à lui-même, la végétation est très dense, nait, vit, meurt sur place produisant un humus abondant favorisant le développement des suivants ainsi qu’une multitude de micro organismes animal et végétal. Mousses, lichens, fougères et fleurs communes ou plus rares tapissent ainsi le sous bois. De très nombreux grands arbres morts jonchent le sol apportant une note de décor originel assez impressionnante. Une sensation de préhistoire règne ici.

   
                     Au lac des femmes...                         ...devinez qu'est ce qu'il cherche ?

Toutes formes d’activité sont interdites en dehors des zones réservées. Pèche, chasse, stationnement, camping et randonnées sont autorisées selon une chartre bien établie et les gardes nationaux sillonnent routes et pistes journellement. A l’entrée, renseignements pris, on nous attribue un emplacement en camping rustique comme ils disent là-bas, qui, arrivé à l’endroit nous laisse perplexe. Quelques mètres carrés horizontaux défrichés en pleine forêt, rentrer notre autobus là, va demander réflexion, imagination, assorti d’une sérieuse dose de patience ! Il est vite compris que ce sera en marche arrière. La clairière faisant office de place voisine permet un demi tour puis s’en suit multiples précautionneuses manœuvres, écarter quelques branches rebelles, excellent exercice d’apprentissage pour enfin apprécier la sérénité du lieu. Le lendemain matin, première petite rando en sentier balisé vers le « lac des femmes ». Nous garderons à jamais le souvenir de cette magnifique petite balade dans le relief forestier Québécois. Les décors sont inimaginables, grandioses à souhait, le parfait reflet des images sur papier glacés des beaux livres de nos « FNAC » nationales.

   
                                                      Un peu de couleur locale…

Récompense sublime pour un baptême du feu, nous observerons en simple contre bas d’un talus plusieurs orchidées sabot de Vénus en fleurs (plus exactement sabot de la vierge). Nous en rêvons depuis des lustres, souhaitons que ce soit de bon augure. Au détour de la route, un castor s’étonne de notre passage, nous examine et repart au labeur.

 
 

Mille occupations nous soustraient du temps qui passe, le repas du midi sera pris en différé vers quatorze heures trente. Fort de notre satisfaction du matin, un tour du lac Monroé nous tente. Passage au bureau des gardes pour confirmer la possibilité du circuit. Seize heures, s’était bien tard pour un lac de six à sept kilomètre de long. Bref, d’un bon pas on s’engage sur une piste à VTT, un panneau indique la « chute Croche »extrémité nord du lac, lieu où une route forestière permet un retour au camp. L’absence de balisage est contrariante. Peu de possibilité d’erreur, mais on aime se rassurer en zone inconnue et garder ses marques. L’heure passante, mais sûrs de nous, nous allongeons néanmoins la foulée. Aucun rappel, aucune balise, refusant le doute dans nos esprits, nous décidons de progresser jusqu’à dix huit heures,  heure à laquelle si notre intersection n’est pas atteinte, nous reviendrions sur nos pas. La forêt est très dense, profonde et vierge. Pas encore très habitué à ces ambiances sauvages, sur conseil des locaux, manière de nous rassurer un peu, nous nous sommes équipés de « bombes à ours », sorte de petits extincteurs à utiliser en cas de comportement agressif mais pas au-delà de huit à dix mètres de distance. Autant dire nez à nez ! Des sifflets, des clochettes pendues aux sacs à dos apportent aussi leur concours par le fait d’éviter l’effet de surprise avec l’animal. On nous dit qu’ici ces hôtes ne sont ni méchants, ni agressifs, les accidents exceptionnels … Merci beaucoup, ça fait toujours plaisir à entendre.

           

       Le temps passe, peu de chose à découvrir, la piste monotone paraît interminable et nous nous contentons en pensant qu’à cette saison et à cette latitude, il fait jour tard. Dix huit heures, l’extrémité nord du lac est supposée dépassée, point d’intersection, forêt originelle immense et sans fin… Peu enclin à faire route inverse, une prolongation de dix minutes est admise. Bonne intuition, un important torrent apparait il se dédouble en forme de fourche comme sur notre notre document qui tient plus de la bande dessinée que de la carte topographique. Ce détail nous conforte comme étant la rivière du Diable qui alimente le lac par le nord. Dés lors, encore un ou deux kilomètres et la route devrait nous reconduire vers le sud. Satisfait, la « chute Croche » atteinte, une photo rapide et nous empruntons la passerelle, seul point de franchissement des eaux tumultueuses, situé néanmoins à plusieurs kilomètres au-delà du lac. Détail qui nous avait échappé lors du projet de cette balade faute d’un document suffisamment précis. Toujours en itinérant comme nous sommes, jamais bien longtemps au même endroit, acheter les cartes topos à chaque escale n’est pas très envisageable. La fleur au fusil, nous  prenons sans attendre la direction du retour. L’apparition d’une biche de Virginie robe fauve, oreilles dressées et  peu farouche va nous distraire un moment. Le dernier tronçon se fera ressentir un peu. Enfin, en soirée, content d’apercevoir Franky et chausser les pantoufles. En fait, nous aurons parcouru quinze à dix sept kilomètres, un peu inconscient en démarrant passé seize heures trente ! Satisfaction néanmoins pour nos gambettes sous entrainées. Une bonne nuit réparatrice sera agrémenté de la visite d’un castor qui viendra ronger nos cales en bois. Rien n’y fera pour le faire déguerpir. Frapper au plancher, démarrer le groupe électrogène, seul un coup de démarreur du diesel dissuadera l’intrus de consommer notre matos!

Réveillé régulièrement avec le lever du jour, je flâne à somnoler jusqu’aux environs des six heures et ne manque pas appareil photo en bandoulière, d’aller roder aux alentours du camp. J’adore assister au spectacle de la nature sortant doucement de sa léthargie nocturne. Tu la surprends  encore courte vêtue de ses nuisettes transparentes et troublantes de brumes légères. Parfois, à peine voilée par ses dessous voluptueux, tu peux deviner la présence de son amant bien aimé, cet astre du jour s’élevant bientôt haut dans le ciel… 
…Quelle magie…

…Animaux, végétaux, voir minéraux de toutes natures participent à la fête, scintillants de mille perles de rosée ainsi depuis le premier matin du monde…

…Et…

…Ce matin là, dans la clairière voisine, un froissement de feuilles retient mon attention. Tous sens en éveil, immobile, une biche de Virginie s’avance tout en broutant l’herbe fraîche. Quelques clichés, l’animal lève la tête, m’aperçoit, nullement gêné par ma présence pourtant si proche, vit sa vie en m'enchantant.


   

 
L’interdiction de stationner dans le parc et le prix dissuasif des campings obligatoires nous invitent à bientôt aller voir ailleurs. La brochure vantait le « lac des sables » mais oubliait de dire que la route n’était pas goudronnée s’agissant d’une piste gravelée sur une trentaine de kilomètres. Malgré une vitesse réduite, tout vibre à l’intérieur et un nuage de poussière phénoménal  se profile dans les rétros. Le camion à revêtu sa tenue de camouflage. A l’arrivée, un beau lac certes, mais ni mieux ni moins bien que la multitude des autres lacs longeant cette route 117. Sans autorisation de prolonger le séjour dans le parc, souhaitant en sortir par l’ouest, c’est encore cinquante kilomètres de tôle ondulée poussiéreuse à parcourir.

En soirée, nous trouverons un parking en bordure de rivière en périphérie d’un modeste bourg. Une visite de la ville nous déçoit, tout est à vendre, maisons, commerces, matériels, un rappel brutal d’une crise économique bien présente aux quatre coins de la planète. Dommage, c’était jour de fête des mères et le seul resto entre ouvert ne nous inspire pas le moins du monde.
Le lendemain, nous reprendrons la route 117 nord pour atteindre plus tard la réserve faunique de Vérendrye.
 Mont Laurier, ville moyenne nous permet quelques emplettes. Mieux vaut remplir frigo, congélateur, et réserves car dans ces immenses réserves aucunes formes de commerce n’est présente. Je profite aussi d’une zone artisanale pour nous équiper du matériel utile au changement d’une roue assorti d’un long et fort tube en acier épais (1,80m) en guise de levier pour palier à mes biceps insuffisants. En effet, rien n’est prévu à bord. Les américains ont pour principe de demander assistance par téléphone en cas de crevaison.  Ici au Canada, hormis les zones urbaines, aucune liaison n’est présente dans ces immenses territoires forestiers et moins encore à l’intérieur des parcs et réserves. Un soir, nous aurons même recours à une connexion internet par satellite. Le téléphone portable suit les mêmes règles et reste muet dans bien des cas dans les territoires isolés du grand nord. Chacun comprendra qu’une crevaison n’est pas à exclure et que rouler sans son matériel propre n’entre pas dans la philosophie du bord. A noter qu’un cric reste inutile, les jacks hydrauliques de mise à niveau permettent de soulever le véhicule sans effort.
La route défile la circulation se raréfie, seul le ciel reste encombré.
Un chalet ouvert au public, un panonceau indique : RESERVE FAUNIQUE DE VERENDRYE. C’est l’accueil de l’entrée sud.

12 589 km², plus de 4000 lacs, oui, j’ai bien dit 4000 ! Environ 40 espèces de mammifères dont l’orignal (élan), le cerf de Virginie, l’ours, le loup, renard, castor, lièvre, 150 espèces d’oiseaux, tout ceci juste pour donner une idée. Seule la route 117 traverse la réserve du nord au sud. Les autres quelques voies de circulation sont des pistes de gravelle caillouteuses à souhait. L’interdiction de stationner librement nous conduit à nous renseigner sur les campings existants. Aucun accueil aux entrées de ceux-ci, il faut s’inscrire au chalet d’entée du parc. Nous voici donc installés, bel endroit, pleine forêt, lac à l’eau claire, comment faire autrement, c’est ainsi sur 12000 km² et cela nous convient à merveille. A bonne distance, à peine visibles dans le sous bois, quelques caravanes géantes (d’ailleurs, tout ici est géant) de ci de là sont installées à la saison. Disposant d’un lave linge, sèche linge à bord, Françoise entend se mettre à jour dans sa lessive. J’ai aussi une étagère à réaliser pour l’imprimante. Perceuse, scie sauteuse, lime électrique, établi, caisse d’outils, tout sera mis à contribution durant l’escale. La curiosité nous pousse instinctivement à un inventaire succinct des lieux. Sont présentes en arrière de Franky des dizaines d’orchidées en fleur sabot de la Vierge. Un enchantement pour nous. Je ne tiendrai plus mon équipière qui mitraille de près comme de loin les superbes touffes fleuries. Très proche, plusieurs petits écureuils rayés s’ébattent jusqu'entre mes jambes sans s’inquiéter.

  
                                                                                      Orchidées libres

En soirée, en retour de ballade, prés d’une vieille caravane déposée là, nous sursautons par le bruit inquiétant du passage d’une sorte d’énorme frelon. Un deuxième confirme. Pas le temps de voir, mais bien compris qu’on ne plaisante pas. Déjà des myriades de moustiques si en plus il faut nous battre contre des bestioles de ce genre, pas super cool l’escale.

Tiens…
… à bien y regarder, il est rouge le frelon…
… et l’autre ? Il est vert…

…Quelle est notre surprise de constater qu’en fait c’est un couple de colibris qui vient se désaltérer à un abreuvoir suspendu à la roulotte ! Nous sommes tout excités à la vue de ces minuscules volatiles capables par la vélocité de leurs battement d’ailes de faire du sur place en « 3D » tout en insérant leur long bec effilé dans l’orifice de l’abreuvoir en forme  d’hibiscus. Un peu craintif tout de même, il nous faudra de la patience pour en réaliser quelques clichés. Ils sont finalement cinq ou six compères à se relayer du sous bois à la caravane. Nous aurons du mal à admettre de trouver des colibris dans cette rude région.  Confirmation nous sera donnée plus tard en feuilletant un ouvrage spécialisé dans une bibliothèque municipale. 


         
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