SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Alaska juillet, août 2010               Deuxième partieEgalement née de la ruée vers l’or, éloignée de tout, vue de notre France lointaine, j’imaginais Fairbanks en grand village de Far-Ouest désuet respirant presqu’encore la poudre de l’or et des colts. Qui plus est, peuplée de descendants plus ou moins hippies des pionniers de la grande époque avec chalets de rondins et odeur de feu de bois. Si effectivement certain visages fleurent bien l’aventure d’un temps révolu, si les chalets en rondins fument toujours le feu de bois au cœur de la taïga, Fairbanks à tous les traits d’une ville américaine sans fin quadrillée à angle droit. Centres commerciaux et architecture quelconque te ramènent à la réalité du XXIème siècle.Un « visitor-center » ultra moderne nous informe que ce soir, est prévu un spectacle de danse des peuples natifs. Curieux de cette culture Inuit, nous serons au rendez vous. Jeunes hommes et jeunes filles aux traits bien locaux en tenues traditionnelles vont se produire un moment au son de leur musique rituelle. Plusieurs scènes se succèdent, au terme, s’adressant aux quelques spectateurs présents, spontanément, les artistes descendent de l’estrade pour se présenter et inviter certains à venir danser sur scène. C’est ainsi que ma compagne émue et flattée se retrouve mêlée à la troupe pour le final du spectacle. Encore un bel instant à ranger aux bans des souvenirs. 
            
                                                 Avec les « first nations » à Fairbanks
                  Etait-ce un avant goût ? Nous étions le vingt deux...    … Le vingt trois…     … BON ANNIVERSAIRE !!!      … ses soixante printemps se doivent d’être fêtés dignement. Trouver un restaurant à caractère gastronomique à Fairbanks n’est pas mince affaire au pays des Mac-Do et consorts. C’est au visitor center que l’hôtesse nous indiquera une adresse répondant à notre attente. Plan de ville en main, nous avons tôt fait de trouver l’établissement. En bordure de rivière, ancien moulin revisité très siècle passé, l’environnement tend à inspirer confiance. Tant bien que mal, on explique que nous ne sommes pas venus pour un hamburger ! Message bien passé, on nous convie dans une grande salle toute de boiseries et cuivres étincelants. Tableaux, gravures et déco XVIIIème, fauteuils conforts, on nous présente la carte. Pas d’erreur, nous sommes à la bonne adresse. Nous dégusterons un superbe plateau de saumons divers et  fruits de mer pur Alaska. Le tout excellent à souhait. Petite faute de goût bien américaine, petit pot de ketchup en guise de mayonnaise !… Une cuillère dans un ramequin de porcelaine !... …Excellent pour le régime. Inutile de penser clôturer par un dessert, ici, ce n’est pas la coutume. Un grand espace de gazon, quelques arbres en bordure de la rivière, nous installons nos chaises au soleil et terminons par quelques excellentes cerises made in Californie. En distraction, un ancien bateau à aubes passe et un hydravion atterri puis redécolle devant nous. 

  
                     Bon anniversaire !!! 

              
 
Le lendemain, route au sud ouest en direction de Denali national park. Un sanctuaire de la faune alaskienne situé en haute montagne au pied du mont Mac Kinley culminant à 6194 mètres, le plus haut sommet d’Amérique du nord. D’une superficie démesurée, en zone totalement inaccessible, seules quelques pistes y sont tracées par les rangers, tout véhicule privé est prohibé. Par contre, quelques bus du parc permettent, pour une liasse de dollars, aux plus curieux d’aller observer un bel échantillon de la faune la plus farouche.                    Curieux, nous en sommes. Billets en poches, au matin du lendemain, nous embarquons pour environ deux cent cinquante kilomètres dans un tape-cul d’une vingtaine de places pour une journée riche en observation.

             Le tape cul de Denali                                          Caribou 

A faible allure, le chauffeur, passionné par son métier de naturaliste est à l’écoute de chacun et arrête son véhicule le temps qu’il faut dés qu’un animal est en vue par l’un ou l’autre. Casse croute dans le sac, nous allons passer ainsi une longue journée à sillonner  les principales pistes à peu prés carrossables de ces espaces hyper protégés. Un beau caribou marque le premier arrêt puis une belle compagnie de mouflons nous observera sans bouger depuis un proche massif escarpé. Plusieurs mâles arborent des cornes magnifiques.                   
                                                    Jolis mouflons
Un peu plus tard, le chauffeur bloque net ; un grizzli arpente un vallonnement à faible distance. Durant plusieurs minutes, silence total et zooms en alerte chacun retient sa respiration et immortalise l’instant. Il ne s’approchera pas du véhicule.
                                                           Un grizzli mâle
En fin de matinée, pause casse croute ensoleillée avec en panorama les neiges éternelles  des six mille deux cent mètres du Mac Kinley. Bien enrubanné de nuages d’altitude, celui-ci se dévoilera furtivement un bref instant pour le bonheur de tous.
                                   Le Mac Kinley (6200M) pour la pause casse-croute Poursuite de l’expédition, oies sauvages, cygnes trompettes et canards rares sont observés. Dommage que notre anglais ne nous permette pas de suivre les multiples précisions de notre chauffeur peu avare d’explications multiples. Sur le retour, de son œil averti, à l’extrême ralenti, il scrute le lit d’une rivière asséchée, s’arrête, jumelles braquées……wolf… wolf, indique t il à voix basse…Belle bête encore que ce loup des Rocheuses qui gambade à la recherche de sa pitance quotidienne. Eloigné mais pas trop, avec un bon zoom quelques photos acceptables nous ravissent. Celles des loups de l’an passé à Yellowstone étaient de bien piètre qualité.

                       Un jeune loup errant                                   Troupeau de mouflonsA quelques kilomètres de là, dans ce même lit de galets, c’est un caribou adulte qui se découvre. Nouvel arrêt d’observation. Un second, vautré sur un grand névé de neige dure rumine immobile.    
            Un grand caribou                                       Fleur libre
Passé ce lit de rivière, forêts et vallonnements herbeux se succèdent. C’est ici qu’encore un moment fort nous prend au corps. Un, puis deux, puis trois gros grizzlis s’ébattent à petite distance. Longuement nous les regarderons vivre leur vie en toute quiétude.
   
                               Trois grizzlis dans l’objectif, un grand moment  

                Des ours de partout…                                     Fleur libreDans l’heure qui suit, deux nouvelles haltes nous permettent d’en revoir un sur la route devant notre véhicule qui grimpera lentement dans les fourrés ; puis un second en face qui descend une pente raide pour rejoindre un torrent. Il s’avère que l’endroit en est truffé, leur population dans cette partie du monde ne paraît pas poser soucis. Retour proche, à quelques encablures du parking apparaît un grand orignal et son petit. Belle clôture pour cette journée riche en observation. N’étions nous donc pas venu en Alaska pour cela ?  La météo de la veille nous inquiétait un peu, ciel couvert et averses étaient annoncés. En réalité, le soleil ne nous a pas quittés, quelques gouttes seulement en fin de journée ont confirmé les dires des prévisionnistes.                       Notre RV park, un pseudo camping, plutôt terrain vague au prix bien trempé, était censé disposer de la wifi sécurisé par un code secret. Sans succès, j’avais signalé le problème la veille. La nana de l’accueil, physique et langage « chanteuse de blues à la Nouvelle-Orléans » m’explique tout d’une seule phrase en un seul mot !...…Rien compris, je reviens à la charge ordinateur en mains……Code bien entré, force lui est de constater un disfonctionnement évident……Un homme s’occupe du problème…… Rien y fait, une seconde nana, gentille fille chocolat frisé, finit par venir à bord nous indiquer que tout est normal. Le débit étant trop faible je ne pourrai pas me connecter……Ok, merci pour l’arnaque…… C’est au réveil du matin, en tentant à nouveau une connexion que j’essaie de placer le fameux code à un emplacement différent. Surprise, le wifi répond enfin. Un peu perplexe sur l’emplacement bizarre à placer ce code d’accès, par sécurité, je limiterai l’utilisation du système au strict minimum.Au moment du départ, Françoise s’inquiète de la qualité de l’eau potable disponible à la borne de vidange ou nous avons rempli nos réserves. Un employé nous déconseille sa consommation. Geste et simulation de diarrhée sont sans équivoques, même en anglais ! Pour la boisson, il nous propose de remplir notre bombonne chez lui, ok, c’est toujours ça. Sauf qu’il ne nous en fournira qu’un quart de sa capacité !...…merci beaucoup, tout de même.Au final, il nous faudra vidanger nos cuves plus tard. Merci et bonjour la nouvelle arnaque, à trente neuf dollars la nuit, ça pue l’exploitation touristique. Nous quitterons les lieux sans tarder en direction d’Anchorage, la capitale économique du pays.                Proche de la côte du Pacifique nord, sur la carte détaillée, une petite route indique près du delta d’un fleuve : « Port Mackenzie ». Un peu le « bout du bout », ces zones renferment souvent des trésors cachés pour les fouineurs que nous sommes. Détournés de la grand route, trente kilomètres de route secondaire, indications absentes ou très sommaire, quinze kilomètres de pistes graveleuses, le tout couronné au dernier kilomètre par un panonceau : « road close ». Un incessant trafic de camions de sable et galets prélevés dans le fleuve te donne l’ambiance du petit coin de nature attendu ! En fait « Port Mackenzie » n’est qu’un lieu dit abstrait sans aucun intérêt pour nous autres. Demi tour et route inverse, on ne peut pas gagner à tous les coups !Au final, nous trouverons les rives d’un petit lac bien calme. Une petite pizzeria de campagne nous autorise à dormir gratuitement sur son espace de pic-nic. En reconnaissance, nous commanderons une pizza pour le repas du soir. Vue sur le lac, notre attention sera retenue par quelques aigles de passages, quelques oiseaux pêcheurs et une maman grèbe planquée sous des branches basses avec son petit sur le dos. Difficile d’en sortir une photo de qualité, l’oiseau est fort discret et craintif.
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