SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
26 janvier 2017
Huit mois…240 jours…
…C’est le temps durant lequel plusieurs événements divers et variés nous ont retenu à St Cyprien. Enfin donc le 26 janvier 2017 après un TGV direct Madrid, un Airbus A330 nous arrachait de notre vieux continent pour les grands espaces sud-américains. Premier contretemps inattendu la compagnie Air Europa nous refuse l’accès à l’embarquement au motif que nous n’avons que des billets aller simples. N’ayant aucune idée du pays et de notre date de retour nous avons toujours pratiqué ainsi depuis neuf ans sans difficulté aucune (même aux USA pourtant reconnus pointilleux). Déconfis, les autres passagers défilent durant nos palabres incomprises. On nous dirige vers un stand de la compagnie afin de nous délivrer des billets retours contre notre gré évidemment. La carte bancaire est prise d’une fâcheuse fébrilité. Il va sans dire que nous ne souhaitons guère rester plantés à Madrid. Notre interlocuteur comprend parfaitement notre situation et nous délivre deux pseudos réservations à confirmer pour un retour très éventuel le mois prochain, ceci sans bourse déliée. Atténuation du stress. Le sésame nous ouvre le portail. Seulement enregistrés parmi les derniers, on nous attribue deux places restantes au centre de l’avion où il t’est impossible de bouger sans déranger tes voisins qui plus est, devant le compartiment des toilettes qui t’interdit le basculement des sièges. Vraiment pas cool pour un vol de nuit de onze heures ponctué par les doubles chasses d’eau quasi permanentes. Bien noter que nous sommes plus ou moins deux cent soixante-quinze personnes à bord ! En distraction, deux films des plus idiots seront diffusés sur un lointain téléviseur anémique.
Bref, nuit hachurée à compter les minutes entre deux éphémères assoupissements tête pendante. A Sao Paulo, repos mérité à l’hôtel, flânerie dans l’immense parc voisin manière de renouer avec les trente-cinq degrés centigrades assortis d’un subit grain tropical. Le vol intérieur d’une heure trente du lendemain ne sera qu’une formalité. Planqués dans un couloir de l’aéroport, nos amis Rosanie et Carlito, tels des paparazzis, nous auront filés, filmé et photographié sur le tarmac à notre insu …
…sous la pluie.
 L’accueil est enthousiaste. Stationnés depuis quelques jours en bord de mer, c’est avec leur nouveau motor-home. Nous avons le privilège de parcourir les derniers cent quatre-vingt kilomètres pour retrouver notre cher Franky.
  
   
   Escale à Madrid                     Accueil pluvieux  puis…                     …chaleureux
Dès lors, comme à l’accoutumé, quelques journées vont être attribuées aux diverses tâches d’entretien diverses et remise à niveau nécessaire après plusieurs mois d’inactivité. Nous y prendrons le temps de régler chaque détail vu la mise à disposition du grand garage et atelier de Carlito, des conditions de travail exceptionnelles. Juste quelques jours au ralenti, faute à un rhume carabiné rapport à divers airs conditionnés malheureux sur le trajet.    
  
                                       Préparatifs à Rio do Sul
Il va sans dire que nos travaux de préparations sont périodiquement interrompus pour invitations. Impossible d’échapper à cette tradition d’accueil. Le second jour, c’est Rosanie pour un plat de spaghettis / gambas manière d’inaugurer leur nouveau motor-home, deux jours plus tard c’est chez ses parents avec tournée générale des frères et sœurs. Le bouquet final  revenant au week-end dans la « chacara » d’amis camping-caristes de nos hôtes. Cette « chacara » est en fait une sorte d’estancia d’une trentaine d’hectares qui englobe une vallée verdoyante blottie dans la forêt locale. Entretenue tel un jardin public, long accès asphalté, maison de gardien, habitation au style local raffiné, papillons et chants d’oiseaux  distraient lors de la contemplation des proches reliefs et divers plans d’eau ou se divertissent quelques cygnes noirs. Plus haut, les agneaux vivent leur vie parmi les grands arbres. Palmiers, bananiers, hibiscus et j’en passe retiennent quelques furtifs colibris. C’est une dizaine d’amis commun tous passionnés de voyages en camping-car qui sont conviés pour ce week-end. Georges est préposé au traditionnel barbecue où dorent déjà épaules, carrés et gigots de l’agneau abattu pour la circonstance. Le service débute, table de bar, trois grandes planches à découper, Georges, gigot fumant embroché découpe de petits morceaux à disposition. C’est tout simplement ave les doigts que chacun déguste ces mises en bouche. La suite se fera sur la grande table en bois et les conversations mi espagnoles, mi portugaises s’enflamment rapidement, bière et musique aidant. Quelques chansons françaises sont mises à l’honneur et on ne manque pas de nous faire traduire « Capri c’est fini », « Aline » et quelques autres. Mireille Mathieu et Charles Aznavour sont souvent cités. La suite du repas s’établira autour des diverses pièces d’agneau et de porc alignées au feu, nous rentrerons assez tôt, Carlito pas très en forme aura récupéré le rhume des « français » !

                                Belle journée à la « chacara »

                                        Au Brésil on sait ce que « barbecue » veut dire !
Encore deux trois jours de bricoles, notamment le changement complet du silencieux d’échappement qui s’avérait urgent, plein de gaz et d’eau minérale, réfrigérateur et congélateur garni, vérification de tous nos documents de routes, dernier coup de stress, nous quittons le garage pour gagner le parc public de la ville équipé pour le stationnement des camping-cars de passage. A pied, nous gagnons la ville pour trouver une montre, celle de l’équipière ne semble pas souhaiter collaborer davantage.
Adieux émouvants (très) en matinée à nos amis puis en petites foulées, nous quittons Rio do Sul pour faire route au sud. La première escale nous mène à Laguna, petite citée littorale qui avait fait l’objet d’un reportage télévisé. Ici, l’événement est créé par la présence de nombreux dauphins qui empruntent la passe d’entrée de l’immense lagune intérieure. Ainsi, il est admis par les pêcheurs locaux que certains dauphins en chasse feraient volontiers converger les bancs de poissons vers la rive.  Ils sont donc postés là par dizaines à lancer élégamment leurs filets dans l’espoir d’une pêche miraculeuse. S’il est reconnu qu’il est des jours plus fastueux que d’autres, aujourd’hui, les prises restent bien présentes mais modestes. La presse locale a révélé qu’au cours du week-end dernier, dauphins et pêcheurs étaient à la fête. Camping bien ombragé et abrité d’un alizé puissant, nous faisons rapidement connaissance d’un couple brésilien en caravane. L’homme parle un peu français, professeur d’anglais et de littérature, il nous parle de Proust, Baudelaire, Malraux, etc… Fatima, sa fiancée dit-il, semble à des années lumières de cette brillante culture. 
Néanmoins, nous voici invités pour un diner sous la grande salle commune, nos hôtes prévoient un poisson au barbecue. A vingt et une heure trente, Il manque tomates, oignons, salade et… poisson ! Une vague explication nous est donnée mais tout rentre dans l’ordre quelques minutes plus tard. Il est admis que les petits poissons seront grillés quand le gros sera fait en soupe…
… ???...
…dommage…
… admettons, Fatima, souriante, cool, peu scrupuleuse et pas super experte en cuisine, donne les directives tout en s’activant aux fourneaux. Françoise mise à contribution fera ce qu’elle pourra pour sauver la mise. Venu d’on ne sait où, un jus immonde apparaît dans un récipient…
…eau de vaisselle ???
… A priori…
…oui, mais…
…non, Fatima va s’affairer à passer les impuretés de ce jus puis, réchauffé, une sorte de semoule fine blanche  y est plongée afin d’en sortir un semblant de « polenta du pauvre ». Il va sans dire que nous nous servirons plus abondamment dans le plat de crudités préparées par Françoise. La courtoisie nous invite à goûter aux plats de nos hôtes. Si les petits poissons grillés étaient satisfaisants malgré les abondantes arrêtes, le gros poisson découpé à la hache dans sa soupe restera mangeable avec précaution mais pour la « polenta du pauvre », la petite cuillère servie repartira discrètement avec peaux et arrêtes ! Deux grosses mangues excellentes coupées en tranches compenseront sans difficulté. Invoquant l’heure tardive après une journée de route, nous nous retirons pendant que Fatima termine de s’empiffrer les reste de petits poissons et quelques dés de fromage l’ensemble mêlé aux tranche de mangue ! La décence m’invite à passer sous silence le « calibre » (oh, quel vilain mot)  de Fatima en tenue…brésilienne !
Le lendemain, retour en observation des pêcheurs et leurs complices les dauphins qui, à plusieurs reprises vont faire quelques approches spectaculaires voire plusieurs sauts périlleux comme à la parade que malheureusement nous ne parviendrons pas à immortaliser. A nouveau, quelques poissons sont capturés au grand bonheur des pêcheurs qui patientent là des heures durant. Pour le repas, l’équipière suggère de prendre le bateau traversier ; le quai d’en face affichant quelques restaurants proprets. Crevettes calamars et moules se dégustent en terrasse au regard des imperturbables cétacés. Une balade d’observation de la pleine mer particulièrement agitée au phare du cap assure la digestion. Au village, une ambiance de communauté hors du tumulte moderne prédomine, çà et là, quelques maisonnettes sont reconditionnées en résidences secondaires. Attention que l’âme de ce quartier en marge ne se perde pas ainsi.
 

              
                            La complicité des dauphins et des pêcheurs

Le lendemain, nous faisons route au sud, l’Uruguay se profile à plus ou moins mille cinq cent kilomètres. Ce sera parmi ces milliers d’hectares de riz de soja ou plus loin les estancias démesurées qui annoncent déjà, plus au sud encore les immensités patagoniennes. Une nuit ou deux en stations-services, dépenser nos derniers reals en supermarché et la frontière se profile sous une pluie battante. Parking mal aisé, Françoise de l’eau jusqu’aux cheville me guide comme elle peut. Je n’y vois rien dans les rétros et stoppe à quelques centimètres d’une voiture passée inaperçue, grise comme le rideau diluvien qui s’abat sur le Rio Quarai qui matérialise cet extrême sud du Brésil. Les formalités s’effectuent sans difficultés dans le même bâtiment. Dès l’accalmie, nous reprenons la route pour la ville frontalière d’Artigas, but de notre itinéraire des jours passés.
C’est là que notre compagnon GPS décide de s’endormir du sommeil du juste. Pointe de stress pour trouver le camping avec juste ses coordonnées cardinales comme info. Un office du tourisme bien mis nous fournit un plan de la ville. Comme à l’accoutumé, première démarche, une banque, afin d’y prélever de la monnaie locale. Curieusement, en Uruguay, ont cours, le peso uruguayen ainsi que le dollar US. Le distributeur proposant les deux, nous achetons des pesos mais aussi quelques dollars sachant que ceux-ci peuvent se trouver fort utiles en des lieux dépourvus de distributeurs. Nous pensons que peut être en Patagonie argentine ou chilienne par exemple, ça peut dépanner.
Rappelons que le grain tropical a repris de la vigueur de plus bel, à vingt à l’heure, nous approchons de l’entrée du camping qui disparaît sous un fleuve d’eau boueuse échappé du ravin encombré de végétation et débris divers. Il est rapidement décidé de faire marche arrière pour aller nous stationner dans une rue haute et transversale face à une station-service. Renseignements pris auprès des habitants, rien à craindre la zone est parfaitement sûre. Un wifi anémique nous permet juste de vérifier succinctement si rien de grave sur la messagerie. Nuit calme, le matin, à pied, nous nous rendons au camping manière d’évaluer la situation. Allée goudronnées, emplacement pavé, entre les marre d’eau restantes, on devrait pouvoir s’installer. Lessive, courrier, bricoles diverses compléments  d’eau et de gaz meublent la journée ainsi qu’une réparation de la moustiquaire de la porte. A tout hasard, j’ouvre le boitier du  GPS précautionneusement pour exposer ses organes vitaux au soleil revenu. Par le passé, une opération similaire lui avait redonné vigueur suite à un premier coup de blues. Le soir, la jeune femme nous ré adresse la parole au travers d’un écran clinquant. Soyons lui reconnaissants.
Bien noter que si nous sommes ici, il y a une bonne raison. Chacun sait que l’Amérique du sud est riche en mine d’or, d’argent, de diamants et pierres précieuses diverses et variées. Or il se trouve que des mines d’améthystes et d’agates sont légion dans le secteur. La dernière visite de mine de pierre précieuse au Brésil il y a deux ans nous avait impressionné, voyons donc ce qu’il en est en Uruguay. Rendez-vous est pris pour demain huit heures avec un guide local, interdiction de s’aventurer seul sur les sites, la dynamite est omniprésente !
Huit heures, pied en cap, rien…
Neuf heures, rien. On s’adresse au gardien du camping qui rappelle notre homme. Ok pour seize heures. Dans l’attente, à quelques centaines de mètres existe un bâtiment industriel qui traite les trouvailles de la mine. « Uruguay Mineral »se nomme l’établissement. Porte blindée, il nous faut montrer patte blanche pour être autorisé à entrer et tenter d’observer les richesses détenues. Notre accompagnant nous apprend que la moitié de la collection est actuellement aux Etats-Unis pour exposition. Si quelques énormes gemmes sont exposées,  celles-ci reste inférieures à celles observées au Brésil qui pour les plus notoires accusaient près d’une tonne et demie pour deux mètres et de demi de haut. Quand parmi les allées, quelques jolies pièces se caractérisaient par leur limpidité, encore une fois, la comparaison reste difficile pour cet établissement uruguayen. Beaucoup de blocs paraissent bien ternes ; Dans l’établissement brésilien ces qualités servaient de …
…bordures de jardin !
Voyageur, si un jour tu passes par Artigas, petite ville frontalière au nord-est de l’Uruguay, et souhaites visiter une mine d’améthyste, passe ton chemin, va voir ailleurs, évite d’appeler Mr Lans, il ment effrontément et ne mérite pas ton attention.
Bref, la mine nous révélera peut être une agréable surprise. Sauf que, notre guide ne se présentera pas, on attend ses excuses et levons le camp le lendemain matin.
  
                                      Améthystes et … RDV manqué
 
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