SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
De retour aux abords du fleuve Colorado, nous voici à Glen canyon aujourd’hui envahi par le lac Powell. Lac artificiel certes grandiose, l’engloutissement sur plusieurs centaines de kilomètre d’un enchevêtrement de canyons aussi extraordinaires, la présence d’un hideux barrage et de ses multiples faisceaux de lignes électriques me laissent perplexe devant le choix du site. J’imagine que contraintes économiques et nécessités techniques ont eu raison des doux rêveurs et contemplateurs de nature tels que nous autres. Pis encore, pour clore le registre des aberrations du jour, la ligne d’horizon se brise sur les trois énormes cheminées d’une centrale électrique thermique. Question sans réponse : Pourquoi créer une centrale thermique ici, au milieu d’une douce palette de pastels, charbon évidemment absent, approvisionné par une voie ferrée spécialement construite ? Une véritable verrue visible de tout l’horizon du secteur. Nous nous contentons de supposer qu’étant en territoire indien, (la réserve Navajo est la plus importante d’Amérique) surtout ne pas chercher à raisonner à notre manière. Ce peuple parait fier de cette réalisation au point d’en éditer des cartes postales ! A chacun de juger du comble du paroxysme au regard des spectacles offerts par Antelope Canyon (voir ci après) situé à moins d’un kilomètre de là.

   
                                                                                    Le lac Powell         
 
Nous passons une nuit sur les rives du lac Powell. Sympa,  mais cela reste un lac artificiel dans un bel écrin. De plus, dévoué à un tourisme nautique de « house boat » des plus hideux, un vent de sable d’enfer achève de nous dissuader de s’attarder.
Bien noter d’ailleurs que nous avons rendez vous avec le soleil entre 10h 30 et 12 heures…
… proche d’ici…
… sur le site d’Antelope Canyon…
… Toujours en territoire indien Navajo, c’est la communauté qui gère l’endroit. A l’inverse des structures d’accueil tirées à quatre épingles des parcs nationaux américains, ici, en contre bas de la route, parking poussiéreux, cabanon de bois, pergola de branchages, deux tables et la banquette écrasée d’une vieille bagnole se suffisent en termes de bureau d’accueil. Hors de question de se balader seul ici, approche en 4x4 et découverte à pied accompagné d’un guide navajo sont de rigueur. Renseignés sur la spécificité du lieu, nous optons volontiers pour une visite spéciale photographes.
Première étape d’approche, quelques milles en 4x4 « à fond la caisse » dans le lit sablonneux de la rivière desséchée. Mieux vaudra se cramponner ferme si tu ne veux pas t’écraser la tête au plafond ! Excellent pour remettre en place les cervicales de l’équipière. Stationné en pied de falaise, tu devines à peine la faille d’entrée. Juste quelques mètres après, te voici dans un autre monde. Horaire céleste respecté, d’une centaine de mètre plus haut, à cette heure précise, de son zénith, le soleil s’insinue, ricoche, éclabousse croupes et douces courbes toutes de vermillons purs aux violines les plus délicates. Encore un inimaginable lieu sans artifice aucun, seule œuvre des millénaires d’une nature unique. Erosion ô combien artistique, la roche en est striée, torturée, courbée et recourbée, comme moulée, hautes vagues pétrifiées et sphères improbables te surplombent dans ce dédale aux variantes enluminées et irréelles. Exceptionnellement, un rai de soleil atteint le sol zébrant l’endroit. Plus tard, en suspension, une poussière d’ocre, sur fond de contre jour, joue les filles de l’air dans un faisceau d’or pour le plus grand bonheur des photographes nous accompagnant…
…A cet instant, Kalyan, notre guide navajo nous offre quelques instants de pur enchantement…
…émotion ultime, cœur serré, au bord des larmes durant plusieurs minutes lors de l’évanescence  de quelques douces notes de flûte indienne…
…magie cristalline d’un instant éphémère à bien  ranger dans la niche des souvenirs uniques   
  
   
                                      L’entrée…                               
 
                                      …d’un autre monde       
 
Environ deux cent mètres de longueur pour le plus spectaculaire, Kalyan, le guide, nous invite à faire chemin inverse, la lumière, dit il, changeant en permanence, le regard d’un autre angle, d’inédites vues prennent naissance. Durant plusieurs heures, à chaque pas, aux prises avec ces surréalistes visions, le déclencheur de l’appareil enregistrera plus de cent soixante photos originales…
… autant pour Françoise, soit plus de trois cent vues toutes différentes en quelques heures…
… record battu.
Retour à la cabane de l’accueil en tape cul de service toujours à vive allure.

  
 

      

  
                                                               Sans paroles…      
Remerciement à Kalyan qui nous a consciencieusement conseillé les prises de vues à ne pas négliger, les angles les plus recherchés mais encore les « trucs » à effets de lumière insoupçonnés ; mais aussi pour ces instants d’émoi musical distillés avec le cœur.
Ce ne sera pas tout à fait tout…
… Antelope Canyon se décline en deux versions. Aujourd’hui, nous étions à « Upper canyon », à moins d’un kilomètre en amont existe « Lower canyon », copie conforme en plus étroit, plus escarpé, néanmoins équipé d’échelles métalliques pour accéder aux différents niveaux. Sans difficultés vraiment notoires, Lower canyon n’apparaît pas sur les brochures agences de voyages.
Condition impérative : à nouveau soleil au zénith. Rendez vous est pris pour le lendemain.
Ici, la faille d’entrée située au niveau du sol rocheux est quasi invisible. Juste une rigole de quelques centimètres te permet d’y glisser un pied devant l’autre. Descendu d’un petit mètre, le corps encore à l’extérieur, à une échancrure, plusieurs marches métalliques autorisent à s’immerger dans le même décor que la veille. Plus étroit encore, souvent, juste la place au sol pour un pied, se faufiler de profil entre les parois polies, plonger à nouveau par plusieurs échelles te mène au cœur de l’irréel. Magie divine, l’astre à son apogée nous joue sa chorégraphie de la veille à travers ce lacis aux aquarelles légères et fugitives. Mots et qualificatifs me manquent, je m’en remets humblement à un patchwork d’images difficile à choisir. (A nouveau ce jour, c’est trois cent quarante photos de tirées !)
A chacun de juger.
   
             Kylian notre guide navajo                       L’entrée de Lower canyon
  


    
                         …C’est vrai, avant d’avoir vu… Tu ne peux pas y croire !



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