De retour aux abords du fleuve Colorado, nous voici à Glen canyon aujourd’hui envahi par le lac Powell. Lac artificiel certes grandiose, l’engloutissement sur plusieurs centaines de kilomètre d’un enchevêtrement de canyons aussi extraordinaires, la présence d’un hideux barrage et de ses multiples faisceaux de lignes électriques me laissent perplexe devant le choix du site. J’imagine que contraintes économiques et nécessités techniques ont eu raison des doux rêveurs et contemplateurs de nature tels que nous autres. Pis encore, pour clore le registre des aberrations du jour, la ligne d’horizon se brise sur les trois énormes cheminées d’une centrale électrique thermique. Question sans réponse : Pourquoi créer une centrale thermique ici, au milieu d’une douce palette de pastels, charbon évidemment absent, approvisionné par une voie ferrée spécialement construite ? Une véritable verrue visible de tout l’horizon du secteur. Nous nous contentons de supposer qu’étant en territoire indien, (la réserve Navajo est la plus importante d’Amérique) surtout ne pas chercher à raisonner à notre manière. Ce peuple parait fier de cette réalisation au point d’en éditer des cartes postales ! A chacun de juger du comble du paroxysme au regard des spectacles offerts par Antelope Canyon (voir ci après) situé à moins d’un kilomètre de là.
Le lac Powell Nous passons une nuit sur les rives du lac Powell. Sympa, mais cela reste un lac artificiel dans un bel écrin. De plus, dévoué à un tourisme nautique de « house boat » des plus hideux, un vent de sable d’enfer achève de nous dissuader de s’attarder.
Bien noter d’ailleurs que nous avons rendez vous avec le soleil entre 10h 30 et 12 heures…
… proche d’ici…
… sur le site d’Antelope Canyon…
… Toujours en territoire indien Navajo, c’est la communauté qui gère l’endroit. A l’inverse des structures d’accueil tirées à quatre épingles des parcs nationaux américains, ici, en contre bas de la route, parking poussiéreux, cabanon de bois, pergola de branchages, deux tables et la banquette écrasée d’une vieille bagnole se suffisent en termes de bureau d’accueil. Hors de question de se balader seul ici, approche en 4x4 et découverte à pied accompagné d’un guide navajo sont de rigueur. Renseignés sur la spécificité du lieu, nous optons volontiers pour une visite spéciale photographes.
Première étape d’approche, quelques milles en 4x4 « à fond la caisse » dans le lit sablonneux de la rivière desséchée. Mieux vaudra se cramponner ferme si tu ne veux pas t’écraser la tête au plafond ! Excellent pour remettre en place les cervicales de l’équipière. Stationné en pied de falaise, tu devines à peine la faille d’entrée. Juste quelques mètres après, te voici dans un autre monde. Horaire céleste respecté, d’une centaine de mètre plus haut, à cette heure précise, de son zénith, le soleil s’insinue, ricoche, éclabousse croupes et douces courbes toutes de vermillons purs aux violines les plus délicates. Encore un inimaginable lieu sans artifice aucun, seule œuvre des millénaires d’une nature unique. Erosion ô combien artistique, la roche en est striée, torturée, courbée et recourbée, comme moulée, hautes vagues pétrifiées et sphères improbables te surplombent dans ce dédale aux variantes enluminées et irréelles. Exceptionnellement, un rai de soleil atteint le sol zébrant l’endroit. Plus tard, en suspension, une poussière d’ocre, sur fond de contre jour, joue les filles de l’air dans un faisceau d’or pour le plus grand bonheur des photographes nous accompagnant…
…A cet instant, Kalyan, notre guide navajo nous offre quelques instants de pur enchantement…
…émotion ultime, cœur serré, au bord des larmes durant plusieurs minutes lors de l’évanescence de quelques douces notes de flûte indienne…
…magie cristalline d’un instant éphémère à bien ranger dans la niche des souvenirs uniques
L’entrée…