Le MEXIQUE... c'est pour aujourd'hui ?
Au matin, formalités accomplies, « conseil du comité de bord » pour définir la suite du voyage. Plusieurs éléments sont à prendre en considération. Certains des grands parcs nationaux de l’Ouest Américains que nous avions laissés en 2009 sont pour l’essentiel situés en altitude. A deux mille mètres, des risques de neige sont encore à craindre. La Basse Californie mexicaine n’est qu’à deux ou trois cent kilomètres d’ici. Cette immense presqu’ile désertique de mille trois cent kilomètres est située entre océan Pacific et mer de Cortés. Bien connue des baroudeurs de tous poils pour sa faune et sa flore endémique particulièrement originale, il est exclu de négliger cette zone. Y revenir plus tard au retour de Louisiane ou Floride est illogique. L’idée d’un aller et retour avant les grands parcs de l’Ouest nous semble opportun. Une dernière étape US à San Diego va nous permettre de nous préparer pour la frontière mexicaine. Un parking de magasin Wall Mart nous satisfait. Ouvert en 24/24, nous retrouvons à nouveau un véhicule de sécurité qui va tourner lentement autour du parking toute la nuit. Nullement importuné, nous voici bien gardés.
La Basse Californie, c’est ici !! Tijuana, décrite par les commentaires télés comme ville frontalière de tous les trafics, il est de bon ton de passer le matin afin de s’en éloigner sans tarder. A noter, éviter la paranoïa, des centaines de véhicules américains passe ici chaque jours. A l’entrée du poste mexicain, un accueil chaleureux nous est réservé, puis, une jeune douanière questionne ; mi espagnol, mi anglais, elle demande de monter à bord. Il nous semble plus par curiosité que suspicion, allez y nous dit elle. Sans tampon sur le passeport, je m’en étonne et demande. Effectivement, pour un séjour prolongé, c’est indispensable. La jeune douanière nous invite à nous stationner plus loin et nous adresser au bureau du poste. Chaussée encombrée, un stationnement est possible à une centaine de mètre. Un civil nous racole pour une compagnie d’assurance…
…Merci c’est déjà fait, nous avons seulement besoin du parking un moment…
… c’est ok, et tu comprends vite qu’un petit billet vert sera le bienvenu…
… Formalités accomplies, passeports tamponnés, nous prenons la route sans attendre. Le contraste avec les USA est saisissant, masures, saleté, misère, bidonvilles, des hordes de plus ou moins jeunes trainent la savate devant le mur qui s’étend à perte de vue le long de la frontière américaine. Ils attendent un hypothétique passeur pour tenter l’eldorado, souvent au risque de leur vie. Pour compléter le décor, des camions de militaires cagoulés, lourdement armés tracent dans les rues en permanence. Lugubre, mais rassurant tout de même, ambiance d’une grande ville incertaine, nous tenons notre raisonnement, s’éloigner au plus tôt de ce carrefour reconnus des cartels des narcotrafiquants. Confiance nous est donnée d’être mêlés à la foule américano-mexicaine en transit, persuadé que si tu ne va pas renifler dans leur business malsain, ça devrait passer.
Un camping sécurisant connu à environ quatre vingt kilomètres est prévu pour notre première nuit au Mexique. Vers treize heures, à la recherche d’un stationnement pour le repas, nous constatons que le rivage est particulièrement inaccessible, lotissements de luxe murés, sécurisés interdisent tout approche. On s’introduit en deuxième ligne pour s’arrêter en fin de rue goudronnée. Une vague piste au pourcentage impressionnant la prolonge. Déjeuner rapide, je m’enquière au gardien du lotissement voisin pour entrer un moment et faire mon demi tour dans les belles et larges rues fleuries. Ok, la barrière se lève, à 0,5 à l’heure nous pénétrons dans l’enceinte protégée…
… Sauf que…
… A quelques mètres de l’entrée, nos climatiseurs sur le toit ne trouvent rien de mieux que de ratisser un faisceau de câbles pendouillant en travers de la chaussée. Electricité, téléphone, télé surveillance vidéo sont sectionnés sans appel. Gardien ennuyé, pas autant que nous, il s’en réfère à sa hiérarchie. Un homme, présentation impeccable se présente, on s’excuse, navrés l’un et l’autre, un dialogue courtois s’établit néanmoins. Je présente mon assurance, l’homme appelle le n° indiqué mais il semble que les dommages ne dépassant pas la franchise prévue, l’assureur décline toute prise en charge. Tu comprends vite qu’il faudra mettre la main à la poche. La transaction va s’établir à 4500 pesos (265,00 euros). Pas vraiment le choix. Qui plus est, entré au Mexique depuis quelques heures, nous sommes sans monnaie locale, c’est notre interlocuteur qui va nous mener à la banque la plus proche s’il veut ses sous. Caisse du bord déjà pas en super forme, la voici en deuil pour quelques temps. La hantise des câbles électriques en travers des rues ne va pas nous lâcher de sitôt !
Attardés par l’événement, déconseillé de rouler de nuit dans le secteur, l’étape du soir doit être revue et corrigée. Un camping au premier village venu est inscrit sur la carte. L’entrée en descente rapide, chaotique à même le roc vaguement nivelé de galets incertains, ne nous arrête pas. Plusieurs vielles caravanes défraichies semblent abandonnées là, quelques ronces envahissent et le cabanon de Pedro, le patron, semble plus que sommaire. Pas farouche comme environnement. Seuls clients de la soirée, on se retrouve néanmoins face mer au sommet de la falaise dominant l’Océan Pacific. Encore belliqueux malgré le soleil revenu, le fracas des rouleaux sur la plage résonnera toute la nuit.
Fleurs libres et plantation de cactées comestibles, nous sommes bien au Mexique