On nous présente donc notre chambre, simple mais propre sauf qu’un énorme crapaud s’était réfugié derrière le petit frigo ! On aime les bêtes, mais chacun chez soi, c’est bien aussi. Une grande estrade en bois ceinture tout l’établissement face au fleuve Miranda qui, déjà haut à cette saison, charrie déjà souches d’arbres et iles flottantes végétales diverses arrachées en amont. Les oiseaux multicolores piaillent et un capibara (les plus gros rongeurs du monde) déambule à nos pieds. Une petite piscine elle aussi sur pilotis est la bienvenue dans cette ambiance tropicale où les températures dépassent allégrement les quarante degrés accompagnés d’une humidité proche des cent pour cent. « Eco-lodge » ils disent…

Comité d’accueil …ceci nous vaudra une piscine alimentée par l’eau limoneuse du fleuve que la jeune et agréable Maria-Clara responsable de l’endroit aura moult difficultés à filtrer correctement. C’est avec acharnement qu’au terme de trois jours le fond bleuté apparaîtra enfin. De puissantes douches extérieures accrochées aux palmiers compenseront. Diégo, notre sympathique guide nous accompagnera à chaque sortie avec un jeune couple madrilène ainsi qu’une jeune photographe professionnelle en reportage. Un peu surprenant à sa découverte, l’endroit se révèle finalement bien en phase à ce que nous recherchons. Une ambiance à caractère « voyageurs, nature et découverte » en pleine jungle, loin des programmes des tour-opérateurs classiques n’est pas fait pour nous déplaire.
Il va sans dire que dans cet univers, réveils et levers du jour s’effectuent aux bruits nocturnes et parfois inquiétants de la jungle. Perroquets verts, toucans, perruches, espèces de pintades sauvages et divers cardinals à crêtes rouges crient et chantent de concert aux aurores. C’est quand les singes hurleurs entre en jeu que l’ambiance change ! Une compagnie réside dans les premiers grands arbres en arrière de Franky. Vigoureux hurlements de fauves qui font vibrer toute la forêt, quand tu sais que des jaguars sont encore bien présents au Pantanal, tu ne fonce pas vraiment tête baissée dehors ! Néanmoins, pour les avoir croisés à de nombreuses reprises, la raison l’emporte et le « Canon » sort bien vite de son étui. Chaussures fermées, pantalon et manches longues, à travers végétation dense et arbre vertigineux, trépied installé, entre deux hurlements, c’est cueillette et acrobatie matinale sous l’objectif. Noirs et roux accompagnés de leurs petits semblent nous faire la fête alors que leurs hurlements tonitruants sont plutôt révélateurs d’une démonstration de droit de propriété de ce territoire.

Nos réveils matins en arrière de FrankyAujourd’hui, c’est raid en 4X4, marche dans la jungle avec retour nocturne. Diego donne les consignes, chaussures fermées, pantalon, manches longues, chapeau crème solaire et répulsif puissant et…
…silence.
Notre véhicule tient plutôt du camion-benne sud-américain que du 4X4 cossu croisé aujourd’hui dans les concessions occidentales ! De ce fait, perchés, l’observation n’en sera que plus efficace, toutefois, attentions aux branches basses ! Ainsi durant quelques heures les regards scrutent la luxuriance et le chauffeur stoppe sur ordre par un coup de poing sur le toit de sa cabine dès qu’un animal ou oiseaux notoire est repéré. Véritable paradis naturel, le Pantanal révèle ainsi ses trésors cachés, capibaras, pécaris, perroquets et toucans mais aussi vols tardif de belles aigrettes à crête, spatules roses et j’en passe. Chaque pont en bois demeure un observatoire privilégié notamment pour les mares infestées de caïmans.