SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
13 décembre 2012
C’est au petit matin de ce 13 décembre 2012 que Mauricette et Christian, amis fidèles nous conduisent à la gare de Perpignan. Un TER poussif nous mène à Barcelone. Achat rapide de deux casse-croutes et fondants chocolat pour un embarquement dans un TGV à destination de Madrid. Un repas style Air France grande ligne nous est servi juste après avoir englouti nos sandwichs ! De fait,  on devrait tenir la route un moment. Comble du luxe, c’est une superbe suite réservée à prix dérisoire par internet qui nous est offerte à Madrid. Malgré que nous n’ayons que faire de tout ce luxe, la nuit sera sereine sachant que la navette nous conduira tranquille au terminal 1 de l’aéroport vers 11h30. Enregistrement immédiat, le vol sera des plus cool malgré un cumul de retard d’une heure à Cancun. En heure française, il est proche de quatre heures du mat. Repos à l’hôtel, puis, tôt le matin, destination le camping Mecoloco où nous retrouvons notre roulotte sagement stationnée depuis juin dernier. Le taxi nous  arnaque de 100 pesos. Chose courante ici. Le trajet est officiellement fixé à 300 pesos ; or au centre, le chauffeur prétend que ce prix est pour le centre-ville et non pas le camping. Discussions, mauvaise foi, tension, à destination, ne souhaitant pas se faire trop d’ennemis au Mexique, nous obtempérons.
                Meilleure surprise, cinq sur les six équipages présents au camping sont francophone. Deux Français, un belge, un « mi français, mi autrichien et un suisse résident du coin et dévoué à la cause des routards de passage. Nous retrouvons Franky sans souci particulier. Batteries reconnectées, premier coup de démarreur et nos fidèles étalons assoupis se réveillent de concert. Pas mal de travail nous attend avant de prendre la route. Bientôt, nous faisons plus ample connaissance de cette petite communauté ici présente. A bord d’un véhicule français immatriculé 70, un jeune couple et leurs trois enfants originaires de Besançon (à moins de 10 km de chez notre fils cadet) sont partis du Québec il y a six mois pour un tour du monde sur deux ans. Rayonnante de bonheur, la petite famille s’éclate ici depuis malgré tout un peu plus que de raison. L’installation d’une climatisation sur le camion les aura retenus cinq semaines !
  
    Retrouvailles francophones                                         Noël approche
Malgré le décalage horaire, nous résistons vaillamment à une première soirée sympa autour d’un verre, manière de faire connaissance. Nous réitérons même le principe le lendemain soir avec nos bisontins, Pierre le suisse, son adorable compagne Anna et les routards belges sexagénaires et bourlingueurs chroniques. Un équipage nancéien est à bord d’une superbe monture Ford USA poids lourd 4x4+ treuil équipé d’une énorme cellule aux multiples extensions. Nous ferons plus ample connaissance bientôt, ceux-ci étant en escapade dans un club de plongée dans les iles voisines pour quelques jours. En partance pour l’Amazonie, nous devrions faire route commune de temps à autres dans les mois qui viennent. Enfin, France et Thomas, elle française (logique), lui autrichien et leur bébé Louis terminent un périple d’un an. Pick-up et caravane américaine mis en vente, quelques soucis les perturbent pour cause de papiers volés hier après-midi. Ils les retrouveront quelques jours plus tard.    
                Bien du travail nous attend je disais donc. Déjà, débarrasser les vitres des croisillons en auto collant posés sur le conseil de Pierre en cas de cyclone. Ceux-ci ayant eu tout loisir de bien se dessécher au soleil, ce seront deux jours à deux de grattoir et d’acétone. Vient aussi en urgence un suintement d’eau à l’alimentation des toilettes. Puis une remise en état du branchement d’eau sous pression extérieur. A ce titre, un bon kilo d’accessoires de plomberie à fait le voyage dans les valises. David le bisontin nous charge un stock de cartes d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud dans notre GPS tout frais sorti de sa boite.   A cela, s’ajoutent mille petites choses assorties des principales courses manière de remplir la cambuse sans tarder.
 Plusieurs jours vont nous conduire à l’approche de ce fameux 21 décembre 2012 décrit par les Maya depuis des millénaires comme étant la fin d’un cycle solaire. Evénement repris par nos médias sans scrupules proférant ainsi une hypothétique fin du monde. Quoi de mieux pour vendre papier et audimat à tout va. Je déplore ces dérapages entretenus de ces beaux messieurs, nouveaux laveurs de cerveaux d’une société qui se perd dans la nébuleuse de ses écrans scintillants…
…impuissants, notre rêve d’enfants curieux se poursuit aujourd’hui ici à Puerto Juarez au camping Mecoloco situé justement sur les ruines d’un site Maya. Site mineur certes, puisque non classé mais comportant aux cotés de Franky les vestiges d’un cimetière. Ce matin-là du vingt décembre, s’établirent à nos côtés quantité de tentes de « disciples » venus de tout le Yucatan afin de célébrer selon leur culture ancestrale cet événement rarissime. Au final ils seront près de deux cent participants à s’installer ici deux jours durant. Indiens typés et multicolores venus en pick-up, bus et autres Volkswagen bigarrés version Katmandou 1970  l’ambiance restera très agréable et conviviale.

 
                            Quand Franky est aux premières loges

 Aucun excès notoire à relever et absence d’alcool feront que par-delà nos différences, nous nous sentirons parfaitement en phase mêlés à ces communautés autochtones. Absence d’éclairage nocturne au camping, l’obscurité enveloppe tout ce petit monde pour une nuit paisible.
 Pénombre encore profonde, nous sommes réveillés par d’étranges sons issus  d’instruments à vent plutôt curieux fait de coquillages de conques.
Odeur d’encens et murmures bizarres me font sortir de Franky à la sixième heure et m’approcher discrètement. Un rituel s’établi autour de poteries diverses diffusant modestes  feux et douces fumées. Un indien cuivré, visage taillé à l’obsidienne, bandeaux sur  front et chevilles m’invite à me joindre au cercle en place. Un ancien palabre pendant qu’un cigare circule des uns aux autres. Elevé au ciel avant qu’une petite bouffée en soit tirée, je me contenterai de me recueillir devant l’objet et le passer à ma voisine. Vint le moment d’embrasser la terre puis,  vers l’est, d’adorer le lever du soleil. Un nouvel interlocuteur se remis à parlementer avec dévotion durant un long moment. Quelques bribes permettent de comprendre que terre, ciel, feu et soleil semblent être l’essence même des prières murmurées. De retour à bord de Franky, nous vaquons à nos menues occupations. C’est le lendemain, ce fameux vingt et un décembre que l’ampleur de la cérémonie va décupler. Bien avant le lever du jour, sons, odeurs, offrandes et rites seront de mise durant tout le jour et la nuit pour certains. A espaces régulier, successivement, ces Maya s’orienteront vers les quatre points cardinaux, bras au ciel en adoration cosmique. En tenues traditionnelles pour la quasi-totalité des participants, certains se recueillent une tête de mort en cristal de roche blottie entre les mains, pendant que d’autres déposent leurs offrandes autour du feu sacré. De petites poteries sont entretenues à diffuser ces fumées odorantes, mélange d’encens, de pétales de fleurs et d’herbes diverses.
  

 

 
 

 
                            Ce fameux 21 décembre 2012 chez les Maya

 Plusieurs personnages vont encore palabrer à tour de rôle. A un moment donné, l’un d’eux, vêtu d’une longue tunique en peau animée de plusieurs lignes de clochettes, une sorte de tambourin bizarre à la main entre en scène au grand respect de tous. Il va pratiquer ses incantations et rites bizarre au son de son instrument mêlé de murmures discrets à l’encontre de plusieurs participants. Feux, fumées et offrandes  sont aussi sujets à attentions particulières de ce personnage mi chaman, mi sorcier, grand prêtre ou gourou ?  Va- t’en savoir, toi, petit français que le hasard de la vie à parachuté ici ce jour exceptionnel marquant la fin d’un cycle de plus de trois mille ans du calendrier Maya. Il va s’en suivre deux jours durant une alternance de rites recueillis et de danses en costumes traditionnels pour nombre d’entre eux. Il me sera indiqué avec courtoisie de m’abstenir de photographier durant les scènes cérémoniales, liberté à moi ensuite pour le reste du temps. L’efficacité de notre nouveau bridge assorti d’un zoom X50 (équivalence env. 1000 mm) permettra quelques clichés interdis depuis l’intérieur de Franky. Dans l’après-midi du vingt et un, ce seront prédominances de danses, musiques indiennes et convivialité. Ainsi, peintures corporelles et tenues de fête en plumes rares soulignent les corps cuivrés.
Au matin du vingt-deux, matelas extérieurs, hamacs et petites tentes vont reprendre la route au son des dernières conques, flûtes et tambourins attardés.
                Il est temps pour nous de reprendre la liste des petits travaux nécessaires avant de quitter cette grande ville de Cancun. Ici, grâce aux connaissances de Pierre, résident permanent,  nous avons tous loisirs de trouver dans les quartiers populaires tout et n’importe quoi. Je m’acquitte d’une dernière touche au système d’alimentation d’eau sous pression qui répondra dès lors à notre attente. Egalement perfectionnement de notre double porte en moustiquaire ; notre destination ne devrait guère nous épargner la cohabitation imposée par ces bestioles plutôt voraces en ces régions. Nouvelle pose évidente de l’outillage le vingt-quatre décembre. La tribu francophone décide d’improviser un petit réveillon en commun. Françoise se met volontiers  aux fourneaux et chacun ira bien sûr de sa part. Evidemment prévu en extérieur, l’événement se passera dans Franky car Pierre nous fait une poussée de fièvre inquiétante. Dengue ou pas dengue ? Il sera présent à l’apéro pour se retirer bientôt et restera un peu « gazé » durant une paire de jours. Plusieurs tables sont alignées à bord et sans gêne aucune, nous serons ainsi onze personnes attablées à l’intérieur. Dans le pire des cas, restent encore quatre ou cinq places possibles. Inimaginable dans n’importe quel camping-car européen fusse-t-il poids lourd ou haut de gamme, nous apprécions cette version de l’espace à l’américaine. Chacun apportera foie-gras de France, crevettes locales, lapin aux cèpes et morilles, fromages et énorme gâteau chocolat made in outre-Atlantique, le tout arrosé de champagne californien et vins du Chili.  Agréable soirée d’un Noël pas tout à fait comme les autres. Au petit matin, Clément, Jules et Matéo, les enfants bisontins, qui dormaient sous la tente aux côtés du camping-car de papa maman, impatients de savoir si le Père Noël était passé, trépignaient dès le lever du jour. En fait, nombre de petits paquets furent déposés dans la nuit à la satisfaction générale. Surprise aussi chez nous où un ballon de foot leur avait été aussi déposé ! Le 25, nouvelle agréable tablée en extérieur pour achever les restes. Il va sans dire que ce Noël 2012 restera dans les annales.
 
                         Joyeux Noël à bord
C’est enfin le 26 décembre que la petite famille levait l’ancre, non sans émotion, afin de poursuivre leur tour du monde. Dès lors, pour nous aussi, il nous tardait de reprendre la route bientôt. Une révision des freins nécessaire sur Franky est rondement menée chez le concessionnaire du coin ainsi que plusieurs dernières bricoles en instance depuis des lustres. Fred et Emie, nos voisins belges de retour du Panama viendront nous apporter nombre de précieux renseignements sur notre parcourt en Amérique centrale. Philippe et Laurence, nancéens, reprennent également leur route après un court passage chez leur frère résident dans une île voisine. Avant de quitter les lieux, nous ferons encore une rapide connaissance d’un routard italien à bord d’un petit 4X4 à cellule vivant à Panama qui nous vantera les beautés des grands espaces de Patagonie.
                Le 29 au matin, enfin, Franky salue les quelques équipages du camping et tourne enfin le dos à Cancun pour de nouvelles découvertes. Quelques courses et plein de gasoil, petite étape pour aujourd’hui sur la route de Merida. Le parking fermé d’un restaurant bien tenu nous incite à stopper ici. Certes, il est tôt, environs 16h30, mais, en zone tropicale, à cette saison,  la nuit tombe vite. Quelques pas dans le quartier, nous ferons observer des masures miséreuses. Enfants et volailles s’ébattent sous les branchages entre vieilles ferrailles et détritus divers. L’un d’eux avec sa petite sœur, muni d’un grand sac récupèrent des bouteilles en plastique qui, recyclées, rapporteront quelques rares pesos à la famille.
 
                Images rurales

 Si les bicoques ne sont faites que de quatre murs et d’un toit de vieilles tôles, Noël s’affiche tout de même. Souvent modestement de quelques maigres guirlandes échevelées aux rares boules qui oublient de briller. Cohabitent, sur un fil de fer, des images de sapins étoilés avec un papa Noël qui, ici, emmitouflé et accompagné de ses rennes au milieu des bananiers paraît pour le moins étrange.
                Laurence et Philippe, ce couple nancéien, nous avait parlé d’une réserve de biosphère au nord du Yucatan à Celestun. La richesse ornithologique du lieu nous attire et cela peut être un endroit sympa pour l’aurore de 2013. C’est donc sur la route, à hauteur de Mérida que s’immisce une première logique de conflit avec un nouveau venu à bord répondant au nom platonique de…
… « Garmin Nuvï 3490LT »…
…Avec un nom pareil, pas étonnant de chercher les atomes crochus…
… GPS d’aide à la navigation dit la notice…
…Attendons de voir, car vu le temps perdu à Mérida avec l’intrus, notre fin de parcourt pour Celestun se fit au galop afin d’éviter la nuit noire. La hantise est toujours de trouver un stationnement sécurisé avant de ne plus rien y voir. Modeste village côtier, ici, mieux vaut ne pas compter sur l’éclairage public. Après un tour d’honneur, nous décidons de nous stationner sur la place centrale devant le poste de police. Ce jour de saint Sylvestre, ce n’est  surement pas l’endroit le plus calme. Nuit tombée, nous n’avons guère d’autre choix, après tout, ce nouvel an au beau milieu des mexicains en fête nous laissera peut être un souvenir original. Pas le temps de manœuvrer, un pick-up vient à nous. Un homme poli et courtois nous invite à le suivre, nous comprenons qu’il dispose d’un bel espace en bord de plage clôturé et fermé la nuit où nous pourrions stationner moyennant quelques pesos…
…confiance…
…pas confiance à cet inconnu ?...
…humble, avenant, complaisant et attentionné, à tort ou à raison, nuit noire, nous suivons cet homme jusqu’à sa propriété. Une belle hacienda en arrière de plage, une cocoteraie soignée et quelques chevaux éveillent à peine la quiétude. Dans la lumière des phares, l’homme courre avec ses deux enfants afin de déplacer les bêtes et nous placer au mieux afin qu’au réveil nous jouissions d’un meilleur espace. Heureux de nous accueillir, il nous propose pour demain qu’un taxi vienne nous chercher pour nous conduire à la lagune. La, pour 200 pesos par personne, un pêcheur peut nous accompagner en barque, silencieusement, au plus près des milliers de flamands roses qui font la renommée du lieu. Bien que nous ayons des flamands chez nous, rendez-vous est pris.
 
<   Page précédente



Créer un site
Créer un site