SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
               
Suite OUEST AMERICAIN  Octobre 2009

          Au cours de ces balades, imprégnés des lieux, nous découvrons toutes ces images parcourues sur les catalogues de voyages et les sites internet de nos prédécesseurs. Un nombre incroyable d’arches audacieuses pour certaines, doubles pour d’autres, s’exposent ici comme nulle part ailleurs, fruit de l’érosion millénaire des vents, de l’eau et du gel. Le comble est atteint lorsque le couchant embrase l’horizon. Le feu céleste enflamme l’espace dans un irréel brasier minéral faisant de chaque falaise, arche ou simple caillou l’acteur d’un spectacle de premier matin du monde sur la planète rouge. Chaque soir, les sites les plus représentatifs rassemblent nombre de photographes amateurs et professionnels afin d’immortaliser ces éclatants orangés, saumonés ou pourpres sur fond de clair crépuscule.


                                             Coup double

Au terme de trois journées d’extase, quelques courses, courrier, connexion, et plein d’eau nous reconduisent dans la vallée de Moab. Stationnés tardivement devant la bibliothèque municipale pour envoyer plusieurs courriels, nuit tombée, nous regagnons notre ruelle discrète pour la nuit. Au lever du jour nous rejoignons très tôt la bibliothèque pour nous connecter à nouveau et ainsi téléphoner en France durant les heures de bureaux pour régler un petit souci passager. Avec neuf heures de décalage, pas simple, à sept heures du matin, il est déjà seize heures dans les bureaux de l’administration française, mieux vaut ne pas traîner pour joindre l’interlocuteur compétent ! Au final tout se passera bien, café et pain beurré suivront…
…Toc, toc…
… La police !
Courtoisement, on nous demande si nous avons dormi ici…
… Bien sur que non… !
…On nous explique qu’il est interdit de « camper » dans la ville en dehors des campings…
… Oui, (merci, on savait !) d’enchérir, nous allons au « national park »…
…O keyyy ! nous lance notre interlocuteur en quittant les lieux.
La veille au soir, à ce même emplacement, nous avions bien aperçu une voiture de police qui rôdait. Repassant le matin, notre homme s’est persuadé que nous avions dormi là, en centre ville devant notre bibliothèque. Il teint à nous confirmer l’interdiction. Nous en prenons bonne note,  mais, du coup, Franky bien repéré dans Moab, nous n’oserons plus rejoindre notre ruelle pour la nuit prochaine. La sanction pourrait être désagréable. Visite du site achevée, nous nous retournons vers un camping privé pour nous remettre à jour avant de nous diriger vers les zones désertiques des jours prochains. Là, tu ne vas pas traîner, prés de cinquante dollars la nuit pour dormir en bordure de route nationale assorti d’une tempête de sable poussée par un vent chaud de l’Arizona voisin.
               Brièvement, nous croisons à nouveau nos français du 34 qui se dirigent maintenant vers l’est puis le sud pour rejoindre bientôt le Mexique, l’Amérique centrale puis l’Amérique du sud. Pour nous, flâneurs et curieux de tout, c’est aussi notre souhait, mais plutôt pour les années qui viennent.
Aujourd’hui, ne souhaitant pas descendre plus au sud pour cet automne, nous mettons cap à l’ouest vers de nouveaux lieux uniques de cet Ouest Américain. Une petite route va serpenter au fond d’un canyon desséché ponctué d’un oasis souriant de temps à autre pour nous hisser au final sur le haut plateau de « Canyon land national park ». Nous retrouvons ces pourpres et ocres naturels sur tout l’horizon et quel horizon… !
…Un modeste sentier de pierraille nous mène tout simplement au rebord du monde…
   
                                         Changement de décor
…Deux cent million d’années ou bien plus encore que la Nature travaille ce désert pour nous offrir à nos pieds cet ensemble vermeil et carmin de falaises abruptes, plateaux desséchés ravinés de toutes parts, roches isolées dressées tel des cathédrales le tout souligné par le cours majestueux du mythique fleuve Colorado. 
    
                                                  Le grand jeu 
  

    
                                          A nos pieds, le Colorado
Durant quelques jours, nous sillonnons à nouveau routes, pistes et sentiers pédestres de la région, bénéficiant d’un « camping » pour le moins rustique. Juste un cabanon pour des toilettes sèches un ou deux lavabos aux robinets anémiques… point. Vu notre autonomie, cela nous convient parfaitement. Une belle ballade sur le haut plateau va nous mener à proximité du confluent des canyons de la Green River et du Colorado dans un décor à couper le souffle.
   
                                   Comme sur les livres d’images
 
   

 
 
 


   

 
                                                       Quelques vues du voisinage    

Le lendemain soir, ce sera festival en technicolor sur ce rebord du monde où Dieu nous à convié…
…Green Canyon…
…horizons infinis exposés à l’ouest, les à-pics de ce monde minéral vont s’embraser violemment durant de longs instants sous la naissance d’un cristallin crépuscule étoilé…
… Ce soir d’octobre, nous sommes bien « souslesetoilesdumonde ».

     
                                              "Sous les étoiles du monde"
       
                                              Féérie du soir    
D’autres étoiles nous attendent, faisons donc route vers Capitol Reef national park. Route sinueuse d’abord dans un décor lunaire plutôt lugubre de laves noires. L’absence totale de végétation relève cette funeste sensation de fond de canyon menant nulle part. Des kilomètres de désert noir parsemés de vielles cabanes en bois abandonnées défilent dans la soirée naissante. Mon équipière s’inquiète un peu pour la nuit, une modeste ville indiquée sur la carte se résume à un hôtel vide sur la droite et une baraque en planches à demi effondrée cent mètres à gauche envahie d’épineux poussiéreux. Un vieil arbre à survécu ici au siècle passé. Sa souche desséchée, torturée par la souffrance et les conditions démentes de l’endroit ajoute sa note d’une nostalgie d’un temps révolu. Pourtant, au fil des kilomètres, l’atmosphère va s’alléger au confluent d’un canyon secondaire  animé d’un torrent vigoureux, la végétation réapparait soudain. Parois ocre et rougeâtre, petits pâturages et vergers annoncent la vallée du parc national de Capitol Reff. Ici, un « visitor center », une petite ferme expo façon XIXème, un petit camping rustique… complet, il est environ dix huit heures. Dés lors, il nous faut quitter le parc pour la nuit. Prenant la route d’un village situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest nous découvrons un des bivouacs les plus grandioses du voyage. Juste en limite de sortie du parc, sur la droite, trois campings car californiens sont installés en pleine nature entre broussailles, arbustes et rocaille flamboyant sous le couchant naissant. Accès délicat, terrain accidenté, un peu de patience et calage sérieux l’endroit doit se mériter. Par tranquillité d’esprit, nous demandons confirmation à un équipage présent s’il n’y a pas d’interdiction de passer la nuit ici. Fond de canyon, nature vierge, ciel limpide, à nouveau les étoiles du monde nous accompagne jusqu’à la fraicheur de l’aube.
  
         Un de nos plus beaux bivouacs nature                           
Technicolor
Quelques randonnées à la journée vont nous inviter  à rejoindre le lendemain le petit camping du parc pour faciliter les départs. Sac à dos, nous remontons ainsi un étroit canyon désertique aux parois spectaculaires. Cent mètres d’à pic pour trois de large par endroit, la balade nous dévoile un itinéraire sinueux, solitaire et interressant. Au détour d’une falaise, un couple d’américains nous appelle. S’approchant, ils nous font observer d’anciens pétroglyphes non cartographiés gravés dans la roche rouge. Témoins qu’il y a quelques siècles, des communautés d’indiens vivaient bien ici. Renseignements pris, au cours de la rando, une variété de fleur rouge retiendra notre attention. Incapable de retrouver le nom, nous savons néanmoins que ces fleurs étaient utilisées en teinture par ces indiens de l’époque. Une autre balade nous conduira à un site différent de pétroglyphe préservé et reconnu un peu plus facile d’accès. A nouveau, c’est beaucoup d’émotion devant ces témoignages d’hommes et de femmes si différents de nous autres et pourtant si proches. En soirée, au petit camping, nous aurons la visite d’une troupe de cerfs de Virginie venus brouter l’herbe tendre autour du camping car.
     
              Pétroglyphes et fleurs utilisées par les indiens comme colorant

  
 
                            Erosion millénaire… juste pour le plaisir des yeux   

 
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