Le grand sablier du temps nous rappelle que, descendu cette Basse Californie sur prés de mille huit cent kilomètres, nous avons de la route à faire au nord pour rejoindre les grand parcs nationaux du grand Ouest américain. La saison s’avance imperturbablement et nous souhaitons éviter très fortes chaleur et sur-fréquentation estivale.Loreto, petite cité balnéaire sur la mer de Cortés avait retenu notre attention à l’aller. Localité à priori calme et sans histoire, nous choisissons de passer la nuit sur le petit port de pêche. Hérons, frégates et pélicans nous font leur spectacle. Fête du chef de bord et quarante et unième anniversaire de mariage (hé oui…) que voici donc prétexte à une soirée resto sympa, qui plus est, offert par notre mamy lointaine, là bas, à Mandelieu. Petite rue secondaire, quelques tables soignées, barbecue et musique douce dans le jardin du Papamango, nous y dégustons une copieuse parillada de mariscos (fruits de mer). Cuisine locale, produits de qualités tout frais péchés, un verre de blanc de blanc mexicain, belle soirée sous les étoiles du monde.De retour chez nous, surprise de voisins inattendus. Une petite roulote à petite bouf’ est installée à nos côtés. Groupe électrogène en action, période de congé, de multiples couples sont là à passer un moment, quelques tacos à déguster sur bancs publics et rochers. Beaucoup de monde, musiques pêle-mêle, enfants joyeux, mais pour autant, rien de bien inquiétant, chacun devrait rentrer chez soi bientôt. En première partie de nuit, il m’en faut de l’autre pour m’interdire un sommeil profond. L’équipière, moins désinvolte observera de temps à autres l’évolution de la situation. Confirmation, la guinguette quittera les lieux et les parents coucheront bientôt les enfants. Mais, c’était sans compter sur ados et jeunes couples en pick-up qui vont se succéder joyeusement porte ouvertes, musique moderne et décibels lâchés. Toutefois pas d’excitation inquiétante ou malsaine, à priori pas d’alcool ni d’ambiance « joints bizarres ». Sommeil hachuré, vers deux heures, discrètement, nous observons les faits et gestes, rien de plus. Eveiller l’attention de tous pour envisager de quitter les lieux ne nous semble pas opportun sachant que la sortie du parking est encombrée de véhicules multiples. Condamnés à tenir le siège, un pseudo calme interviendra vers quatre heures……sauf que…… un peu avant six heures, les pêcheurs prennent la relève avec remorques bringuebalantes, vieilles bagnoles, échappements libres pour certains et départ de la flottille une heure durant. Une modeste étape assortie d’une sieste salutaire est donc inscrite au programme du jour ! Nous rejoindrons volontiers Sentispak, la plage sympa où nous avions rencontré Claude et Alain il y a quelques semaines. Nous y retrouvons calme et tranquillité absolus. Reliefs pierreux en amphithéâtre, soleil au zénith, absence de vent, le mercure s’envole. Sieste ombre et baignade resterons les principales activités de l’après midi.Le soir venu, agréable souper sur le sable et nuit réparatrice.Bien récupéré, au petit matin, installé en front de mer à rédiger ce mémoire, l’aube me met en scène la chasse du héron cendré. Quel bel augure en cette nouvelle journée sur notre Terre.
Au petit matin Coquillages à profusion En matinée, une ballade nous amène à la plage voisine couverte de coquillages. Petits enfants toujours dans nos songes, Donna, Cléa, Charlie et Elio recevront chacun une collection des plus beaux spécimens ramassés ici. Des tonnes de coquilles jonchent le sol, moules, saint Jacques, clams, pétoncles et autres espèces plus discrètes recouvrent la plage. En arrière, une propriété isolée en a garni ses allées de jardin. Presque sur le départ, un pick-up déboule sur la plage. C’est José Morales, sculpteur. Dans sa benne, une caisse en plastique remplie de sujets en bois protégés par de vieux tee-shirts. Séduits par la qualité du travail, nous négocions une superbe tortue en bois rouge. José nous fait remarquer sa signature au dos de l’objet, il nous indique son adresse au village voisin et nous invite à passer le voir. Avec plaisir, nous marquerons l’arrêt. Une terrasse sommaire au toit de palmes abrite une vieille télé criblée de parasites et quelques tables. La femme de José sert quelques tacos aux clients locaux. En arrière, des étagères sont garnies des œuvres de son mari. José nous fait découvrir son atelier en terre battue, un stock de vieilles souches de bois, quelques outils hétéroclites, trône au milieu une simple lame de scie circulaire rouillée (mais bien affutée !) entrainée par une courroie sur un vieux moteur d’essuie glace de camion.
José le sculpteurJosé nous explique dégrossir les sujets à la hache puis donner les formes finales à l’aide de cette scie dépourvue de toute protection. De simples disques remplacent la lame lors du polissage. Connaissant le travail du bois, je suis admiratif du résultat obtenu dans ces conditions. Détail subtil, dans l’atelier, une vieille brouette sans roue, rouillée à cœur sert de poêle à bois. Le petit feu réchauffe un chaudron noir de suie, cabossé à souhait. « La soupa » précise José. Un bouillon de poulet frémis doucement ; tête et pattes flottent dans un abominable jus. Pas vraiment super appétissant, nous prenons congé.
L’église signée Gustave Eiffel à Santa Rosalia