Si effectivement, notre aventure s’éteint lentement, il reste une dernière braise qui vacille dans nos têtes. Souviens-toi, (si tu as bien suivi !) en 2015/2016 alors que nous étions au Pantanal nord, (nord-ouest du Brésil) dissuadés pour X raisons (notamment l’échéance de nos visas) de nous approcher du port fluvial de Puerto Velho porte d’entrée sud-ouest de l’Amazonie, nous avons obliqué vers l’est via Brasilia
Aujourd’hui, l’idée, bien sûr n’est pas de jouer les « Indiana-Johns » auprès des Yanomami du fin fond de « l’enfer vert » d’ailleurs forts bien protégés aujourd’hui des intrusions de toutes natures. Simplement, curieux de nature, passionnés de découvertes insolites, quitter ce continent sans tenter de s’immerger quelques temps dans cette culture amazonienne si particulière serait dommage et générateur de regrets éternels ! Imagine, cinq millions et demi de kilomètres carrés de forêt équatoriale, il faut essayer d’en vivre une petite expérience tout de même.
La stratégie : Nous sommes à Santiago avec +/- quatre-vingt kilos de bagages et pas de lignes directes pour cette destination. Un premier vol nous déposera donc à Sao Paulo où nous y laisserons valises et divers à l’hôtel choisi, puis un vol intérieur Sao Paulo Manaus avec juste deux sacs à dos et deux valisettes à mains suivi d’un embarquement sur un bateau local pour une descente au rythme du grand fleuve jusqu’à Belém où un avion nous ramènerait à Sao Paulo, récupérer nos bagages déposés pour un retour à la maison.
Donc, passés quelques jours de transit, l’étouffante atmosphère de Manaus nous abasourdit d’entrée. Un petit logement bon marché chez l’habitant proche du centre, nous voici chez nous (presque) pour une dizaine de jours. Chambre propre, grande salle de bain, climatisation, frigo et cuisine commune au rez de chaussée intérieure et extérieure. Le propriétaire ne saura que faire pour nous satisfaire avec fruits à volonté et l’offre de quelques plats de poissons que l’apparence entre-autre nous fera reculer poliment. Bien noter tout de même que si notre partie privative est soignée et irréprochable selon le standard amazonien, il n’en est pas de même quant aux cuisines. Déposés là, des quantités de fruits ne résistent pas à l’ambiance étouffante non aérée de la cuisine intérieure et s’abîment de jour en jour. Une jolie table en verre n’a jamais connu d’Ajax-vitre et la cuisinière du siècle passé accuse les faiblesses de son âge. De toute façon, ce sera en extérieur que la popotte se fera chaque soir après que l’équipière ait usé passablement d’huile de coude. Juste signaler le passage à deux reprise d’un rongeur local et l’exploration des placards par les fourmis qui se sentent bien chez elles ! Si d’entrée de jeu, nous regrettions un peu cette réservation par internet, au fil du temps et de la découverte du « standard amazonien » nous positiverons volontiers sur ce choix.
C’est l’incroyable activité portuaire qui marquera les esprits. Bien noter que Manaus capitale de la région « Amazonia », c’est un peu une île urbaine au milieu d’un océan de verdure infranchissable. Pas de route vraiment pour en sortir sinon quelques pistes à camion impraticables six mois sur douze et une seule route qui mène au Venezuela. C’est tout de même environ deux millions d’habitants ! Donc pas d’alternative, tu comprends d’emblée que sur toute l’Amazonie, c’est par bateaux que tout se transporte. Situé à mille sept cent kilomètres de l’embouchure, des profondeurs avoisinant de temps à autres les cinquante mètres pour des largeurs pouvant atteindre les quarante kilomètres, l’ensemble intégré à une forêt primaire équatoriale grande comme une bonne moitié de l’Europe, autant dire de Gibraltar à Oslo en passant par Athènes, voici juste pour bien mettre les idées en phase avec la réalité. Il y va donc un trafic considérable de cargos, pétroliers et porte-contenaires divers au port industriel situé à l’écart de la ville. Mais c’est certainement le port flottant au pied de la ville et du marché municipal qui retiendra notre attention plusieurs jours durant.
Manaus, au quai des pêcheurs