SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
 L’événement du jour reste l’appareil photo de Françoise dont l’objectif refuse tout net de s’ouvrir…
…mauvais…
…mauvais…
…vraisemblablement un grain de poussière là où il ne faudrait pas.
Par expérience, (c’est le deuxième !) inutile de chercher à l’ouvrir, c’est perdu d’avance…
 … réparer ?...
 …ici, idem…
…t’as bien compris, le seul remède reste la carte bancaire !  A reculons, c’est la caisse du bord, qui sera mise à contribution.
L’étape suivante nous mène à la petite ville d’Alpine. Bourgade échevelée perdue au milieu de nulle part. Un modeste camping derrière une station service nous permet de nous préparer durant deux jours pour le passage de la frontière mexicaine à une centaine de kilomètres d’ici. Une bonne connexion internet nous facilite aussi la conclusion d’un contrat d’assurance spécifique au Mexique par notre brooker californien. (
pierre@sathers.com ) Compétant, parlant français comme toi et moi, l’affaire est rondement menée. Du courrier en retard est aussi traité et expédié car s’il faut une semaine pour  la réception d’une lettre en France depuis les USA, c’est plutôt un bon mois depuis le Mexique. J’avais aussi à parfaire l’étanchéité d’un coffre qui laissait à désirer depuis des lustres. Egalement au programme,  inscrire, bien visible, « FRANCIA » sur la carrosserie. En effet, les voyageurs européens sont, semble t il, mieux considérés en Amérique Latine que leurs voisins  « gringos » du nord. Le décor de l’endroit n’est pas farouche mais le calme y règne et quelques poses chaises longues nous remettent de ces trois semaines de route quasi ininterrompues et sans grandes découvertes. Françoise s’adonnera aussi à un canevas particulièrement hard. Pourquoi faire simple quand on peu faire compliqué !  Le lendemain, par une route de bout du monde, nous arrivons à Présidio, dernière agglomération US, petite ville frontalière, nous faisons une petite reconnaissance du poste frontière puis de retour en ville, un RV park est indiqué à cinq milles. Propret, partiellement occupé de grande caravanes installées à l’année par des employés locaux, mais tout de même, à nouveau, en plein désert. Seule distraction, un pseudo cours de golf au green caillasseux. On cherche le parcourt, les trous et autre practice… rien de conventionnel, seuls quelques tapis d’un vieux vert ensablés semble attendre un hypothétique joueur. Les voiturettes alignées, fatiguées d’attendre, aux pneus amorphes sont vautrées sur le sable. Certaines restent courageusement agrippées à leur chargeur de batteries. Limite de ballade atteinte, nous rentrons à la « maison ».
                Nuit bienfaitrice, p’tit déj, contact, direction le poste de douane. Les étatsuniens nous laissent aller les yeux fermés. Arrivés au poste mexicain, je m’engage centimètre par centimètre entre les énormes quilles métalliques. Un préposé s’approche…
…holà, bon dia…
… pour l’heure, c’est à peu prés l’intégralité de nos connaissances en langue espagnole. Dés lors, je déballe le grand jeu pour être certain d’être bien compris. Notre carte du monde maculée de notre itinéraire au feutre est étalée sur le trottoir. Je donne aussi un petit texte explicatif traduit en espagnol par « Google » les jours derniers. Il y est indiqué que nous vivons à bord et que nous souhaitons un permis de résidence de six mois pour nous ainsi qu’un permis d’importation provisoire longue durée pour le véhicule. Véhicule qui est sensé rester sur le Mexique lors de notre prochain retour en France. Reçu cinq sur cinq, le douanier nous invite à stationner dans la première rue et à nous présenter au service d’immigration. Passeports épluchés, remarque nous est faite que lors de notre dernière sortie du Mexique l’année passée, nous aurions dû payer un droit de vingt dollars US par personnes. Versé illico, il nous vient vite à l’esprit que nos deux douaniers arrondissent leur fin de mois sur notre dos. Vérification faite, la mesure est parfaitement régulière et revenons volontiers sur notre préjugé.  Dés lors, mon «  permiso » est vite réglé. Le nom de jeune fille de Françoise posera quelques  problèmes. Comment expliquer à un douanier de campagne qu’en France, la femme  possède un nom de jeune fille ainsi qu’un nom de famille ? Au final, tout s’arrange et nous passons au service suivant. Photocopies, enregistrement du véhicule, petit souci  car nos documents annuels nous parviennent exclusivement par internet et semblent n’être que des copies. On appelle le chef, septique au début, il nous invite à revenir dans vingt minutes…
… ???
…pourquoi, on ne le saura jamais. Le temps de la réflexion dirons-nous. Toujours est-il qu’à notre retour, le préposé demande à nouveau l’intervention du chef, même question pour finir enfin par nous délivrer le précieux sésame. Franky est autorisé à circuler au Mexique jusqu’en …
…2022 !!!! Coût de l’opération, quelques dollars US plus vingt autres pour mon « permiso ». Celui de l’équipière est à régler…
… dans la banque de notre choix… ???
… Porqué ???
…va t‘en savoir ! Il nous paraissait si simple de payer les deux ensembles. Et bien non, il nous faut maintenant gagner le centre ville, trouver un stationnement à proximité d’une banque pour s’acquitter de cette taxe. Même souci avec les deux noms de Françoise qui refusent obstinément d’entrer dans leur case. Il sera à nouveau fait appel au responsable d’agence pour s’en sortir.
Enfin en règle, il est temps de prendre la route et nous éloigner rapidement de cette frontière USA-Mexique qui reste la zone la plus exposée aux risques de règlements de compte des narcotrafiquants.  Il semble toutes fois que le choix de Présidio comme passage soit un bon choix. Plutôt meilleur que Tijuana l’an dernier où des centaines de candidats clandestins erraient sous le regard des soldats cagoulés et armés jusqu’aux dents, ici, apparemment, rien de bien alarmant dans cette moyenne bourgade.  Il va sans dire que nous déguerpissons rapidos tout de même. 
        
        Changement de style, cargaison de crânes séchés 
 
 Le choc est immédiat lorsque tu sorts des Etats Unis et que tu pénètres chez son voisin du sud. Nids de poules, ruelles en terre battue, carrioles en tous genres, bétail et volailles sur la chaussée l’ensemble baigné d’une généreuse musique nasillarde sans parler du pick up déglingué qui hurle le prix de ses pastèques dans sa sono rafistolée.  
 
        
           Première escale mexicaine
                Première étape, le camping de Chihuahua  capitale de la province du même nom. Route de montagne tortillarde, la moyenne tient péniblement le trente à l’heure. Cette grande ville atteinte, notre plan d’accès succin fait qu’on se retrouve en plein centre d’une ville de 700 000 habitants ! Un peu de logique, une petite dose de sens de l’orientation, la position du soleil (il nous reste un peu de notre passé de navigateur !) le tout assorti d’une part de chance font que, à un carrefour, une grande artère menant vers l’est m’invite à virer de bord. Ainsi nous retrouvons plus tard le périphérique qui nous mène tout droit au sud de la ville où se trouve ce RV park voisin d’une grande station service Pemex. Un grand panonceau confirme, nous y sommes, il est bientôt dix huit heures. Petit problème, tout est fermé, à l’abandon total, herbes folles, broussailles et bâtiments en ruines. Nous optons, pour notre sécurité de passer la nuit en arrière de la station service en compagnies des routiers. Un petit convoi de forains locaux, aux manèges désuets, est également  présent pour la nuit.  
              
                           Pas d’erreur, nous avons bien quitté les USA

 
Pas trop, trop mal dormis, nous reprenons la route sans tarder. Paysages de maquis et de broussailles ponctués de temps à autres  d’une hacienda poussiéreuse au bétail famélique. Un panonceau m’interpelle…
… « Naïca »…
… Noté sur nos tablettes depuis des lustres, ce lieu fut l’objet de plusieurs reportages télévisés sur la découverte récente d’une véritable cathédrale souterraine de cristaux géants de plusieurs mètres de longueur. Par pur hasard, les ouvriers d’une mine découvrirent cette immense grotte gardant au secret ses merveilles uniques au monde. D’énormes enchevêtrements de cristaux de roche géants se sont formés ici au fil des millions d’années dans l’ignorance totale des habitants du lieu. Les commentaires laissaient entendre que dans un souci de protection, ce lieu n’a pas vocation touristique et doit rester clos. Si prés de ses merveilles, il nous faut au moins faire le crochet et tenter notre chance…
…sait-on jamais…
…le petit village de mineurs de Naïca est bien modeste. Néanmoins, à l’entrée, une grande arche souhaite la bienvenue aux rares passants. Un  symbole de la vocation minière de l’endroit est aussi présent mais rien ne fait écho de ce qui nous attire ici. Aucun panonceau, aucun fléchage. Seule la rue principale est goudronnée, nous la quittons pour progresser dans le quartier adossé à la montagne. Des installations modernes tranchent avec le reste du décor. Nous accédons ainsi au poste de garde de la mine. Ruelle étroite et sans issue, nous stoppons devant l’entrée et verrons bien comment on se débrouillera pour repartir. Je m’adresse au garde lui expliquant que nous venons de France et souhaiterions accéder à la grotte aux cristaux géants…
…l’espoir naît lorsque l’homme s’acharne au téléphone. On sent bien que la chose n’est pas impossible…
…poussée d’adrénaline…
…Combiné raccroché, le garde se désole de ne pouvoir satisfaire notre requête. Il m’explique que des travaux sont en cours et interdisent ainsi tout accès en ce moment…
…dommage…
 
   
  
   Cette image de cristaux géants n'est pas à nous                                  Naica village des cristaux géants

…Obligé de repartir en marche arrière jusqu’à la prem
ière ruelle, les villageois n’ont certainement pas l’habitude d’observer pareil véhicule dans leur modeste quartier. Nous nous stationnons au centre du village car lors de mon entretient avec le garde, j’ai cru comprendre qu’un mineur avait des échantillons de cristaux chez lui. Rien compris dans son adresse, un personnage mi cow-boy mi shérif nous salue. On lui explique que nous sommes venus pour la mine aux cristaux géants. Il interpelle un passant, c’est un mineur. Celui ci nous explique qu’une visite éventuelle ne sera possible qu’à partir de mai. On se voit mal rester à Naïca durant deux semaines à attendre une hypothétique autorisation. Par contre il confirme avoir à la maison des petits échantillons de cristaux.  Nous le suivons donc dans un dédale de ruelles empierrées de ce qui ressemble plus à une favela brésilienne qu’à un village conventionnel. Invités à entrer dans sa modeste demeure, quatre murs en ciment, cuisine rudimentaire, un lit soigné dans l’entrée, pas de porte, juste un pan de plastique et partout les objets usuels de tous les jours. Précautionneusement, l’homme tourne la clé d’une vieille armoire, il nous dévoile ses trésors soigneusement protégés dans des boites à chaussures. Nous choisissons ainsi quatre cristaux représentatifs de l’endroit. Marchandage de circonstance, marché conclu pour cent cinquante pesos. (8,70€). Nous demandons pour faire une ou deux photos souvenirs. Pas de problème mais l’homme abaissera sa casquette. Il semble qu’il ne souhaite pas être reconnu.
                Nous reprendrons la route vers le sud. Fin d’après midi, toujours sans camping, nous demandons à un motel l’autorisation de nous stationner sur le parking intérieur. Sécurité assurée par une barrière et un garde armé ! Seul le tumulte de l’intense  circulation perturbera Morphée.   Le lendemain, par manque d’intérêt et  pour avancer, nous prenons plusieurs tronçons d’autoroute (à péage). Un  RV Park indiqué sur notre guide est à nouveau en ruine complète. Qui plus est, le long de la route principale au ras du passage des camions. Du coup, nous allons perdre beaucoup de temps dans le centre de la ville de Torreón (450 000 hab.) pour trouver un camping signalé dans le guide en banlieue sud est. Pris par le flux des locaux en vélos, en charrette, en bus et vieilles bagnoles en tous genres, s’il existe encore, nous ne sommes certainement pas passé très loin mais de camping… niet ! A nouveau autoroute pour Durango. Surprise de croiser en plein centre une superbe tour Eiffel fort bien réalisée. Banlieue commerciale, quelques courses au Wal-Mart vite fait et à nouveau échec au camping. Le soleil est passé derrière l’horizon le jour baisse il nous faut un bivouac sûr bientôt. On recherche une station Pemex en sortie de ville sans succès. La nuit est là, il est décidé de faire demi-tour car devant nous, c’est deux cent Kilomètres de montagne. De nuit, à éviter. Dés lors, hôtels ou motels ne nous conviennent guère. Ce sera une petite superette Oxxo affichant « open 24/24 » qui retiendra notre attention. Emanant du noir complet du chantier voisin, un pauvre bougre aide l’équipière à déplacer quelques pierres pour nous garer au mieux. Il dit dormir derrière et ouvrir l’œil…
... Entre confiance et doute, on remercie…
… quelques emplettes à la boutique, la caissière nous confirme qu’il n’y a rien à craindre, le magasin reste bien ouvert toute la nuit, c’est le patron qui veille. Nous offrirons une bière fraiche avec un paquet de chips et quelques pesos à notre veilleur.
                Au petit matin, p’tit déj rapide car il nous tarde d’atteindre Mazatlan sur la côte pacifique et trouver enfin un camping confortable et ainsi nous mettre à jour dans la lessive, l’entretien journalier, le courrier et faire une pose de quelques jours dans un cadre si possible agréable.  Une sévère mais intéressante route de montagne nous fait découvrir une zone rurale du Mexique profond. Les visions qui nous sont offertes témoignent d’une population d’agriculteurs éleveurs à la vie difficile mais où semble t il l’autarcie satisfait chaque famille.
  
                                               Villages 

 
Un feu de forêt en bord de route activé par un vent soutenu nous inquiète un moment. Les flammes du bas coté, orientées vers l’extérieur par le courant d’air autorise le passage. Pourvu que ce vent ne change pas de direction… Finalement, le risque disparaît après quelques centaines de mètres.

  
                                           Feu de forêt
Durant la journée, nous allons croiser multiples camions mais surtout plusieurs centaines de motards pour ne pas dire un millier. Par moment, une pure folie, par petits groupes d’une dizaine, dans les virages à droite en épingle à cheveux, ceux-ci se risquent, complètement à gauche, à doubler un semi remorque. Toi, même à dix à l’heure, eux, surpris, t’arrivent dessus en pleine face pour s’écarter in extrémis. Ils vaudront quelques frayeurs bien trempées à l’équipière. Qui plus est, vu la raideur de certaines courbes, si je ne veux pas laisser mes roues arrières droites dans le fossé, je dois anticiper en début de courbe par un léger écart à gauche. Les camions idem, ainsi, les motards présentent parfois des réactions de stupéfaction peu confortables. Ce défilé débuté vers dix heures se poursuivra la journée suivi d’une pléthore de véhicules d’accompagnement et remorques assortis d’une kyrielle de bus. Au terme des centaines d’épingles à cheveux, la plaine de la côte pacifique se dessine dans le lointain.

          
      Nous franchissons le Tropique du Cancer pour la seconde fois

  
                                     Plusieurs centaines de motards

Une ville moyenne, Concordia, est atteinte vers dix sept heures. Nous n’insistons pas davantage et bivouaquerons derrière la station Pemex accompagné de quelques routiers. Confirmation nous sera donnée que nous sommes dans la « semaine de la moto »…
…On l’aurait juré !

   
                                 Curieuses formations rocheuses

                Mazatlan, immense cité balnéaire est atteinte le lendemain sans difficulté. Enfin, un camping, bien à l’américaine nous ouvre ses portes en front de mer. Pas d’affluence notoire, les américains se font plus rares depuis quelques années, la contre publicité massive des médias sur le Mexique semble  faire  ici des ravages dans le secteur du tourisme. On se demande si tous les hôtels de luxe alignés derrière la plage sont bien remplis.
  
 
                    Côté pile…                                      …côté face.
Pour l’heure, pas question de trempette, c’est la Bretagne ! Le soleil est bon mais un vent de la mer souffle fort frais à notre goût. Un épais brouillard nous surprendra même le lendemain matin. Il est ainsi exclu de manger dehors matin ou soir sauf à enfiler les polaires ! Non merci, on n’est pas venu jusqu’ici pour cela. Nous comprenons mal comment en avril 2011, à latitude égale (tropique du cancer) en Baja California, mer de Cortés, nous nous baignons dans de l’eau à 26°. En consolation, nous avons droit aux balais de nombreuses troupes de pélicans et de frégates.
   
                                       Frégates, pélicans et huitriers 
   

                                    Héron bleu, iguanes et …  
 
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