SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
22 novembre 2015
Retour au Brésil
En manque sérieux depuis huit mois, voisine de quartier, c’est Marie qui se propose aimablement ce dimanche-là de nous conduire à la gare TGV de Perpignan pour ce nouvel élan vers les grands espaces sud-américains. Barcelone, Sao Paulo, Navegantes par une ligne intérieure où nos fabuleux amis Carlito et Rosanie s’étaient rendus pour nous accueillir. 250 km pour venir chercher des voyageurs français rencontrés par deux fois sur les routes argentines et brésiliennes, tu en connais beaucoup toi, des cas similaires ?
Il est toutefois à noter que lors de notre précédent périple, nous nous étions croisés pour la seconde fois à Florianopolis. Il fut bien perçu que ces français-là frôlaient le « coup de blues ». Problèmes de santé pour nous deux et mécanique pour Franky. Dès lors, Carlito et Rosanie, mais aussi Vincente et Sonia nous prennent sous leurs ailes et les premiers acceptent de gardienner notre véhicule. Très compétent, Carlito va scrupuleusement  suivre la remise en état complète du moteur chez le concessionnaire Cumins voisin qu’il connaît très bien pour y avoir confié la maintenance de sa flotte de camions (Il était le plus gros transporteur de combustible du coin). Aujourd’hui le résultat est  à la hauteur des espérances, moteur remis à neuf, Franky redouble de vigueur au grand plaisir de son équipage. Une vidange de rodage est prévue bientôt.
             Rosanie Carlito                                      Franky, le c car et le nouveau camion de Carlito
Début octobre, nous arrivions déjà, c’était sans compter sur les intempéries dramatiques de la Côte d’Azur où, passés trois jours il est décidé de rentrer en urgence pour aider à secourir la maman de Jacky. Carlito et Rosanie nous avait déjà reconduit vite fait à l’aéroport de Navegantes.
Notons aussi que depuis plusieurs années, dans la tête de Carlito se dessine un plan de grand voyage de notre style. Un camion Mercedes tout neuf équipé d’une cellule d’habitation est en cours d’aménagement dans le garage aux côtés de Franky. De ce fait, lors de nos deux voyages de France, nos valises étaient davantage lestées par du matériel introuvable en Amérique du sud destiné à Carlito que par nos affaires personnelles !
Aujourd’hui nous espérons enfin reprendre cette  vie nomade tant appréciée.
Toujours quelques bricoles à réaliser bien au sec dans l’immense garage, se remettre des quarante-huit heures de voyage et en voiture…
…mais c’est sans compter  sur la visite de la famille et l’invitation à participer à une rencontre amicale de camping-caristes brésiliens. Carlito, président de l’association compte évidemment nous présenter à la vingtaine d’équipages conviés  au parc municipal de Rio do Sul et commenter en détail notre vécu. Il ira sans dire que ces deux petits français parachutés ici vont rester un peu la mascotte du groupe. Sollicités par chacun, Carlito explique, palabre et Franky sera évidemment source de curiosité. Visites et photos souvenirs se succèdent. Durant ces quelques jours, Quelques grains diluviens ne parviendront pas à perturber ces acharnés de barbecues généreux. A l’approche des heures des repas, une douce odeur de grill éveillait les papilles du groupe. Viandes à point, à la bonne franquette, armé de son couteau de gaucho le cuistot de service  taille dans l’épaule d’agneau et dispense à volonté les petits morceaux fumants que tu dévores avec les doigts ! Pas de « chichi », j’ai dit à la bonne franquette ! Le lendemain, on remet le couvert. C’est viandes grillées à chaque repas assorties toutefois par quelques plats d’accompagnements à disposition préparés par chacun. Il va sans dire que les décibels et les  rythmes  brésiliens sont de l’affaire ! Le soir, en plein air, une projection d’images des voyages de nos amis est effectuée sur la carrosserie blanche de Franky pour le bonheur de toute la communauté réunie entre nos deux véhicules. De temps à autres, à l’écran, apparaissent des têtes bien connues croisées par le passé çà et là entre Brésil, Argentine, Pérou où sais-je encore.

 


Rencontre au club de motor-homes de Rio do Sul
Durant ces trois jours, il est décidé de ne pas se connecter au secteur (dispo gratuitement) pour tester notre nouveau puissant parc de batteries mis en place dernièrement (toujours sous l’égide de Carlito). Tout était parfait jusqu'à dimanche après-midi où notre frigo refusa de fonctionner au gaz. Pas d’affolement, 220 volts disponibles, le contenu est sauf. J’aurai tout loisir de vérifier l’ensemble du système et diagnostiquer la défectuosité du thermocouple. Carlito, eh oui, encore lui nous met en relation avec l’équipe Duaron fabricant de petits camping-car ici qui confirme le problème.  Seulement au Brésil, pas de frigo « tri-mixte » donc pas de pièces ! Une solution de fortune est mise en place provisoirement. Non référencé en France, c’est au Etats-Unis que je trouve le thermocouple. Seulement, le formulaire d’achat en ligne n’autorise pas d’expédition en Amérique du sud. C’est donc chez Roberta et Shelby couple super sympa parlant français rencontrés au Colorado en 2011 qui seront les destinataires pour ensuite nous réexpédier l’affaire au camping de Bonito dans le Mato grosso du sud  où nous devrions être d’ici une bonne semaine. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Nous rendons hommage ici au dévouement et à la bonne volonté de ses amis étasuniens tout juste rencontrés il y a cinq ans environs, qui nous suivent régulièrement sur le net et qui nous donnent des nouvelles de leur famille souvent accompagnées de belles images des montagnes du Colorado. Roberta nous avait alors traduit un compte rendu médical lors de l’intervention qu’avait subi Françoise en Arizona. Notre « chère » sécurité sociale n’étant pas compétente pour traduire le fameux compte rendu, on croit rêver !...
…Bref vint le jour du départ et des émotions lors des adieux à Rosanie et Carlito. Premiers tours de roues sous la pluie battante matin et soir. Quatre cent kilomètres au milieu d’une circulation à quatre-vingt-quinze pour cent de camions ! Deux fois deux voies …
…de camions !
Faute d’un fonctionnement parfait du frigo au gaz, c’est le camping de Campo-Largo qui est choisi pour l’escale. Un peu « pleine nature » calme, peu occupé, bon accueil, que demander de mieux ?
Françoise : Quelques bonbons aux enfants du gardien et bientôt celui-ci nous offre un pied d’orchidée sauvage qui devrait fleurir…
…en septembre !
Par bonheur, sur la route l’équipière avait proposé un arrêt devant une échoppe en bois portant un écriteau : « Orchideas ». Ainsi pour quelques reals, deux jolies petites plantes bien fleuries  dans leur corbeille à 0,50€ (!) devraient nous accompagner quelques mois.
Au camping, bonne connexion, coup de fils et mise à jour du courrier sont de mise avec la réparation de la moustiquaire de la porte qui risque d’être fort utile dans les semaines à venir. Bombonnes d’eau minérales chargées et  trois bombonnes de gaz sont aussi transvidées dans le réservoir nous autorisant une autonomie parfaite pour quelques temps.

  


Quelques Broméliacées délicates
 Dimanche, nous reprendrons la route à nouveau sous la pluie battante nécessitant même un  arrêt de quelques minutes devant l’ampleur des averses. Calmé insensiblement, notre itinéraire nous fait quitter cette deux fois deux voies pour une jolie nationale tranquille qui nous mènera quatre cent kilomètres plus loin aux thermes de Sulina. Perdus en campagne, cet établissement propose un camping et sept piscines à plus ou moins trente-sept degrés ! Soleil de retour, nous y passerons deux jours agréables et au calme étant les seuls clients du camping. Un peu au milieu de nul part, nous y observerons nos premiers oiseaux notoires.
  
                                 Sept piscines à 37° pour une escale
  

                               Les seuls pensionnaires du camping

  

                                  Normes électriques, c’est quoi ça ???
 Notre premier objectif est la ville de Bonito assorti du Pantanal. Notons  que comme mise en bouche de ce grand pays, c’est d’emblée deux milles kilomètres pour le premier. Donc on ne traîne pas trop et pour gagner un peu de temps, pour le midi, nous tentons de la « lanchonette »…
… ?
…Le sport national au Brésil, après le foot, en termes de transports, c’est la prolifération de camions géants sur les milliers de kilomètres du pays. Il est donc logique de trouver une multitude de petits restaurants simple genre « Routiers » baptisés « lanchonettes ». Sur le principe du « buffet », on y mange pour quelques fois moins cher qu’à la maison. Le choix est varié, bien cuisiné, salle bien tenue et proprette. Toujours très soucieuse de la variété et de la qualité de la  table du bord, pour cette fois, décontraction et relax de l’équipière sont de mises.
                Un passage en forêt primaire de moyenne montagne nous fait découvrir un panneau indicateur pas très habituel…
… « Zone de passages indigènes »…
… ???...
…Nous comprendrons rapidement que nous traversons un large secteur Guarani. Vrais indigènes d’une grande partie du pays, les indiens Guarani comme tous leurs homologues furent autrefois pourchassés, voir exterminés par les colons et autres conquistadors sans pitié. Comme chacun sait, en Amazonie certaines communautés ont survécu au massacre mais aussi ailleurs, sur le continent. Aujourd’hui protégés dans des réserves diverses, ils tentent de perpétuer leurs traditions ancestrales qui s’altèrent incontestablement  au fil du temps. Comme ici, lorsqu’une nationale a pénétré leur territoire, tu les sens hésiter ou s’égarer entre traditions et monde moderne. Les textiles chinois crasseux qu’ils revêtent ici en témoignent ainsi que leurs objets d’artisanat, arcs, flèches et carquois tressés  au demeurant fort bien fait mais affublés de plumes synthétiques made in china d’un rose  ou d’un vert fluo décalé…
… dommage…
… Ok, qu’ils ne chassent pas les oiseaux pour leurs plumes, dans un but lucratif c’est évident, mais pitié, leur fournisseur de ces horreurs est certainement en mesure de leur proposer de fausses plumes bien plus en relation avec cette culture. C’est avec pitié et frustration  que nous assistons, nous dans notre home hors du commun, eux en guenilles crasseuses, au défilé de quelques familles Guarani en bord de route proposant un peu de cet artisanat aux véhicules de passage. L’an passé, nous avions fréquenté brièvement une petite communauté à l’écart des chutes d’Iguaçu accrochée à sa forêt qui malgré leur habitat déplorable et un environnement de terre battue qui à priori s’était mieux adaptée. Culture vivrière, petit élevage, mais surtout, un artisanat mieux adapté et d’une diffusion assurée grâce à la proximité d’un site naturel de reconnaissance mondiale.
 

                          Réserve indienne                          Communauté Guaranis
En fin d’après-midi, nous atteignons ainsi le fleuve Parana, porte de l’état du Mato Grosso du Sud et vers l’ouest la frontière du Paraguay. Une info-bivouac nous conduit au « centro nautico de Gayra ». Grand espace en bordure du fleuve, seuls, nous sommes reçu avec bienveillance, sécurité assurée par un portail clos la nuit et le poste de la police fédérale comme voisin. Le responsable du site nous installe un routeur par la fenêtre manière de nous délivrer la Wi-Fi. Evidemment, l’arrivée de deux français dans leur motor-home ne va pas passer inaperçu. Notre interlocuteur va faire appel à un reporter de la presse locale, garçon d’une extrême correction poli et discret, interview et photos diverses se pratiquent dans la bonne humeur. L’information devrait être diffusée dans je ne sais quelle revue ou journal de « chiens écrasés » bientôt.
Nous sommes conviés ensuite à une petite visite de la ville et à celle de la Maison du sénior Frei-Pacifico. Sculpteur, nous découvrons des œuvres remarquables travaillées avec minutie sur les bois locaux. Passionné d’orchidées, en arrière-cour, passé un capharnaüm indescriptible où circulent quelques énormes tortues que chahute un jeune chien, un grand abri ombragé protège plusieurs centaines de plantes soignées qui s’épanouissent au fil des saisons. (Peu de fleurs en fait à cette époque).

On nous ouvre les portes de la galerie de Fred artiste sculpteur
Encore un bon ruban d’asphalte où le GPS nous fait un début d’Alzheimer assortie d’une absence de concordance notoire entre nos cartes papiers et la réalité du terrain. Au feeling, nous serons rendus le soir à une cinquantaine de kilomètres de Bonito. C’est à l’approche du lendemain que nous abandonnons enfin les interminables centaines, voire  milliers  de kilomètres de soja pour un début de jungle déjà peuplée de toucans et autre volatils colorés.
 
 
 
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