La 117atteinte nous progressons toujours vers le nord. Quelques propriétés agricoles nous offrent diverses variantes dans le décor. A l’extrémité d’une étendue labourée, Françoise prétend apercevoir des animaux bizarres. Stationné sur le bas côté, aux jumelles, on distingue effectivement quelques choses. En fait il s’agirait d’un groupe de grues du canada. Oiseau de forte corpulence presque une petite autruche remarqué dans un ouvrage consulté en bibliothèque. Et voici le chef de bord à crapahuter à travers les labours, largement à découvert et confiant vu la distance. Un bosquet à mi parcourt m’inviterait à me dissimuler mieux pour l’approche. C’était sans compter avec la méfiance et l’œil perçant des volatils qui décollèrent de concert à ma grande déception. Juste le temps de zoomer maxi au jugé sur l’envol afin de conserver un piètre souvenir de l’événement.
Val d’Or nous détournait un peu vers l’ouest de notre itinéraire, mais sur la carte, nous comprenons bien que sur les quatre cent kilomètres suivants, un seul modeste village isolé en forêt est attendu hormis une réserve indienne. Mieux vaut assurer les pleins et essayer de se connecter sur le net pour prendre et donner quelques nouvelles. A noter au passage que nous réceptionnons ainsi notre courrier de France scanné à Besançon par Séverine que nous remercions vivement ici pour son dévouement et sa compétence. L’imprimante du bord assure les réponses nécessaires. De temps à autre, des photos de nos doudounettes (Cléa, bientôt 3 ans, Donna et Charlie les parisiennes, 8 et 3 ans) nous font bien chaud au cœur. Associé à cela, Skype, logiciel de téléphonie par Internet nous permet en présence d’une connexion de téléphoner dans le monde entier quasiment gratuitement sur les numéros fixes et pour quelques centimes sur les portables. Dans chaque bibliothèque municipale, Internet est disponible en Wifi gratuitement au public, la diffusion couvrant généralement le parking, c’est souvent à bord que nous pouvons utiliser le génial système.
A l’entrée de la ville, le poste d’information touristique nous renseigne des possibilités offertes. Ancienne cité minière, premier reflexe d’ex lorrains, venir jusqu’ici pour ça…
… Sauf qu’il s’agit de mine d’or, ça change la donne ! Un musée dans une ancienne mine avec descente en galerie est possible, sauf que, fermé le week-end. Adieu pépites et bas de laine ! La variété des commerces locaux ainsi qu’une station de propane nous permettent de compléter nos réserves. Un parking de supermarché est même équipé d’une station de vidange des eaux usées de camping car et caravanes. Françoise propose de vider le réservoir d’eau non potable et ainsi en renouveler le contenu.
Bonne idée, sauf que…
… réserves complètement vides, je connecte mon tuyau au robinet quand une sorte de cabochon sur la tête de celui-ci m’explose à la figure inondant le bonhomme et le parking. Chance, il est toujours possible de fermer l’eau. Pantois, douché et surtout réservoirs d’eau complètement vidés, me voici frais. Etalés sur le parking, caisse d’outils et matériel de fortune vont m’occuper une petite heure devant les regards étonnés des passants afin de réaliser une réparation de fortune et remplir coûte que coûte nos réserves.
La superbe bibliothèque municipale nous autorise une connexion Wi fi gratuite sur le parking. Nous apprécions. Un petit camping nous avait été indiqué près de la mine. Impossible à trouver. En fouinant comme à notre habitude, des emplacements goudronnés, bien horizontaux, dans la verdure nous tendent les bras ; on s’installe. A mieux y regarder, les places étaient numérotés, un robinet individuel était présent, nous étions sans le savoir au fameux camping. Aucune inscription, personne ne viendra se manifester, deux nuits royales à deux pas du village des mineurs bien conservé par le service du patrimoine québécois. Tout un quartier d’anciennes maisons en rondins d’époque construites pour les mineurs venus des quatre coins de la planète. En lisière de forêt s’élevaient les bâtisses des propriétaires prospecteurs et dirigeants, le tout assorti de panneaux explicatifs relatant les us et coutume de cette période faste des chercheurs d’or.
Décidés à faire route vers le grand nord canadien durant la belle saison, on nous suggère les territoires de la Baie James, dernières étendues sauvages accessibles par la route avant le Nunavut immensité glacé du peuple Inuit. De toute évidence, ces contrées nous intéressent au plus haut niveau. Toutefois, nous devrons composer. La dernière route s’enfonçant droit au nord jusqu’aux rives de la fameuse Baie James sur la baie D’Hudson s’ouvrant sur l’Océan Arctique est encore asphalté mais pour s’en ressortir sans revenir sur ses pas (c’est vite 600km aller et 600 retour !)Il n’existe seulement qu’une piste à camions en gravelle caillouteuse sur environs trois ou quatre cent kilomètres. Là, tu y regardes tout de même à deux fois… Nous opterons pour une option intermédiaire. La 113 orienté nord-nord-est sur 360 km nous séduit pour les contrées traversées. Peu de civilisation, une seule bourgade à mi chemin, forêts et lacs ininterrompus, la réserve indienne de Waswanipi, tout cela était prémonitoire de découvertes.
Drôles de panneaux en attendant les kangourous !Tous les pleins faits, (c’est tout de même 400 l d’eau et 400 l de gasoil) toujours en petites foulées, on se satisfait rapidement de notre choix, bonne route et aucune circulation ce qui permet à l’équipage de scruter le paysage voire à piler net debout sur le frein comme ce jour là en présence d’un magnifique orignal attardé à brouter en clairière. Douze tonnes, tu ne bloques pas sur place et le temps de revenir au galop appareil en main, l’hôte n’a pas souhaité patienter. Dommage, ce sera pour le prochain. Un peu plus tard, le deuxième, itou ! Alors, désolé mais pas de photos d’orignal pour l’instant.
Entrée en Baie James Panneau "stop" en Cree !! Bienvenue à Waswanipi