SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
 Vers midi, un kiosque de restauration rapide nous fournit quatre mauvais empanadas (sorte de rissoles locale). A peine assis, plusieurs coatis dévergondés arrivent au pas de course. Etonnés, nous les observons une fraction de seconde quand le premier monte sur une chaise puis, à deux, bondissent de concert sur la table pour fuir avec chacun un empenanda dans la gueule, juste le temps de nous emparer des autres, renversant un verre pendant que d’autres nous tournent autour dents en avant !  C’est à coup de pieds qu’il faut leur expliquer les bonnes manières. Evénement terminé, nous reprenons le circuit par un petit train qui nous mène au Salto del Diablo, version Argentine autant dire encore le clou du spectacle. Une longue passerelle au-dessus du fleuve puis…
…le saut du diable, la plus gigantesque des cataractes d’Iguaçu (qui selon les saisons en comporte plus  d’une vingtaine). Dans un bruit de tonnerre, c’est une masse d’eau titanesque qui chute de quatre-vingt mètres à la verticale sur plusieurs centaines de mètres de longueur. Visible de loin, un nuage permanent vaporise cette folle eau arrosant à souhait l’extrémité de la passerelle installée en balcon sur cette merveille. Quelques clichés humides et rapides avant de battre en retraite quand le vent s’en mêle. Sur le sentier du retour, tortues d’eau douce et quelques oiseaux colorés nous distraient un moment.


El salto del Diablo

Rentrés à bord, pseudo-camping solitaire, on s’installe pour un souper tranquille sous le store à la relative fraîcheur naissante. Une modeste route déserte s’enfonce on ne sait où…
…débouche deux ombres, munies de perches…
… ???
… en fait, passent deux guaranis indifférents à notre présence. Dans le contexte, pourtant à deux pas de la nationale, l’espace d’une fraction de seconde, tu te transporte au fin fond de l’Amazonie voisine. Instant étrange.
Demain, il faut faire route vers l’Uruguay où nous devons gardienner et qui est  encore bien loin et les jours défilent. La mine de Vanda indiquée par une courte piste empierrée nous inspire…
…anciens lorrains, attirés par une mine, pas très original…
…sauf qu’ici, ce sont des améthystes que l’on exploite. Un jeune guide va nous expliquer les antécédents volcaniques de la région et le travail des millénaires pour produire ces fameuses gemmes parfois énormes qui font la fierté de l’Amérique du Sud en la matière. L’origine en serait des poches d’eau assorties de gaz volcaniques divers emprisonnées, compressées dans la lave, puis le temps œuvrant, nous en observons aujourd’hui le résultat.  Curieusement, dans une galerie, des blocs ouverts, partiellement brisés apparaissent de partout prisonniers des  parois. Si la prédominance des couleurs reste l’améthyste, plusieurs variétés de quartz passant de l’ocre au jaune et au rose sont présentes. Un peu de mal à s’imaginer les fortunes qui dorment ainsi dans la région.



 
                                 Améthystes à gogo !

 
Proche de la galerie, une exploitation à ciel ouvert est ouverte au public. Même spectacle, noyées dans la lave, une multitude de gemmes ouvertes laissent apparaître leurs cristaux multicolores. Il va sans dire qu’un magasin de vente aux tiroirs caisses béants présente de superbes pièces. Même si le change reste intéressant, il faudra modérer notre fascination, la carte bleue passera néanmoins un vilain moment. Gare au poids des valises à l’aéroport. Sur la piste d’accès, devant leurs cabanes exiguës, une multitude de mineurs et enfants tentent de vendre quelques cristaux de moindre valeur.
                Dès lors, il faut rouler…
…mais Ibera est sur la route…
…Immense plaine marécageuse au nord-est de l’Argentine, semi-inondée et réserve d’eau douce la plus importante du pays. Mais plus encore classée réserve naturelle et parc national pour y abriter quelques trois cent cinquante espèces d’oiseaux  assortie d’une foule de capibaras, cerfs des marais, renards bleus, caïmans et autres discrets anacondas.  Carlos de Pellegrini, seul hameau susceptible d’accueillir quelques visiteurs n’est accessible que par la ville de Mercedes plus au sud. Empruntant les cent vingt kilomètres de la dernière voie asphaltée menant au but, bloqués après une demi-heure de route par l’arrêt brutal du macadam et la présence de boue et ornières profondes, une décision est à prendre. On progresse encore sur une centaine de mètres, mais, poursuivre sur cent kilomètres, hors de question. Pas trop le choix, je tente un demi-tour hasardeux qui se passera bien et faisons route inverse jusqu’à Mercedes.
 
 Croisés sur la piste de Carlos Pellegrini

 Un bus existe semble-t-il pour rejoindre Carlos de Pellegrini. Première démarche, trouver un stationnement sécurisé pour deux ou trois jours pour Franky. Un mini office du tourisme nous renseigne sur les transports, les hébergements dans la réserve et se renseigne sur un stationnement pour le véhicule. Rendus à l’adresse du parking, il devait manquer un bon mètre en hauteur et plusieurs centimètres en largeur pour y entrer. A nous de nous débrouiller pour trouver autre chose. Un petit hôtel dispose de place derrière une station-service. Bien accueillis, la jeune femme nous invite à demander à la station…
… sur place… le patron, c’est qui ?...
…on s’adresse à un homme à l’entrée…
…ce n’est pas lui, mais il transmet notre requête…
…refus catégorique…
…notre interlocuteur approfondit notre question puis nous embarque dans son pick-up pour nous montrer que, transporteur, il a la place disponible. Il nous ramène en ville pour chercher Franky puis, nous voici dans un grand garage avec eau et électricité à volonté…
…comme quelques fois, le hasard peut bien faire les choses !
C’est donc le lendemain que l’on va se taper les cent vingt kilomètres dans un tape-cul surchargé des années cinquante entre ornières boueuses, caillasse innommable et poussière par près de quarante degrés sans clim évidemment. Les locaux transportent avec eux, victuailles, colis divers, sacs de riz, aliments pour les bêtes avec en prime deux pneus de camion et une foule de cartons qui serviront de sièges aux derniers passagers. En pleine pampa, jeune femme moderne ou  gauchos pur jus débarqueront pour rejoindre une estancia infinie. Fenêtres ouvertes, lors du croisement d’un camion, la poussière envahit l’habitacle et l’ocre gagne. J’en protège l’appareil.
  
              Dans le bus et aux arrêts,                                vois la piste !
 
Rendus à Carlos Pellegrini, rues de sable en damier  dans une verdure agréable, sac à dos, il nous faut trouver l’hôtel indiqué dans notre guide favori sous un soleil de plomb. Un micro office du tourisme local nous fournit un plan rudimentaire mais suffisant. Ecrasés de chaleur, on arrive vite à un bel établissement, le « Nande-Reta » caché sous de grands arbres avec, fort bien venues aujourd’hui une belle piscine à l’eau cristalline. A noter que les quelques auberges du lieu, hormis des cabanons vétustes, ne te louent pas de chambre mais te proposent d’emblée un « package » avec hébergement, repas et raids accompagnés dans les méandres et autres marécages de la lagune.

                         A Nande-Reta
 
                                  Dans les rues de Carlos

 La première sortie concernait une colonie de singes qui se sont montrés fort discrets. Seuls deux spécimens aperçus entre les hautes branches. Un peu déçus au regard de ce que nous avions observé en Amérique centrale. Le lendemain, matin et après-midi, c’est en lanchas que notre guide nous conduit dans un dédale de méandres pour observer les innombrables espèces d’oiseaux du secteur. Ici, satisfaction, nombre de spécimens nouveaux pour nous sont à portée d’objectif. L’endroit, infesté de caïmans et capibaras se révèle donc intéressant.
 

 
                                     Dindes sauvages




Jolis cardinales (et pas cardinaux, ils n’ont pas fait de séminaire !)
 



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