SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Lendemain ensoleillé, un bus nous mène à l’entrée du parc national brésilien d’Iguaçu. On n’est pas seul. Organisation à l’américaine, le circuit est bien aménagé et le spectacle à hauteur de nos espérances. Les cataractes s’échelonnent sur près de trois kilomètres à travers une nature sauvage et préservée. Quelques coatis se faufilent entre nos jambes tout en explorant les poubelles publiques. Nombre d’épiphytes croissent dans la forêt mais aucune fleur à cette saison. Peu importe le but reste ces chutes extraordinaires. Le parcourt est agréable et sans difficulté majeure, quelques douches sont de rigueur pour les plus curieux sur les promontoires les plus avancés. Plus grandes cataractes du monde avec les chutes Victoria sur le Zambèze, Iguaçu fait dans la démesure et le grandiose au milieu d’une jungle tropicale épaisse. Aujourd’hui, en début de saison des pluies, le débit considérable gonfle le fleuve, ainsi, émerge de la forêt dense des centaines de cascades avec comme point d’orgue, le pied de l’immense « Salto del Diablo » où à l’approche, c’est la douche tiède est assurée.
 






                            La démesure d’Iguaçu  (Version brésilienne)  
 
Les rives brésiliennes nous éblouissent ainsi quelques heures durant, dès lors, voyons bientôt ce que nous offrent les rives argentines. Situées au carrefour de trois frontières, Brésil, Paraguay et Argentine, quelques kilomètres seulement seront nécessaires afin de gagner d’autres facettes de cette merveille du monde. Le confort des lieux nous retiendra néanmoins quelques jours encore en compagnie de Patrick et Sylvie, couple français en Land Rover venu ici via une traversée de l’Amazonie nord sud. Parcourt peu commun ponctué de quelques anecdotes savoureuses. Patrick, très méthodique va passer une complète après-midi à m’aider au disfonctionnement du marchepied électrique qui fait des siennes depuis quelques jours. Malgré cela, en soirée, devant l’insuccès commun, une trempette dans la piscine suivie d’une bière fraîche seront les bienvenues. Le marchepied fera l’objet d’un autre exercice.
 
                               Rencontres

Le lendemain, Sylvie et Patrick, sur le retour, nous quittent pour faire route vers le nord du Brésil. Divers bricoles, courrier, e-mails et mises à jour du site nous retiennent encore une journée. Faux départ le lendemain, la réparation « à l’africaine » de l’alternateur montre ses limites. Un électricien automobile asiatique dépêché de la ville voisine réglera le problème en quelques heures. En fin d’après-midi, une courte ballade nous permet d’observer quelques oiseaux curieux, des perruches et plusieurs perroquets verts qui s’acharnent sur des petits fruits au sommet d’un grand arbre. Bel environnement.
 
  Au-dessus de nos têtes                      Patrick et Sylvie sympathiques baroudeurs
Dès lors, malgré le confort de Paudimar, il nous faut rejoindre la frontière de l’Argentine toute proche afin d’aller y admirer les chutes depuis ce versant. Les formalités rapidement accomplies, quelques courses, un peu de monnaie locale, on nous avise que l’hôtel Américano a supprimé l’option « camping » de son établissement. On se retourne sur le camping « coati » voisin. Plutôt espace boisé inutilisé, pas d’eau, pas de douches et sanitaires sans chasse. Ombre salutaire, électricité, sécurité et facilité d’accès aux diverses activités nous ferons malgré tout retenir l’endroit. Une journée est nécessaire pour le circuit des chutes argentines, nous meublons donc l’après-midi à la visite d’un sanctuaire d’animaux sauvages. Sensé recueillir, soigner et relâcher des animaux blessés, saisis ou autres. La déception fût à la hauteur de nos espoirs lorsque, chargés dans une bétaillère tractée par un tracteur agricole, le chargement de touristes basiques est accompagné dans un vulgaire sentier autour de vieilles volières où de malheureux pensionnaires se résignent à faire acte de présence dans leurs prisons pour les beaux yeux d’innocents clients. Il en ressort plus un soin du business de l’entreprise que des animaux.
Vite ressortis, documentés, il est à savoir que depuis la nuit des temps, en l’absence des frontières du Paraguay, Brésil et Argentine, vivait dans la grande forêt sud-américaine, les Guaranis. De nombreuses sociétés de chasseurs cueilleurs semi-nomades occupaient çà et là ces immenses territoires. Bien documentés, il existerait proche d’ici, une petite communauté vivant en marge de tout le brouhaha touristique local. Une mauvaise piste interdite s’enfonce. A défaut d’accompagnateur, il est exclu d’y pénétrer. Une baraque en planche, deux indiens nous expliquent…
…l’un d’entre eux nous escortera, dans un espagnol aussi basic que le nôtre, le guarani reste le dialecte local. Nous percevons bien les changements qui ruinent ces civilisations. Notamment la déforestation et l’envahissement de leurs territoires qui  génèrent la  raréfaction du gibier, le fleuve Iguaçu dévoué à l’électricité en amont et au tourisme grâce à ses chutes en aval qui les privent de la pêche. Ceux-ci survivent d’une maigre agriculture (manioc, maïs, courges et divers) de quelques volailles, seuls deux bœufs paissent, ils sont destinés aux travaux des champs de la communauté. Beaucoup ici, améliorent l’ordinaire grâce à un artisanat original. Quelques articles achetés directement sur place, nous sommes ainsi certains que l’intégralité de l’argent reviendra à ces familles. Notre accompagnateur nous fera voir la salle commune pour nous compter l’histoire des indiens guaranis. Dehors, des enfants jouent dans la terre rouge, quelques joujoux cassés, deux vielles femmes aux visages basanés et ridés par les années qu’elles n’ont jamais comptées ; cheveux plus noirs néanmoins tressés, assises en tailleur, regard nulle part, nous observent, résignées…
Un arpent de broussailles coriaces passé, terre plus que battue, une cabane aux planches disjointes, pièce unique pour cette jeune femme allaitante et sa famille. Tout traine sur le sol, vielles gamelles cabossées, bassines plastique éventrées, une bâche déchirée, un vieux pneu et du bois en désordre où picorent quelques poulets malingres…
… et aujourd’hui, il fait sec…
… deux enfants…
…être né quelque part, c’est toujours un hasard…
…on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas non plus…
… écoutons donc mieux ce que nous disent les poètes.   
… Wayra nous ramène vers la sortie, pas question de troubler davantage le fragile équilibre subsistant…
…un papillon bleu passe…
… C’était juste une infime tranche de vie des guaranis d’Amérique du sud.
 
                                      Wayra, notre guide Guarani et son aïeul

 
Première photo de papillons bleus depuis deux ans !              hardis coatis

 
Au matin du lendemain, un bus nous approche des chutes. Même organisation qu’en face. De nombreux promontoires autorisent des vues spectaculaires aux pieds des cataractes puis plus tard au-dessus de celles-ci. Douches assurées quand la brise s’en mêle. Images parfois humides, le Canon détrempé. La magnificence d’Iguaçu restera elle aussi gravée dans les mémoires de ce beau voyage.

 
       Arc-en-ciel version verticale !                    Si, si, c’est elle !!!





                       Iguaçu… tout simplement.  (Version argentine)



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