SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
 

 

                          Visiteurs, manchots, guanaco et nandou font bon ménage

Pas du tout impressionnés par les visiteurs, ils savent avoir la priorité (c’est indiqué sur un panonceau) lors de leurs déplacements sur les sentiers, c’est à toi de stopper et les laisser circuler ! Quelques guanacos pas farouches non plus font diversion de temps à autres. Bien aménagé, des premiers reliefs aux petites plages, on s’émerveille une paire d’heures avant de passer  par le centre d’interprétation à l’architecture originale discrète et bien intégrée à l’environnement.
L’étape suivante nous mène péniblement vers San Julian par une bonne route côtière mais sous un temps exécrable où pluie et vent violent te rappellent à l’ordre. Tu es bien en Patagonie sous les quarantièmes rugissants, les marins fréquentant ces côtes savent de quoi ils parlent. Vent de face, Franky lutte comme il peut, par prudence, la vitesse n’excédera pas soixante kilomètres heures.
Eléments un peu apaisés, le hasard et la vue perçante du co-pilote nous fait stopper le long d’une grève déserte où deux immenses colonies de lions de mer s’ébrouent et chahutent pour certains ou dorment pour d’autres. Nous avions fait des centaines de kilomètres de pistes à Valdès pour les voir à cent mètres de distance, ici, ils sont là à les toucher. Le Canon va à nouveau crépiter à souhait. Les grands mâles font le beau et ne manquent pas de se montrer agressifs, gueule grande ouverte et crocs en avant si tu t’approches un peu trop du harem.
  

  
 



                                  Colonie de lions de mer inattendue
Nuit sur une station-service, faute de mieux avant de rejoindre donc Puerto San Julian qui arbore une réplique de la Victoria, la caravelle de Magellan qui fit escale ici au seizième siècle. Plus loin c’est un avion de chasse en l’honneur des héros (déchus) de la guerre des Malouines.
 
   Déjà un petit goût de bout du monde                    Réplique de la Victoria de Magellan

Les rives brumeuses, alanguies et à marée basse de cet estuaire témoignent déjà d’un sentiment de bout du monde. Habitations et commerces éparpillés, rues quasi-désertes, certes, mais, un petit quelque chose nous fait aimer cette modeste escale. Franky jouera solitaire dans le camping municipal qui nous permet après plus de deux milles kilomètres sur la « ruta 9 » un peu de repos.
Mais les jours passent, l’automne austral avance inexorablement, il faut faire du sud journellement si nous ne voulons pas nous faire surprendre par le froid et la neige vers la Terre de Feu, but extrême de nos neuf années de  voyage.
 
 
 
                          Petite distraction dans une pampa interminable

La météo se remet d’un coup pour une belle étape sous un ciel d’azur et belle route de cinq-cents kilomètres à travers la pampa où les guanacos pullulent au point qu’ici, ils paraissent plus nombreux que les moutons ! Quelques oies peu ordinaires sont observées, elles nous distraient un peu car ici, rien…
…rien…
…et rien, pas une ville, pas même un humble hameau. Des centaines de kilomètres rectilignes que parcourent seulement des clôtures de parcs apparemment stériles. Terres desséchées ponctuées d’un maigre maquis sec et coriace. Une voiture, un camion tous les quart d’heures, puis en cours d’après-midi, apparaît le premier panonceau indiquant « Ushuaia ». Nous arrivons à Rio Gallegos, port industriel et intersection avec notre route qui descend vers le bout du monde via un passage chilien et celle qui mène vers l’ouest au fameux glacier Perito Moreno. Prévu de le voir au retour lors de notre remontée vers Santiago, mais, le soleil radieux d’hier nous invite promptement à parcourir au pas de course les deux cent quatre-vingt kilomètres menant à El Calafate, « camp de base » pour accéder au glacier. Toujours soleil, repas frugal sur le parking de l’office du tourisme et va pour encore quatre-vingt kilomètres vite faits pour atteindre le parc des glaciers sous ces conditions idylliques. Récompense enfin où se découvre un des plus grands glaciers de la Cordillère des Andes, sa surface serait supérieure à la ville de Buenos-Aires. Accès facile par de nombreuses passerelles, on retrouve à l’identique les belles images sur papier glacé des beaux livres.



                           Mondialement connu, le Perito Moreno
 
 
  

 
                                   Un festival de glace bleue
Ici, c’est la démesure qui l’emporte avec ses deux voisins, c’est près de cinq-cents kilomètres de longueur et deux cent mètres d’épaisseur par endroit pour finir dans les eaux turquoises du lac Argentino. Son front, là, juste devant, émerge de soixante-dix mètres d’une glace d’un bleu intense dû à l’âge et à la compression colossale subie au cours de son lent périple depuis les cimes. Il va sans dire que durant deux jours, nous sillonnons les multiples passerelles assorties des centaines de marches d’escaliers qui permettent aux « troisiémâgeux » que nous sommes de jouir d’un spectacle extraordinaire. Ambiance garantie lorsqu’un pan de glace s’effondre dans un bruit de tonnerre entre les divers et puissants craquements du corps du glacier qui s’écorche et se meurtrit en se déversant inéluctablement dans l’eau turquoise. Féérie de ces icebergs bleutés fluorescents ou translucides qui dérivent dans ce majestueux paysage andin.
Rançon des kilomètres parcourus en passerelles et escaliers (plusieurs centaines tout de même !), jambes et mollets réclament de concert un peu de repos au camping d’El Calafate. Nous y parcourrons néanmoins, faut pas baisser la garde, à proximité une lagune abritant une jolie colonie de flamants roses et divers canards et oies peu ordinaires.
  

  
 

                              Dans la lagune d’El Calafate
 Je passerai le lendemain en tête à tête avec le chauffage avant de Franky, celui-ci lui prit la bonne idée de laisser son confrère arrière la lourde tâche de réchauffer l’habitacle à lui seul depuis notre arrivée en Patagonie. Testé pièce par pièce, relais, disjoncteur, fusible, thermostat, interrupteur, cheminée, il s’entête…
… on pose, on fait un tour en ville…
…c’est au retour par inadvertance que ma recherche m’incite à fouiller sous le réfrigérateur au fin fond d’un compartiment technique encombré où un boitier dit « intelligent » mérite un lifting. Dix-neuf heures, contact et notre appareil réagit promptenant. L’équipage est rassuré pour affronter les frimas attendus. La récompense se fera au resto par un délicieux « assado »traditionnel, à savoir un copieux plat taillé dans un des moutons entiers qui tournent sur le feu de bois depuis cet après-midi. Inutile d’en dire plus sur la saveur extraordinaire de cette spécialité patagonienne. 

                               L’assado patagonien, on recommande !



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