Le lundi, la marée haute est annoncée pour six heures ou passé dix-huit heures, plus difficile encore de prévoir un long affut sauf à se lever à trois heures et demi du matin. Comme le succès est loin d’être garanti, nous décidons à tort ou à raison, de rejoindre la pointe isolée de Ninfas où des éléphants de mer sont fréquemment observés. Seul ennui, c’est deux cents kilomètres de ripio allé et retour pour la guimbarde… et l’équipage. L’idée est d’approcher davantage ces hôtes sachant que nous serons hors parc national. Exécrables les cent derniers kilomètres, fréquente tôle ondulée qui frise les vingt centimètres d’ondulation, brouillard marin à l’arrivée et plage à peine visible du haut des trente mètres de la falaise. Nous suivons néanmoins précautionneusement celle-ci sur quelques centaines de mètres pour ne rien découvrir sur les galets qui roulent inlassablement. Dans ce no-mans-land noyé dans ce brouillard obscur, il est décidé de ne pas insister davantage. Une brève éclaircie nous autorise un piquenique frugal. Deux autres véhicules sont apparus. Le spot de l’année n’étant pas pour aujourd’hui, nous reprenons la route inverse sans tarder, l’idée étant que notre guimbarde ne soit pas le dernier véhicule à circuler sur cet itinéraire lugubre et sans issue.
Juste du brouillard et des galets ici, mieux vaut ne pas compter sur le téléphoneLe lendemain, nous rejoignons le camping de Puerto Madryn où lessive, bonne connexion, supermarchés et dépôt de gaz à proximité autorisent une bonne mise à niveau. Entre temps, visite des deux petits musés à proximité. L’un porte sur la faune marine locale fort bien conçu, l’autre sur le débarquement en 1865 des premiers colons gallois venus s’installer pacifiquement dans la région. Agriculteurs pour la plupart, leur installation se révélera difficile durant plusieurs années dans ce désert stérile. Une proche vallée plus fertile d’un fleuve côtier leur sauvera la mise.
Mémorial aux premiers colons Il est grand temps de reprendre la route du sud, un spot renommé pour l’observation des manchots de Magellan est mentionné sur tous les guides. Juste une précision, manchots ou pingouins ?...
Ici, à tort ou à raison, il est dit que dans les langues espagnole ou anglaise courantes, seul le terme de pingouin est utilisé. Or, chez nous, il est admis que les pingouins volent (un peu) et ne sont présents qu’en hémisphère nord, alors que les manchots ne volent pas est sont présents en hémisphère sud. Punta Tombo accueillerait…
…neuf cent mille à un million de manchots de Magellan !!!
Il est bientôt quinze heures trente, l’idée, se stationner au dernier village de Dos- Pozos repéré sur la carte et se présenter à l’entrée du site le lendemain matin. Seulement…
…Dos-Pozos…
… n’existe pas !...
Nous apprendrons au retour qu’il ne s’agit en fait de deux vieilles bâtisses abandonnées utilisées autrefois comme relais postal. Pas trop le choix que poursuivre et entrer dans le parc avec pour conclure trente kilomètres de piste au ripio toutefois assez confort. Seulement, à l’arrivée, le garde nous fait bien comprendre qu’il y est interdit de stationner de nuit. Sans village à moins de deux cent kilomètres, il nous invite à nous présenter dans les deux estancias les plus proches.
Le propriétaire de la première nous refuse l’entrée, par contre la femme de la seconde, pas désintéressée par les visiteurs de manchots nous autorise moyennant trois cent pesos (18.00€) l’entrée et le stationnement pour la nuit. Ils y pratiquent d’ailleurs, sur réservation, table et chambre d’hôtes.
Nuit brumeuse dans l’estancia