Le rare hoazin Au retour Manuel fait un crochet en arrière d’une avancée de palétuviers où brièvement plusieurs dauphins roses vont effectuer leurs cabrioles sous nos yeux émerveillés. Extrêmement furtifs, pas évident de réaliser de bons clichés, seuls demeureront les souvenirs d’instants magiques. Encore une belle découverte à quelques minutes de navigation à travers les plantes aquatiques envahissantes, Manuel devra à plusieurs reprises relever le moteur pour dégager son hélice, et parmi cette jungle aquatique, se dégagent plusieurs espaces où prospèrent à nouveau nombre de nénuphars Victoria. Un peu plus jolis que ceux observés la quinzaine passée au départ de Manaus.
A nouveau quelques nénuphars Victoria Seize heures, pour la forme, Manuel nous propose une pêche aux piranhas où nos compatriotes brésiliens se montrerons plus performants que nous. Il est à noter que j’avais davantage le nez en l’air à l’affut des oiseaux qui reviennent à leur perchoir nocturne. Le retour nous gratifie d’un coucher de soleil insolite sur le fleuve. C’est à nuit noire que nous débarquons ravis de cette expérience.
Fin de journée sur la berge Passés quelques jours il nous faut rejoindre Belém sur le delta du fleuve. Bien savoir qu’à l’issue du parcourt en bateau Manaus / Santarem mes intestins n’ont guère apprécié la cuisine du bord. A savoir s’il s’agit bien de la bouffe exécrable en question où l’eau « filtrée » disponible à bord ou bien encore ce traitement anti paludisme journalier que nous absorbons depuis notre arrivée. Traitement que je stopperai quarante-huit heures pour constater que tout rentre rapidement dans l’ordre. Curieusement Françoise reste insensible à ces effets. Si le bateau reste une expérience aussi singulière qu’inoubliable, trois jours supplémentaires risquent de générer une certaine monotonie et être longuets. On ignore si le cuisto est de la même école !
Par ailleurs, observer les méandres de l’Amazone au cœur de la forêt vierge depuis les airs reste bien tentant. C’est ainsi qu’on débarque à Belém avec deux jours d’avance sur le bateau avec les intestins en parfait état !
Vue d’en haut… pour changer un peu Belém son port, son marché. A vrai dire, pour nous, un peu une répétition de Manaus. Toutefois, le marché vaut bien le détour avec ses montagnes de fruits exotiques, ses poissons frais pêchés, ses légumes bizarres, ses herboristes presque gourous et leurs poudres de perlimpinpins.
Au marché de Belém Une bonne note est à accorder à la restauration des anciens docks convertis en lieu de détente avec galerie d’artisanat, restaurants proprets et glaciers. Les structures métalliques sont bien mises en valeur, beaucoup de lumière et en extérieur, jolie balade le long des quais avec en mémoire, les anciennes grues de déchargement qui ne manquent pas de souligner cette note de nostalgie d’une grande époque.
Les anciens docks Un joli musée archéologique retient notre intérêt, en particulier quelques gravures faisant états des premier colonisateurs confrontés aux mœurs cannibales bien marqués de l’époque. L’anthropophagie étant semble-t-il une pratique courante.
Au musée, petit rappel sur l’anthropologie d’un passé pas si lointain Petite soirée au resto des docks, pour une viande grillée accompagnée de riz et manioc mais encore de banane, ananas et orange caramélisés, un délice. Les boissons communes restent bières et «
Suco » de maracuja ou de limon, traduits jus de fruits de la passion et jus de citrons verts. Resto peu éloigné de notre chambre, il est néanmoins prépondérant de rentrer en taxi le soir venu. La sécurité n’étant pas vraiment de mise le soir et les dimanches dans les rues désertes. Nous en ferons l’expérience le dernier jour, ou un malandrin après quelques comportement douteux bien observés par Françoise s’en prend prestement à mon petit sac à dos. Gringalet miteux, il nous sera aisé de le repousser tout en ameutant les quelques passants encore présents ce dimanche après-midi. Une voiture de police passe et cueille le fuyard sur le trottoir d’en face.
Ultime étape en Amazonie au départ de Belém, dans le delta du fleuve, l’ile fluviale de Marajó. Elle serait la plus grande ile fluviale du monde, grande comme la Suisse, les trois quarts sont marécageux et le reste partagé entre quelques immenses fazendas spécialisées dans l’élevage de buffles, deux villages existent. Si nous prenons le bateau de liaison pour ce lieu perdu et inconnu de beaucoup, il y a certainement de bonnes raisons. En effet, plusieurs reportages font état du seul escadron de police montée militaire à dos de buffle au monde. Ces animaux sont très à l’aise dans ces marécages pour filer contrebandiers et autres braconniers de tous poils.
Sur l’ile de Marajó La seconde reste l’accessibilité relative permettant la possibilité d’observer des colonies d’ibis rouges. Au débarcadère, un bus prend le relais pour Soure, l’un des deux seuls villages de l’ile. Il faudra encore un bac pour franchir un bras mort du delta et atteindre enfin une charmante petite poussada, tenue par un couple français, et équipée de quelques chambres pour les rares voyageurs qui viennent trainer ici. Entre-autre, on nous conseille à une dizaine de kilomètres, la visite du hameau des pêcheurs, sa plage et sa mangrove. Pour quelques reals, un taxi nous y dépose. Rendez-vous est pris pour le retour vers quatorze heures car ici, pas de transport en commun fiable. Immense plage déserte au sable blond, mangrove impénétrable en arrière, juste un endroit qui ressemble à un premier matin du monde. Un lent buffle, son chariot et son maître rompent la quiétude. Nous marcherons un long moment vers une anse du fleuve à marée basse où reposent nombre d’embarcations colorées. Un sentier sablonneux pavé d’éclats de noix de cocos nous mène à ce petit quartier aux maisons de bois bien ordonnées autour de son église.
Une école, on s’approche, ouverte, on entre sur le pas de la porte et saluons élèves et maîtresse. Un « hola » nous est adressé en cœur par ces adorables enfants. Certains viendront câliner Françoise la qualifiant de « vovo », terme familier de mamie en portugais.
Une palapa sur la plage ressemble à un restaurant fermé. On demande s’il est possible de nous servir quelque chose. Pas de soucis, quelques crudités et un steak de buffle nous sont mijotés avec le sourire de bienvenue. Une paillotte et un hamac pour une courte sieste que demander de mieux ? Ce sont deux femmes qui s’attablent à nos côtés et qui, au fil de la conversation vont nous proposer de nous reconduire en voiture. Nous remercions car notre taxi doit venir. Mieux, un seul hamac est présent, elles hèlent le jeune métis tout sourire afin qu’il décroche leur hamac inutile pour l’offrir à Françoise !...
… ce monde latino n’en finit pas de nous surprendre par son accueil et sa gentillesse.
A l’heure dite, retour en taxi à la poussada avant de trainer un peu dans les rues de terre rouge.
Le lendemain, en relation avec les fermiers, un pickup nous conduit au sein d’un élevage de buffles on nous parle de soixante-mille hectares pour cette exploitation moyenne. Si le fait de monter à dos de buffle quelques minutes tient un peu du manège, nous attendons beaucoup de notre rando tranquille à travers étangs, prairies et forêt tropicale accompagnés du vétérinaire de l’établissement. Un second jeune couple s’intéressera aussi à l’observation des multiples oiseaux présents quand deux nanas et un gamin ne vont cesser de jacasser, rire aux éclats comme des folles et se contenter de se prendre en photo mutuellement avec leur portable. Mais qu’est-ce qu’elles foutent ici à nous emm…
Piste boueuse et… …folklore local