Amazonie SUITE 1
SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 

                                                    Bétaillère, version Amazonie !

Passé un temps la monotonie du paysage s’immisce et c’est l’activité sur le fleuve et ses berges qui distrait un moment. Nous prendrons nos premières marques parmi la multitude de hamacs multicolores pour la sieste. Un festival d’immersion dans la vie quotidienne de la région. La grand-mère garde un œil sur les enfants qui jouent, des hommes palabrent, une maman métisse s’applique sur son ouvrage en crochet, mon voisin lira durant deux jours, les vieux dorment et les jeunes femmes caboclos allaitent.
  
                                       Vie paisible à bord

Des repas payants sont servis vers onze heures et dix-sept heures trente, Plus exécrables les uns les autres, crudités fanées, riz et spaghettis froids, lasagnes en purée grasse…
…tu mangeras pour te nourrir…
… la distraction reviendra aux brèves escales où une activité intense explose dès les amarres assurées. Une armée de petits vendeurs à la sauvette passent à l’abordage proposant fruits divers, lunettes de soleil, transistors archaïques, chargeurs et accessoires pour téléphones mobiles etc…etc… La palme reviendra à ce village isolé où l’absence de quai est compensée par la présence d’une vieille barge. Cinquante villageois bigarrés sont là à attendre le passage du San Maria de Nazaré. Lui, sur sa tête, récupère son frigo neuf, l’électricien va décharger des dizaines de bobines de câbles électrique, l’autre des pneus de moto et ainsi chacun envahit le pont inférieur à la recherche de son colis, sa machine à laver, son sofa en équilibre et que sais-je encore.

   
            A la main, on livre un frigo, à la main toujours 1000 cartons de vinaigre !
 Durant ce temps, une vingtaine de candidats perches démesurées à la main et petits « plats préparés » tentent leur petit commerce…
… pour bien comprendre…
… les plus hautes perches frôlent les six mètres. Trente centimètres sous l’extrémité, un crochet, tout au bout, une demi bouteille plastique inversée coincée par son goulot…
…le principe…
…du second, troisième ou quatrième étage du bateau, le passager commande leur plat au vendeur hurlant. L’assiette jetable et son couvercle dans le sac plastique s’accroche au piton et vas-y pour un envol du menu. L’acquéreur saisit son plat met ses billets dans la demi bouteille, l’argent redescend passe dans la poche du vendeur qui renvoie la monnaie à son client par la même demi bouteille ! Il va sans dire que chacun se doit de hurler plus fort que son voisin mais, à priori, le système est bien rodé.

  
                               Plats préparés à volonté et paiement cash !

 Durant cette joyeuse kermesse, deux véhicules devront quitter le bord sur deux planches fatiguées, vraisemblablement, si acrobatique soit elle, la technique est elle aussi bien huilée…
…attends…
…ce n’est pas fini…
… souviens-toi, les mille cartons de vinaigre blanc…
…c’est pour ici…
…On peut t’assurer que l’amazonien maîtrise parfaitement le « lancé de carton de vinaigre » !...
Une demi-douzaine d’hommes feront une « chaîne » effrénée afin de s’envoyer un par un les mille cartons de douze litres qui en peu de temps seront sur la barge.
La sirène retentit, le bateau glisse à nouveau au rythme tranquille de l’Amazone. Le soir venu, le brulant du soleil s’apaise quand le grand astre embrase grands arbres et douces nuées. Le crépuscule inonde le pont, juste de rares veilleuses bleutées engendrent quelques ombres fantomatiques parmi les hamacs, puis chacun s’endort paisiblement. Une escale de nuit réveillera certains. A terre, tout le village est sur le pied de guerre, des marchandises quittent le bord, entre autres, deux vélos, deux motos et un congélateur étaient attendus.
Lever du jour rare, le fleuve s’est élargi considérablement, le commandant choisit, rive droite, rive gauche, selon les bancs de sables qui évoluent en fonction des crues annuelles. La journée s’égrène mollement. Canon en batterie sur le pont supérieur, lors d’une escale plus calme, des dauphins roses jouent dans un repli calme à l’écart du courant. Bel instant que celui-ci, les dauphins roses étaient sur la liste de nos fantasmes amazoniens. J’ai oublié de te dire, mais au départ de Manaus, lors de notre « pseudo expédition de groupe » l’observation de dauphin roses étaient au programme. La seule chose, ce jour-là, difficile de s’imaginer avoir affaire à des animaux sauvages. En effet, aux pieds d’une maison flottante, par groupe de dix, chacun s’immerge dans l’eau de ce bras mort du fleuve et ces joyeux mammifères bien élevés et bien nourris se prêtent volontiers au chahut avec ces humains curieux. Un spécimen ira jusqu’à se faufiler entre mes jambes. Pas un Marineland, mais ça y ressemble. Très peu pour nous ! Aujourd’hui, cet ombre à notre tableau s’est effacée avec cette observation qui se renouvellera une seconde fois un peu plus tard. Bien noter que si certain de ces animaux sont intégralement roses, la plupart ne présente cette teinte que sur leur ventre et à l’envers des nageoires.
                                                                                        
Les dauphins roses d’Amazonie
Ici, une photo « empruntée »,                                      ici, je n’ai pas pu faire mieux !

Ce sera nuit tombée que le San Maria de Nazaré accoste à la petite ville de Santarem. Sac à dos et bagages secondaires sont engloutis dans le coffre du taxi qui doit nous mener à Alter o Chao, village choisi pour sa situation en lisière de jungle néanmoins accessible par une trentaine de kilomètres asphaltés. Nuit noire, notre chauffeur devra s’informer à plusieurs reprises pour trouver la Poussada do Trapajo. Un peu chambre d’hôtes, Maria, Manuel et leurs enfants reçoivent volontiers quelques voyageurs dans leur coquet petit domaine. Rustique mais soigné et propre, une chambre et sdb dans un bungalow de bois, une grande cuisine commune à disposition, espace nature et palapa aux hamacs   
accueillants, nous jetons l’ancre ici pour une durée indéterminée. Bien savoir que si Alter o Chao, est bien connu des habitants de Santarem c’est surtout pour la présence à la saison sèche de ses plages de sable blond bordant la rivière Tabajo. Les eaux non limoneuses comme l’Amazone invitent ainsi mieux à la baignade familiale. Aujourd’hui, fin de saison des pluies, les palapas de palmes estivales et les plages polynésiennes sont sous l’eau et les touristes absents et c’est très bien ainsi. On ne traverse pas la planète pour faire « la crêpe » sur une plage, c’est bien la forêt inondée qui nous intéresse. Néanmoins, carte topographique en mains, un minimum de réseau routier semble présent. On trouve donc une voiturette à louer à Santarem…
…pas le meilleur plan…
…si effectivement deux routes quittent la ville de Santarem, ici, seulement trois kilomètres de macadam puis seulement de la piste en terre. Si on s’en doutait bien, une bonne piste est meilleure qu’une mauvaise route, mais le fait d’être en fin de saison des pluie, camions et pickups 4X4 ont bien défoncé le réseau et notre Fiat n’apprécie pas du tout.
  
                                 Un soir à Alter o Chao
  
        Les routes amazoniennes                            le livreur de poissons
 Contraint de faire demi-tour, nous envisageons avec Manuel (le proprio) comme guide une expédition en lancha, à la carte et à notre portée. On explique ce qui nous intéresse et rendez-vous est pris pour le lendemain de bon matin avec un couple de brésilien de Sao Paulo. Propulsé par son puissant hors-bord, le guide nous dépose à proximité d’une grande case ou un jeune indien prend le relai à bord d’une sorte de canoé à fond plat d’une stabilité « limite ». Juste quelques coups de pagaie simple, sans bruits, l’indigène nous fait découvrir le sous-bois où la végétation explose de luxuriance. On se slalome lentement à travers les grands arbres ou oiseaux divers et petits singes vivent leur vie. Quelques chauves-souris sont au repos sur leur tronc quand quelques araignées notoires s’agrippent, prisonnières de l’arbre qu’elles ont choisi avant la montée des eaux. La vigilance portera davantage sur le risque des éventuels serpents parmi les lianes et branches mortes qui barrent parfois le passage. L’indien nous indique plusieurs pieds d’orchidées et autres épiphytes mais malheureusement les quelques fleurs encore présentes sont sèches de longue date.
  
  
  
                                  Dans la jungle inondée  
 Passé cette belle immersion dans ce lieu somme toute hostile, les caïmans sont légions mais discrets, Manuel, à bords de sa lancha en aluminium nous conduit à vive allure où le « tape-cul » est assuré à une quarantaine de kilomètres en amont du fleuve Tapajo ou une amie tient un modeste restaurant pieds dans l’eau. Un super poisson grillé accompagné de riz, manioc et banane plantain nous régale.
                               
                                          Un délice…
 Nous rembarquons pour nous enfoncer plus encore vers une cabane sur pilotis où Pablo, un caboclo pur jus, prend le relais à bord d’une embarcation traditionnelle. Sécurité oblige, Pablo se munit de son coupe-coupe afin de palier à une éventuelle rencontre non désirée. Rassurés ou pas, par quelques coups de rame discret nous nous immisçons à nouveau à travers la grande forêt où Pablo a le don de repérer singes, paresseux, iguanes etc…
  
                           Nouvelles découvertes en sous-bois

Dans la canopée… les discrets paresseux

 



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