SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
    
                                Les marmites du diable 
   
                                       …si, si, nous sommes bien sur Terre.       

  
                                                                     L’irréalité, ça existe…  
   
                                                         … Je confirme
Entre temps, circulant sur les petites routes du secteur, il n’est pas rare de stopper à chaque kilomètre pour observer toute une faune abondante et peu farouche qui sur ce continent ne s’est jamais trop inquiété de la présence récente de tous ces humains, qui plus est dans un parc national plus que centenaire. Premier événement du genre, en bordure de rivière, plusieurs photographes animaliers, zooms de paparazzi en batteries traquent un couple de loutres en pleine effervescence. Moins bien équipés, nous tirons néanmoins quelques images correctes.
    
Un couple de loutre dans le Yellowstone River                    Un wapiti


      
 
 Proche de là, nouvel arrêt safari, c’est un Wapiti qui paît en toute quiétude sur la berge. Un temps plus tard, c’est un couple de pygargues à tête blanche qui pose dans les hauteurs d’un grand pin Douglas. Ici, sans pavoiser pour autant, je me satisfais de mon cliché amateur. C’est en nous dirigeant de geysers en geysers qu’au détour d’une clairière, un monstrueux bison apparaît. Sans doute un bon vieux mâle solitaire mais ô combien respectable.
  
Pygargue, emblème des Etats Unis                               Bonjour…
 


 
     
                                                            Un vieux mâle impressionnant
 Pour la photo du jour, prudemment, je descends du véhicule, j’invite Françoise à laisser la porte ouverte en cas de besoin d’une retraite urgente. Il est indiqué partout que tout animal sauvage reste imprévisible en tous lieux et toutes circonstances. A une vingtaine de mètres, la raison me fait stopper, il broute, indifférent à notre présence, fait deux pas, relève sa tête monumentale. Ma témérité s’arrêtera à la deuxième photo pour réintégrer Franky vite fait ! Au cours de la journée du lendemain, ce seront plusieurs troupeaux de plusieurs centaines de bisons que nous découvrons au fil de la route.
   
             Journellement, des centaines de bisons sauvages un peu partout 
Mieux encore, attardés sur une route barrée, solitaire et sans issue, quelques chasseurs d’images visent un horizon incertain dans les ors du déclin hésitant du soleil. Qu’en est t il donc ?
__ Wolf… Wolf…, nous dit l’un d’eux.
__ Yes, ok…
Jumelles rivées sur l’immense prairie, Françoise repère un couple de loups en chasse. Jusqu’au crépuscule, nous assistons à un rarissime spectacle. Hautes herbes et éloignement interdisent une photo décente, seule l’optique du caméscope autorise une prise de vue qui reste néanmoins fort médiocre. Un autre jour, alors que nous nous étonnions de voir chaque arbre dépourvu de leurs écorces fraichement arrachées, renseignement pris, c’est en fait l’œuvre des grizzlis présents dans tout le massif des Montagnes Rocheuses du nord. Bien discrets, nous n’aurons pas l’occasion de faire connaissance cette année. Rendez vous est pris pour 2010 en Alaska ! Ce soir là, sur le retour notre soif de faune sauvage s’étanchera sur une horde d’une dizaine de biches sévèrement encadrées par un grand cerf aux bois impressionnants. Durant prés d’une heure, en robe du soir, cette clairière aux longues herbes d’or va rester le théâtre des ébats de ces demoiselles et leur prétendant. Quelques wapitis se mêleront à la danse.
          
                                          Au spectacle de ce soir
  
            Patricia et Richard
 Il fera nuit noire pour retrouver en milieu de forêt notre place au petit camping rustique. Allées étroites et arbres inclinés, c’est au pas que nous progressons dans ce dédale quand, dans la lumière des phares, une plaque d’immatriculation peu commune ici m’interpelle. C’est bien une plaque française. Qui plus est : 34, l’Hérault, autant dire des voisins ! Stop immédiat, on se présente à peine…
… nous voici reconnus…!!??
… En fait c’est Richard et Patricia, qui poursuivent le même rêve que nous. Peu avant leur départ, soucieux de trouver un assureur pour leur véhicule tout neuf, nous avaient contactés par courriel pour s’informer sur le sujet. Depuis, nous les savions sur le continent, nous échangions quelques mots de temps à autre et chacun vivait sa vie. Et ce soir, par le plus pur des hasards, on se croise ici, dans ce même petit camping perdu en pleine forêt de Yellowstone. Dés lors, petite bouffe de circonstance à bord, discussions sympa sur le voyage et les projets jusqu’à une heure du mat’. Nous nous retrouverons toujours par hasard dans les parcs nationaux suivants durant une période. Puis, bientôt, nos routes vont se séparer un peu. Nous, voyageurs flâneurs, eux pressés de faire du sud et gagner bientôt le Mexique pour cause de visa et de contrôle de garantie de leur véhicule. Absent des USA, Peugeot, présent au Mexique pourra répondre à leur attente. Plus tard, nous ferons brièvement connaissance d’un camping car belge en route pour le tour du monde.
                Le réveil trouble du lendemain n’empêchera pas la poursuite de la découverte du grand canyon de la Yellowstone River. Une petite route existe sur chaque rive, nord ou sud. Quelques sentiers balisés permettent les approches les plus spectaculaires. Déjà, une cataracte démente te met dans l’ambiance, la chute de la tumultueuse rivière encadrée d’immenses falaises aux roches multicolores soulignées d’un soleil sur fond de ciel d’azur, ne peut laisser personne indifférent à tant de beauté. Poursuivant le sentier forestier, le canyon redouble de gigantisme, de sculptures des diables, il se pare d’une arrogance de couleurs que tu n’imagines même pas dans tes rêves. Un promontoire rocheux va permettre une vue d’enfilade inoubliable avec en toile de fond la puissante chute de la Yellowstone River signée d’un ciel pur cobalt. Impossible de rester insensible, en aucun cas tu sors indemne de lieux comme ceux-ci…
… et moi…
… planté là…
… à force d’admiration, un émoi, impossible à contenir, immensément intense va m’inonder insidieusement, des larmes de pur bonheur vont me pleurer sur le visage durant un long instant, souffle court, incapable d’articuler le moindre mot. Plusieurs minutes passeront ainsi avant de quitter cet état second, ce nuage évanescent, cette si légère feuille d’automne qui m’a porté si loin par ce doux zéphyr des Dieux…
Et si j’avais atteins l’inaccessible étoile…?
Françoise me pris dans ses bras, comme deux enfants innocents, rien n’existait plus autour de nous.
Confus, un long moment s’est passé avant de remercier le ciel d’être ici et poursuivre notre chemin.
                   
                         La cataracte de la Yellowstone River  



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