SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Grand ménage, nettoyage carrosserie, internet et divers sont de rigueur. Une grande ballade sur la plage quasi déserte nous fait découvrir le voisinage. Rien de notoire hormis palaces géants et hôtels à deux rangées d’étoiles pour nord américains aux poches submergées de billets verts. D’ailleurs, les quelques rares occupants du camping ne prêtent aucune équivoque au regard des installations. Caravanes énormes et camping cars géants installés à l’année avec vérandas et toiture en feuilles de palmes, d’ailleurs très bien réalisées par les locaux.
     
              Construction d’un abri en palmes                     cocos sur la plage

 


                               Le pacifique, un soir d'avril…

En soirée, l’équipière m’entraine à voir en arrière du camping une enfilade de marchands du temple. Seuls touristes encore présents, les américains du camping, troisième âge pour la totalité, sont tous rentrés. Harcelés à chaque stand par ces vendeurs de babioles made in china, nous quittons rapidement les lieux. Le surlendemain, nous décidons de changer de camping pour nous rapprocher de la ville. Il nous faudrait trouver en librairie un nouveau « guide du camping au Mexique ». Le nôtre, trop ancien, gentiment offert par nos amis Claude et Alain qui remontaient d’Amérique du sud l’an dernier n’est plus vraiment très fiable. Un peu attardés par nos courses principales nous remettons au lendemain cette recherche. Plan en main, nous sillonnerons donc la ville, trouverons les librairies qui nous furent  indiquées, mais, de guide, point. A midi, stationnés dans une ruelle secondaire du centre, nous déambulons un peu à la découverte de plusieurs anciennes bâtisses d’architecture hispanique. Il nous vient de manger dans une petite gargote locale. Bien en peine avec le menu, nous commandons ce que nous connaissons, des tacos (sorte de crêpes de maïs farcies). Incompréhension dans la garniture, aujourd’hui, ce sera des tripes ! En dessert, méga coupe de fruits nature pour Françoise, la même pour moi avec en prime yaourt, noix, raisin secs et céréales diverses. Six euros pour deux, si la gastronomie reste modeste, la caisse du bord appréciera.
  

  
                                   Sur la route de la sierra

                Deux jours durant, nous faisons route vers la sierra Tarahumara. Importante chaine de montagne aux canyons particulièrement difficiles d’accès. Sur le parcours, la traversée de Culiacan, ville moyenne va donner quelques frissons glacés à l’équipière. A quatre ou cinq reprises, d’impressionnants barrages de police vont se succéder. Tenues de combat, cagoulés, lourdement armés ce sont des pelotons d’une cinquantaine d’hommes qui sont ainsi postés à plusieurs carrefours en sortie de ville prêts à dégainer. L’un d’eux, en option «  lunettes noires guerre des étoiles », tout en nous indiquant d’avancer, est assuré de nous laisser, malgré lui, un souvenir éternel. Un camping fantôme de plus dans la zone, nous voici à nouveau stationnés sur une station service à camions. Sauf que, le soir, pas de camions, superette et cafétéria fermée. Seules brillent encore les enseignes des pompes. Un semi remorque viendra se garer sommairement à une cinquantaine de mètres. Passé le souper, nuit tombée, un premier événement n’échappe pas à l’équipière. Une dizaine d’hommes sortis de nulle part courent, embarquent dans le noir, puis, le camion redémarre tous feux éteins et disparaît…
…bizarre…
… un moment plus tard, deuxième intrigue. Deux pick up s’engagent en terrain vague derrière la station. Durant dix minutes, deux hommes s’activent alors qu’un troisième véhicule resté prés des pompes semble faire le guet. Rapidement, tous disparaissent dans l’obscurité.  
Hantée par le déploiement de force de cette après midi assorti de ces faits curieux, Françoise voit noir. Nous allons converser quelques mots avec le pompiste de garde qui se veut rassurant et nous invite à nous stationner juste sous les lumières d’une pompe non utile pour cette nuit.  Sommeil hachuré suivi d’une journée  insipide.
A noter qu’au petit matin, nettoyant consciencieusement le pare brise, je me fais attaquer aux jambes par un escadron de microscopiques moucherons noirs. Le lendemain, c’est chacun de nous qui subirons à nouveau les assauts de ces bestioles infâmes qui, insidieusement te sucent jusqu’au sang laissant piqûres et démangeaisons féroces pour une bonne semaine.  
Los Mochis, point de départ pour remonter ces hautes vallées reculées est atteint vers midi. La petite route d’El Fuerte agréable nous fait découvrir déjà un peu la vie des autochtones du lieu. Dés lors, aucune route carrossable ne gravit le sud de la sierra Tarahumara jusqu’à Creel, dernier village niché à 2260 mètres d’altitude. Seule une ancienne voie ferrée permet la traversée de cette zone. Voie ferrée unique crée à l’occasion de découvertes de minerais précieux dans la sierra. Une prouesse technique pour l’époque, imagine…
…quatre vingt six tunnels et trente sept ponts !
Arrivés à El Fuerte, petite bourgade agréable, les deux campings du guide sont à nouveau inexistants. Se renseignant où se trouve la « Palacio Municipal », un mexicain super sympa monte dans son vieux pick up et nous y conduit spontanément.
    
                               Belles maisons coloniales
Un point tourisme assez sommaire y est présent. Tant bien que mal, nous prenons bonne note des horaires du train pour Creel…
… « Du » train, oui…
… car, voie unique, un seul train monte ou descend chaque jour…   
…mais pourquoi donc s’entêter à grimper là haut ?...
…déjà, la voie traverse des paysages de montagnes intéressants en remontant plusieurs canyons découvrant ainsi plusieurs villages isolés. Puis arrive Creel. Important point de communication des indiens Tarahumara. Communauté autochtone fièrement attachée à leurs traditions ancestrales. Les Tarahumara ne se sont jamais soumis aux conquistadors espagnols, ni aujourd’hui aux règles de la fédération mexicaine. C’est ainsi que, contraints, au fil des siècles ils ont tout fait pour  maintenir ainsi leur mode de vie traditionnel  au fin fond de leurs montagnes arides quasi inaccessibles. Vivant en communauté pour certains encore dans des grottes ou troglodytes naturelles, pour d’autre dans de très sommaires maisons de bois, ils pratiquent une forme de transhumance. L’été, sur les hauteurs, l’hiver dans les vallées, un maigre bétail les accompagne. Nous avons compris qu’ils s’inquiètent d’une sécheresse persistante qui altère leurs maigres cultures. Quelques arpents de maïs de haricots et de piètres céréales se refusent à germer tant la terre poussiéreuse paraît stérile…
…réchauffement climatique ?...
…Je n’aime pas beaucoup cette citation à la mode. Banalisée chez nous avec pour autant,  bains et douches journaliers pour beaucoup, lumières multiples qui restent allumées nuits et jours, véhicules par millions etc.…
… N’avons-nous pas tendance à penser que les médias nous « bassinent » à nous rabâcher ces paroles à longueur d’années ?...
… ici, (mais pas qu’ici) tu n’oses pas imaginer un seul instant que nos sociétés dites évoluées, de par leur gaspillage, privent ces indiens Tarahumara (et d’autres) de leurs maigres récoltes, seule source de survie. Ne demandant rien à personne depuis des siècles, se satisfaisant d’une vie simple, en autarcie et malgré tout heureuse…
… nous ressentirons une certaine honte issue d’un sentiment de soi disant impuissance à aider ces hommes, ces femmes, ces enfants.
Le voyage en classe « économica » mêlés aux autochtones ne manque pas d’originalité. A chaque arrêt, souvent en pleine campagne, chacun s’active à débarquer les quelques achats faits en ville, nombreux sacs de pommes de terre, seaux, cartons multiples et j’en passe. Mexicains pour la plus part, mais aussi quelques couples de Tarahumara en tenue traditionnelle, les mamans et leur jeunes enfants dans le dos. Lors d’un arrêt au milieu de nulle part, je donnerai volontiers un coup de main au débarquement d’un attirail hétéroclite à une famille indienne. Pas de quai, tout est entassé sur les voies le temps de s’organiser pour atteindre à pieds, parfois avec un âne leur bien modeste lieu de vie.  
  

  
                                     A bord du train pour Creel

A bord, la sécurité est assurée par quatre policiers, carrures rugbymans finalistes, armés de pistolets mitrailleurs. Tu ressens comme un petit air de western du temps passé…
…Il y aurait-il risque d’attaque du train !
    

   
                                      Dans les rue de Creel    
Au terme de six heures de voyage, nous déposons nos sacs à dos dans une modeste chambre de l’hôtel Margarita à Creel. Le patron nous propose ainsi qu’à deux espagnols, une anglaise et deux jeunes américaines de nous faire découvrir en 4x4 les confins de ses montagnes. Rendez vous est pris pour neuf heures le lendemain. Le petit déjeuné sera composé d’une sorte de polenta liquide accompagnée d’une banane, d’une omelette et deux tortillas au jambon.
Véhicule mis à rude épreuve par des passages obligés sur de gros rochers émergeants et quelques gués de torrents, nous entrons bientôt dans le territoire protégé des Tarahumara. Cochons noirs dans la rivière et poules dans les habitations vont être le lot du moment. Quelques familles bien connues de notre guide ont décidé de céder un peu au profit du modeste tourisme qui accepte de grimper jusqu’ici. Doués dans la réalisation d’un artisanat de qualité, cette activité ancestrale de fine vannerie apporte à ceux-ci un incontestable complément de revenu. Une escale à proximité d’une grande grotte ouverte va bousculer sévèrement nos esprits occidentaux. Parmi d’autres, une famille vit là avec enfants et volailles mêlés. Entre les roches du fond, une fumée s’élève, c’est la cuisine. Les ustensiles sont disposés sur des planches calées par de grosses pierres. En arrière d’une plus grosse roche, on devine un semblant de protection d’intimité, vraisemblablement  « une couche ». Plus en avant, une sorte de panneau de bois rassemble le travail d’artisanat à disposition des quelques passants que nous sommes. Nous ne manquerons pas, chacun de nous, de nous enquérir de quelques jolis objets.
    

   



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