SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 

               Le flot des voitures nous propulse au sud de la ville. Rapidement, un no man land d’une trentaine de kilomètres à travers palétuviers et marais herbeux nous conduit au premier des quarante deux ponts qui relient entre elles les îles de l’archipel des Keys. Spectacle sympa de passer ainsi d’île en île à bord de Franky sur près de deux cent kilomètres. Evidemment très prisé, fort peu d’endroit où bivouaquer gratis et sympa. Propriétés privées, hôtels et entreprises de tourisme scotchent les rivages.  La première nuit, nous devrons nous contenter d’un parking de magasin. Un peu frustrant tout de même.
                  
                          Faute mieux, nuit sécurisée sur le parking de magasin
 Le lendemain, nous comprenons vite que seuls les campings privés nous permettrons de profiter des lieux au mieux. Sauf que…
…notre nuit, en soi disant front de mer, sans plage, derrière buissons et remorques à bateaux nous est facturée quatre vingt dix huit dollars ! Chacun comprendra que la caisse du bord déjà boiteuse n’est pas en mesure d’assurer pareil régime. Vite fait, sur internet, nous recherchons meilleurs plan. C’est sur l’île suivante qu’un camping voisin d’une petite marina nous retiendra pour moitié prix avec prestations égales. Détail curieux, vit sur cette île une race de petits cervidés qui s’est adapté à l’univers marin qui les entoure ; mais aussi à la nombreuse population humaine qui fréquente l’endroit. Ainsi, quelques cerfs ou biches déambulent en cours de journées entre tentes et caravanes. Les plus hardis sous les auvents n’hésitent pas à chaparder quelques nourritures. L’un d’eux au pti déj, sous l’auvent, viendra nous réclamer son pain quotidien, de fait, nous serons amenés à planquer nos tartines beurrées ! L’activité principale des Keys demeure la plongée sur les récifs coralliens du large et la pêche à la langouste. Rappelons que nous ne sommes qu’à quatre vingt dix milles nautiques de Cuba. Un peu fâché avec la plongée depuis cet incident en mer Egée il y a quelques années, nous nous contentons d’observer les plaisanciers rentrer au port avec leur pêche miraculeuse. En effet, sur les tables réservées à cela, se sont de  trente à cinquante langoustes qui sont régulièrement étêtées et nettoyées avant d’entrer dans les congélateurs. L’eau à la bouche, nous offrons à l’un ou à l’autre de leur en acheter une ou deux sans succès…
…grrr !


                    On n’est pas au marché !  Retour des pêcheurs plaisanciers


                                                           ça, c'est juste les têtes à jeter !
 

                Bambi au camping                                    Immatriculation aux Keys !

Climat déjà tropical, la végétation s’éclate sous les quelques trente deux, trente cinq degrés de jour comme de nuit et les chaudes averses journalières. Un discret crabe de cocotier comme voisin nous observe quelques temps. Lors d’une courte ballade, un bel iguane vert électrique pose un instant avant de fuir dans les palétuviers.
                                                                                 Visiteurs d’un matin
   

Satisfaits, nous poursuivrons notre route jusqu’à l’extrémité de l’archipel, l’île de Key West. Plus grande et plus sophistiquée, nous aurions néanmoins aimé en parcourir quelques rues typiques du centre ville. Parkings bondés et dérisoires, nous passons notre chemin et remontons l’archipel par le nord pour atteindre bientôt le parc national des Everglades. Immense zone sauvage et marécageuse de l’extrême sud de la Floride de prés de dix milles kilomètres carrés, nous assurons eau, gasoil et produits frais avant de s’engager. L’histoire veut que nous entrions dans la zone en fin d’après midi sachant que le premier camping se trouve proche de l’entrée. En présentant notre « pass » au ranger de service, il nous semble comprendre que les campings sont gratuits…
…gratuit ???...
…notre anglais doit nous trahir de nouveau. Arrivés sur place, l’accueil est fermé et la barrière bien ouverte. Nous pouvons nous installer gratis effectivement, mis à part…
…la solitude totale en pleine forêt vierge. Depuis son accident de santé de Flagstaff, l’équipière refuse les nuits à ce point isolé. Mais aussi en cette saison les milliards de moustiques voraces qui s’incrustent partout nous dissuadent d’insister…
…intenable dés que tu mets le nez dehors ! Le Routard avait bien décrit le phénomène, gratuité en cette saison pour cause d’envahissement de moustiques…
…on confirme…
…nous ressortons du national  park pour trouver à nouveau le salut d’un parking sans charme d’un magasin à la ville voisine. Le lendemain, nous entrons à nouveau pour découvrir végétation et faune des Everglades.

      
                                                 Il y a du passage ! 
   
Certainement un peu blasés, nous retiendrons simplement nombre d’alligators communs ainsi qu’un crocodile reconnaissable à sa gueule plus pointue et ses canines dépassant davantage. Retenons aussi l’apparition de quelques plantes épiphytes aux hampes de fleurs malheureusement fanées. Confirmation sera donnée au visitor center où la présence de broméliacées et d’orchidées sont bien signalées. Les floraisons sont  indiquées en mars avril…
…dommage…
…Le soir, nous remarquons à nouveau plusieurs lamantins qui s’ébrouent dans un estuaire. Sur un banc de sable, plus au large, quelques rares spatules roses sont visibles aux jumelles, trop loin pour une photo convenable.
 
                Amaryllis                                                    Un monarque
  
    Fruit du nénuphar                         Dipladania libre                 Belle sauterelle  

Réserve de gaz incontrôlée régulièrement, nous nous surprenons dans le rouge…
… depuis combien de temps ?...
…le souci majeur reste le frigo / congélateur...
… nous tentons le camping indiqué à l’extrémité de la route proche d’un poste secondaire de rangers. Des bornes électriques sont installées. Accueil fermé, le paiement peut se faire par enveloppe moyennant une ristourne de 50% du tarif normal. Pas un campeur, Personne à l’horizon mis à part encore quelques milliards de moustiques. L’intérieur des boitiers électriques est envahi de nids d’insectes, de grosses larves ou encore de jeunes lézards apeurés. Je ne ferai que deux tentatives de branchements infructueux de crainte de déranger scorpions où nid de serpents en insistant. Sans électricité et bientôt à cours de gaz, route en cul de sac, bientôt nuit tombante, nous n’avons d’autres choix que de faire demi tour rejoindre la ville à quatre vingt kilomètres d’ici.
  
                                             Rencontres aux Everglades

     
          Crocodile (pas alligator)                                        Tenue de sortie !

    
               Un Cottonmouth famille des mocassins et tout aussi venimeux
   
               Verger de papayers                           les restes d’une belle broméliacée
  
                                  Profusion de plantes épiphytes
                                                                      Curieuses cucurbitacées
 
 L’équipière préconise qu’afin d’économiser une ou deux heures de fonctionnement du frigo au gaz en attente du lendemain, une solution existe. L’idée, nous stationner sur le parking équipé de télésurveillance d’un resto, laisser le diesel tourner (comme les camions d’ici !) et y aller manger. Excellente idée, le frigo se maintiendra bien jusqu’au matin.
Cuve pleine, nous parcourons la centaine de kilomètres pour gagner l’entrée ouest du national park par la route 41. Très belle route suivie d’un cours d’eau riche en vie aquatique et bordée de forêt dense. Nous y observerons, bien plus que dans le national park, hormis la pléthore d’alligators, un foisonnement d’épiphytes de belle taille accrochés aux ramures humides envahies de lichens. Quel doit être la splendeur du spectacle de ces plantes à la saison des fleurs !
Everglade city est une petite bourgade bien proprette et sans grande prétention située à l’entrée du park. Le camping du pays voisin nous dissuade au regard du tarif annoncé. Pour quasiment tiers de prix, une petite auberge nous sert un plat de poisson et fruits de mer en nous offrant son parking pour la nuit…
…meilleur plan !
Cette partie du national park ne se visite qu’en bateau à travers palétuviers, bras de mer, bancs de sable et îlots forestiers. Prix acceptable nous embarquons avec un jeune couple allemand. S’il nous est enfin donné d’approcher de nombreuses spatules rosées que nous recherchions depuis des jours, pour le reste, peu de franches surprises.
   
                                     En bateau à la découverte des timides spatules rosées

 Hérons divers, aigrettes et ibis blancs restent du domaine du déjà vu. Le pilote va se focaliser sur l’apparition furtive de quelques dauphins dans une eau limoneuse. Nous avons connu mieux en voilier à une époque…
…blasés ?...
…peut être un peu…
… s’il était bientôt temps de se poser, assurer l’entretien minutieux de Franky, retrouver les nôtres, soigner l’équipage et préparer un nouveau départ pour l’Amérique centrale ?
C’est à l’île de Sanibel au nord de Naples (pas celui du Vésuve !) qu’un beau camping à petit prix nous accueille pour un moment. Plan d’eau bien vivant devant nous, présence de nombreux échassiers, tortues etc., accès à la plage, volières multiples abritant perroquets et nombre d’oiseaux exotiques. Voici de quoi nous faire patienter dans l’attente de découvrir ces volatiles dans la nature généreuse de l’Amérique centrale…
Pour l’heure, nettoyage de fond en comble et polishage achevé, nous nous mettons à la recherche d’un concessionnaire pour l’échange du pare brise qui à succombé à la projection d’un caillou vicieux. L’assurance prendra en charge une bonne partie du coût. Nous procédons également à la révision du groupe électrogène fort précieux en termes d’autonomie. Installés dans un vaste camping avec piscine, spa, fitness etc. etc. à petit prix, (35 puis 20 $ /j, nous sommes hors saison en Floride) nous en profitons pour procéder à la rénovation du plafond. La moquette d’origine, peu appréciée par l’équipage est remplacée par un revêtement PVC rigide au coloris en parfaite harmonie avec l’existant. Coup de frais assuré et entretient plus aisé. 
               Deux petites étapes nous permettent de bénéficier à nouveau du confort exceptionnel des campings floridiens tout en bichonnant notre monture.  Orlando apparaît bientôt sur l’horizon au terme de 21 000 km parcourus cette année au départ de Vancouver. Ce sont aussi quelques milliers d’images fabuleuses qui restent à jamais gravées dans nos mémoires. (Ainsi que sur disque durs car nos mémoires, plus très jeunes,  sont loin de retenir les 8 à 9000 clichés annuels !)
               Déjà impatient de voir naître 2012 afin de repartir trotter vers l’Amérique centrale, je feuillette consciencieusement guides et pages internet du Mexique, Belize, Guatemala, Honduras, Costa Rica, Nicaragua et Panama. Je m’interroge aussi sur l’état des routes qui nous attendent là bas et sur l’hypothèse éventuelle de vendre Franky, véritable havre de paix hyper confortable pour poursuivre dans la promiscuité d’un 4X4 à cellule. L’idée à besoin de mûrir un peu, l’équipage y va à reculons ... 
               …Mais ça, ce sera une autre histoire…
               …SI DIEU LE VEUT !
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