SOUS LES ETOILES DU MONDE
ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue
En bord de route
Fort bien accueilli sur le parking de l’hôtel « vista el Tortuguero » on retrouve nos Franc-Comtois en soirée. Le matin, nous devons parcourir une quinzaine de kilomètres de piste à travers plantations et forêt pour accéder aux rives d’un petit fleuve. Un parking sécurisé permet de laisser les véhicules et ainsi embarquer dans une lancha motorisée. Embarcadère boueux, l’activité y est dense. L’embarcation voisine est chargée à ras bord d’un matériel hétéroclite destiné aux autochtones installés le long du fleuve. On y observe notamment réfrigérateur, écran plat, mobilier divers ainsi qu’un fatras indescriptible.
Embarquement, folklore, boue et caïmans
Bientôt, nous embarquons pour une bonne heure de navigation au travers de cette jungle impénétrable. Bancs de sable, souches et arbres dérivants dans l’eau boueuse retiendront la vigilance du barreur. Oiseaux, iguanes et caïmans agrémentent le parcourt. Débarqués au hameau isolé de Tortuguero, un petit hôtel de brousse nous propose des chambres rudimentaires. Satisfaisantes pour nous, nos amis, moins chanceux héritent d’un lit défoncé et d’une moustiquaire arrachée. Précisons qu’en Amérique centrale, sauf hôtels de luxe climatisés, les moustiquaires remplacent simplement les fenêtres vitrées.
Tortuguero, banc de sable entre mer et mangrove
Entre deux averses, rappelons-nous qu’ici sur la côte caraïbe, la pluviométrie s’affiche jusqu’à 8000 mm par année, une courte ballade avant la nuit dans cet univers boueux mais sans voitures nous laisse découvrir quelques petites choses notoires. Crabes bleus, singes divers, quelques perroquets verts et de superbes cassiques de Montezuma ayant la particularité de construire des nids énormes pendants aux branches des arbres pour des longueurs de cinquante centimètres à un mètre.
Crabes bleus, arums curieux et petits perroquets verts
Les cassiques de Montezuma
Nuit en pointillé pour nos amis. Au matin, deux guides locaux vont nous conduire en canoë parmi un dédale de marigots parfois envahis de branches basses et d’arbres immergés. Sans bruits, à la pagaie simple, nous nous confondons dans la luxuriance de la forêt tropicale. Véritable scénario d’un « Indiana-Johns » en silence, les yeux avertis de nos deux guides dénichent oiseaux, singes et reptiles divers. Clichés parfois difficiles, perroquets et toucans souvent mêlés au feuillage dense, ces créatures n’entendent pas prendre la pose devant ces curieux visiteurs. Quatorze espèces de hérons fréquentent la région, nous en croiserons effectivement un large panel. Quelques iguanes verts agrippés aux branches, parfois au-dessus de nos têtes demeurent de marbre. Jolie scène lorsqu’un aigle pêcheur fond sur la surface de l’eau pour rejoindre une forte branche avec dans ses serres un beau et grand poisson pêché en plein vol. Dès lors, il va s’en repaître sous nos yeux sans trop s’inquiéter. Faune et flore sur les rives
L’aigle pêcheur
Plus tard, nous approcherons une souche échouée proche du rivage envahie de végétation diverse d’où apparaît la gueule férocement dentée d’un caïman déjà respectable. Parfaitement immobile certes, nous y voici à moins d’un mètre, on trouvera que c’est tout de même grandement proche… …comble de l’histoire… …à un mètre de distance, rien ne t’échappe… …c’est là que tu t’aperçois qu’en fait ils sont deux ! L’un sur l’autre, on imagine un couple prêt à copuler d’un moment à l’autre. Image rare, les deux guides prendront eux aussi la photo pour agrémenter leur publicité… …Parfaite connaissance de ces reptiles, montée d’adrénaline ou inconscience, on trouve tout de même que, positionnés à un mètre de l’impressionnante lignée de canines des bestiaux et malgré notre confiance aveugle, il serait peut-être de bon ton de nous retirer bientôt.
Couple de caïmans et tortues
Il sera courant d’en observer un bon nombre parmi le tapis des plantes d’eau. Plusieurs tortues d’eau douce de belle taille, à la gueule assez impressionnante aussi, se sèchent sur des bois flottés quand… …nouvel instant furtif… …une grande loutre émerge elle aussi sur un tronc pour disparaître rapidement.
Passé un moment, nous débarquons en terrain pour le moins boueux, mais le jeu en vaudra la chandelle. Un des guides gardera les embarcations quand l’autre nous enfonce en pleine jungle à la recherche d’un spécimen de ces emblématiques grenouilles rouges. A soulever feuilles mortes, souches pourrissantes et autres, tout à coup stop immédiat… …là… … au pied d’un arbre… … l’œil perspicace du professionnel nous indique une minuscule créature rubis. D’un rouge étincelant, pattes bleutées, peu farouche forte de la toxicité de son venin, à découvert, la belle vénéneuse entreprend l’ascension du tronc d’arbre. Prise de vue assez difficile mais il en ressortira quelques tirages satisfaisants. Nous en connaissions l’existence mais sommes très surpris de sa petite taille. Vérification faite, c’est bien une adulte, taille maximum de l’espèce, deux centimètres et demi. Il est certain que sans les parfaites connaissances des locaux, cette observation est assurément impossible.
Satisfaits, nous rentrons au hameau de Tortuguero, petite collation et la lancha motorisée nous attend pour le retour. Suite aux abondantes pluies des quarante dernières heures, le courant s’est amplifié. Barreur différent de l’aller, c’est un jeune fougueux qui, moteur à fond, doit avoir rencard bientôt avec sa belle. Il va donc ainsi slalomer à grande vitesse entre troncs bancs de sable et pirogues descendantes. Nous retrouvons ainsi rapidement Franky pour reprendre la piste qui sera bloquée un moment par le passage à la queue leu leu de régimes de bananes suspendus à un câble, le convoi ainsi formé est tiré par un cheval sur un rail traversant la voie. Après son passage, personne ne viendra rouvrir la barrière et je devrai m’en charger moi-même.