SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
Quittant alors les lieux, nous remarquons qu’une activité inhabituelle règne au parc municipal. Une scène est dressée, des cahutes sont présentes…
… Stop…
…Faut voir…
…Madame le gouverneur du Québec en limousine noire est arrivée pour la fête Amérindienne. Nous voici à déambuler parmi autorités, locaux et autochtones en tenue de fête. A nouveau, plusieurs démonstrations d’artisanat ancien sont faites manière de transmettre aux jeunes générations ce savoir ancestral. Une tente présente notamment le boucanage d’une peau d’orignal par un fumage au feu de sciure d’érable. Une femme organisatrice de l’événement présente des petites pièces d’écorce de bouleau finement ciselés avec les dents…
… Oui, j’ai bien dit avec les dents, nous en restons pantois !

  
                                            Plusieurs jolis costumes à la fête Amérindienne

Sculpteurs sur os, bois de cervidés ou cornes de bisons palabrent dans une ambiance bon enfant. A l’écart, un immense feu de camp tout en longueur entretient ses braises avec, suspendu à rôtir, outardes, canards, castors et viande d’orignal. Sur le gril voisin d’énormes dorés (appellation locale du sandre) cuisent aussi sur la braise. Sur une grande table, les femmes ont débuté la découpe des premiers morceaux cuits. L’une d’elle, sans âge, s’acharne à dépecer un castor. A s’entretenir avec un local, il nous explique quelques bribes de leur tradition, nous indique qu’un repas va être servi à l’assemblée moyennant une modeste obole, juste pour couvrir les frais engagés. Aucun bénéfice ne doit ressortir car les produits sont issus de leur chasse et pêche sans contrôles sanitaires évidement. Le gouvernement tolère mais encadre sérieusement ces actions dans les réserves qui bénéficient de statut spécifiques. Bientôt prêts à nous mettre à table, d’un naturel prudent et inquiet pour deux, mon équipière décline l’idée me rappelant ces olibrius boit sans soif qui risquent de traîner dans les parages durant la nuit. Il est donc décidé de ne pas s’attarder. Dommage, ces odeurs de fumet m’ont excité les papilles au plus haut niveau. Oie, canard, orignal et castor au feu de bois, n’était ce pas l’occasion d’une expérience unique …?
…Qu’à cela ne tienne, poursuivons  notre route.

 
   
                              Au menu : outardes, canards, caribous, orignaux, castors et dorés 
Un courriel de Charles nous avise que les pièces nécessaires aux réparations de vandalisme sur  Franky durant l’hiver sont disponibles. Contents de cette nouvelle, nous nous redirigeons sur Montréal. La route va suivre la superbe rivière Mauricie et traverser le parc national du même nom. Il va sans dire qu’il nous faut voir qu’est-il possible de faire dans cette région de moyennes montagnes. Le Guide du Routard prétend qu’un guide naturaliste du coin peut accompagner des amateurs dans une vallée forestière reculée fréquentée régulièrement à cette saison par des ours noirs. Un bureau d’information touristique confirme et nous donne les coordonnées. Il est donc exclu pour nous de rater telle opportunité. Il me revient à l’esprit cette tentative dans les années 2003-2004 où en Ukraine nous traversions les Carpates du nord, pareil projet était possible. L’organisation ukrainienne étant sans rapport avec ici, par deux fois nous avions trouvé porte close chez les guides indiqués.
Aujourd’hui, si les Dieux étaient avec nous ? 
Francis notre guide confirme la possibilité, nous explique, fixe le rendez vous vers 19 heures 30 et donne les consignes de rigueur. A l’heure dite, on embarque dans le pick-up, toujours aphone avec quelques reliquats fiévreux, j’ai droit à une place dans la cabine et Françoise dans la benne cheveux au vent ! A vitesse réduite, le 4x4 s’engage dans une piste forestière, stoppe dans une clairière herbeuse sous le vent de la vallée afin de n’être pas repéré par les ours qui ont un odorat très développé. Dés lors, Francis nous invite à ne pas claquer les portes, nous exprimer à voix basse, et rester groupés. La tension monte d’un cran lorsqu’en chemin, Francis nous montre un excrément relativement frais. A courte distance, parmi bosquets et feuillus, une cache sommairement grillagée est aménagée. Elle surplombe un ravin boisé au sol couvert de fougères.
D’un coup, notre respiration s’arrête net, silence absolu de rigueur, le cœur s’emballe…
… Trois, là à vingt mètres…
...Quelle émotion, visiblement peu inquiets de notre présence comme toute la faune du Canada d’ailleurs, ils vont et viennent, vaquent et observent furtivement les lieux. Durant presqu’une heure, nous aurons tout à loisir de faire photos et vidéos. Un peu difficile néanmoins la cache étant par définition bien camouflée dans les feuillages, l’objectif doit se faufiler au travers et les mises au point assez délicates. Un vieux gros mâle domine la troupe, Francis le connait et nous en parle avec passion.

  
 Garde ton sourire, tu va rire jaune bientôt ! Il monte notre ravin, s'approche puis va obliquer à gauche... Ouf
 

Lentement, un congénère  remonte le ravin à travers les fougères, en une poignée de secondes nos sourires jaunissent, se figent instantanément, la gorge se serre, souffle retenu, il vient droit vers nous, zigzague un peu, s’approche…
…Reste t il dix mètres encore… ???
…L’heure n’est plus aux photos…
... Le guide rassure, calme le jeu bien qu’à ce niveau, qui joue ? L’animal fouille une souche, oblique et passe à gauche.
Quelles belles images que celles-ci.

  
                                           Bonjour l'adrénaline...
 Heureux d’un tel spectacle, calme et sérénité de retour,  Il nous demeure la certitude qu’il à contourné la cache. Faudra bien en sortir à un moment. 
Faisons confiance, et jouissons du présent. D’un sentier éloigné et abrupt, un autre imposant spécimen se présente, le dos griffé le poil ébouriffé, Francis le connait aussi pour son caractère pas facile pour ne pas dire son agressivité. Il restera calme aujourd’hui mais le vieux mâle du début disparaît. Encore quelques minutes d’observation puis Francis juge opportun de quitter la cache. A nouveau l’adrénaline s’emballe, il entrouvre la porte, inspecte, rappelle les consignes et…
…En avant, faut y aller…
…Bien groupés toujours un œil en arrière…
…La certitude qu’ils sont là, juste derrière toi à cent mètres te glace un moment et là, t’a pas envie de pipi ni d’aller aux fraises des bois !
Surtout ne pas courir, mais tu ne traines pas pour autant et si tu pouvais, tu le ferais volontiers en marche arrière avec les yeux rivés vers la zone concernée  
De retour à son bureau, Francis nous parle avec passion de son métier, prétend que l’ours noir est moins dangereux que ses confrères les grizzlis du Yukon et d’Alaska. Il va mettre tout de même un sérieux bémol en présentant la liste et les circonstances de la dizaine de victimes de ces dernières années dans le Québec. Parmi elles, un pêcheur solitaire, un chasseur à l’arc…
…Eh oui, ça existe ici, des allumés qui chassent l’ours à l’arc ! C’est pur et loyal mais ce jour là, l’ours à gagné.
Moins original mais tout aussi dramatique, cette athlète championne olympique originaire du Yukon qui, pour s’entrainer à la course avait quitté sa région rapport aux grizzlis omniprésents. Elle était venue au Québec  pour parfaire son entrainement dans les sentiers et pistes de Mauricie. La fâcheuse rencontre dût mal se passer, vie et carrière se sont éteintes sous les étoiles de ce monde là.
Nous remercions Francis de ne pas nous avoir montré cela avant mais prenons acte.
 De retour au petit camping voisin, nous nous délectons des photos et vidéos réalisées malgré un déchet important dû aux obstructions multiples camouflant la cache.
Il est temps de faire route sur Montréal, à ranger tout, rétracter les jacks et l’extension, sauf que là, la belle mécanique s’enraye…
…La pression sur l’interrupteur ne déclenche qu’une alarme… alarmante !
Nous voici immobilisé, extension sortie,  impossible de quitter les lieux. Je passerai l’après midi sous le châssis à étudier le système hydraulique vérifier tout ce qu’il m’est possible sans pour autant trouver la clé du mystère. Convaincu qu’il s’agit d’une broutille de mauvaise augure, il me revient à l’esprit ce petit diable noir à la queue fourchue qui s’invitait clandestinement aux quatre coins de Méditerranée à bord de KYF les soirs de ciel obscur. Dés lors, notices, documents et caisse d’outils sont de rigueur.
Objectif : Rentrer coûte que coûte l’extension et pouvoir rouler jusqu’au concessionnaire de Montréal.
L’ensemble du système semble en parfait état, il est donc décidé de déposer les deux gros vérins bloqués sans pour autant les déconnecter du circuit hydraulique. Ensuite les fixer solidement avec les moyens du bord au châssis pour enfin espérer rentrer l’extension à la main. Dés lors, avec cordages et cales en bois, assurer l’ensemble pour éviter sa sortie inopinée dans le premier virage à droite !
Tout ce passera bien et confirmation sera apporté qu’une simple connexion électrique défaillante en est responsable. Contrarié certes mais rassuré du bon état général de l’ensemble.

   

   
                   Vu d'ici? c'est chouette, mais, lancés à 100 à l'heure dans le rétro... impressionnants !

Il est temps maintenant de refaire route vers la ville de Québec puis  la Gaspésie, région côtière Atlantique s’étendant des rives sud de l’estuaire du St Laurent à la frontière du Nouveau Brunswick et des Etats Unis. 

               Mais ça, ce sera une autre histoire…

       ...SUITE: PAGE CANADA JUILLET 2009
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