Longeant la baie de Foundy notre route nous conduit à St Alma petite localité portuaire anodine. Les petits chalutiers multicolores accrochent le regard immédiatement, posés sur fond de vase dix mètres en contrebas des hauts quais de bois. Belle image bretonne de basse marée. Marnage toujours exceptionnel, ici c’est la démesure du phénomène qui t’interpelle. Un vaste parking et nous voici à déambuler entre les quantités invraisemblables de casiers à homards entreposés sur les quais. De vertigineuses échelles métalliques scellées aux quais permettent aux pêcheurs de descendre aux bateaux à marée basse. Situé à l’estuaire d’un fleuve côtier, le lit de celui-ci présente à chaque basse mer les dessous de son intimité la plus profonde. Un reste d’eau limoneuse sillonne jusqu’à l’océan dans un monde de vase à perte de vue. Au loin, quelques chalutiers de retour de pêche sont mouillés dans l’attente des hautes eaux pour entrer au port. Ancien navigateur voileux, j’imagine les contraintes de navigation de cette région à bord de nos voiliers de plaisance. Les courants faramineux qui règnent ici assortis des fréquents bancs de brouillard dissuadent plus d’un candidat. Avant la ville, en sortie de quai une poissonnerie accueillante s’ouvre à nous. On aurait peut être pas dû pousser la porte… !
…Que du homard …!
…Du vivant, du cuit quasiment devant toi, du petit, du gros, enfin du homard partout ! Affichés individuellement sur chaque pince à prix canon, moins cher que bien des poissons courants de chez nous, comment résister ? Pour une poignée de dollar, dans le journal de la veille, la vendeuse taillée Terre-neuvas nous emballe une belle bêbête de prés de deux kilos. Soirée sympa en perspective.

Le port homardier d’Alma Quand l’équipière fait son marché Le lendemain, petites foulées par St John et ensuite St Stephen ville frontalière avec les Etats-Unis. Nous sommes dimanche, une fête des bucherons bat son plein le long de la rivière, spectacle assuré. Nous nous étonnerons de voir plusieurs jeunes femmes pour certaine bien faites, participer notamment au « jeté de hache » ! Une sorte d’engin à double tranchant est envoyé à la volée et doit se planter sur une cible à une vingtaine de mètre. Chapeau bas à ces nanas, mais tu ne peux t’empêcher de penser que le jour où elle te balance une gifle, à toi les étoiles !

Attention les nanas !!!
Plusieurs épreuves masculines, féminines et juniors vont nous assurer un beau spectacle pour la journée.
Achevée vers dix sept heures, à pied, nous partons en reconnaissance jusqu’au poste frontière manière de tâter l’ambiance. C’est comme partout ailleurs, un poste de sortie coté canadien, un grand pont sur la rivière et en face l’autre poste où flotte la fameuse bannière étoilée et entre les deux les oiseaux qui piaillent en se moquant de ces humains ridicules qui n’ont pas encore compris que le monde ne leur appartient pas. Se diviser ainsi et se compliquer l’existence par des langues différentes, qu’on me laisse doucement sourire quand j’entendrai le premier coq américain chanter au lever du jour.
En début de soirée, nous préparons papiers et véhicule pour le passage en douane. On nous en a tellement raconté sur le sujet qu’un minimum de tension se sent obligé de s’immiscer dans les esprits. Le véhicule à été nettoyé de fond en comble, nos jantes alu brillent de leur feu, le frigo est vide, nous avons consommé tous les produits frais jusqu'à la dernière patate ! Les bombes à ours ont été placées dans un vulgaire sachet de super marché dans un des immenses coffres de soute mêlé au fatras que nous transportons sans les dissimuler particulièrement. Nous espérons simplement que les douaniers ne nous soupçonnent pas de terrorisme avec ces engins qu’ils doivent néanmoins connaître. Françoise est un peu tendue comme en pareil cas et s’inquiète pour ses plantes vertes qui devraient finir leur vie au poste frontière. Les américains n’acceptent aucuns végétaux d’origine inconnue.
C’est pour demain… Nous passons notre dernière nuit canadienne au bord de la rivière qui s’embrume doucement, le Canada souhaiterait il nous retenir encore un peu ?
Caravane US années 60 et, couramment rencontrés bétaillère pour chevaux et son pick up monstrueux.
Déjà août,procchaine étape:incursion aux Etats Unis, New York, les Amihs, Niagara puis la conquête de l'Ouest par la transcanadienne...