SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
            

     


            Entre 120 et 150 000 fous de Bassan sur l’île de Bonaventure
Les jours suivants nous voient faire route vers le sud tout en longeant la côte de la Baie des Chaleurs en direction de la province canadienne  du New Brunswick. Un petit arrêt à Miguacha pour visiter et écouter une jeune naturaliste québécoise sur ce site riche en fossiles. La zone francophone s’achève avec regrets, toutes ces informations dans les musées et parcs nationaux diffusés au Québec sans compter sont pour nous une véritable mine d’or. Il n’en sera bien sûr pas de même sur le reste du continent
                   
                               Pas d’équivoque, nous sommes bien en Acadie.
Surpris par de nombreux drapeaux français, une meilleure attention nous fait observer une étoile d’or en haut à gauche ; et oui, c’est le drapeau acadien, tricolore avec cette étoile dans le bleu. Il est partout, dans cette partie du Canada, on est d’abord acadien et on l’affiche. Tout comme les québécois d’ailleurs. Partout les couleurs sont reproduites, sur les balcons, les toitures, les clôtures, dans le gazon et même aux pieds des poteaux téléphoniques le long de la route. Lors d’un plein de gasoil, le pompiste apprenant que nous venons de France explique qu’ici aussi, chacun à un aïeul normand, breton, poitevin ou autres. D’ailleurs, au camping de Percé, le patron nous a présenté son arbre généalogique indiquant qu’il était le huitième descendant d’un certain Jean Maire, colon breton débarqué ici il y a bien longtemps. Faisant route côtière, nous passons une escale sympa sur un quai de port de pêche aux homards. Dommage, ici, cette pêche n’ouvrira qu’au quinze août. Nous échangeons quelques mots avec un couple de pêcheurs, nous apprendrons que rien que dans cette grande baie, en saison il peut y avoir jusqu‘à six cent bateaux à déposer des casiers à homards. Sur cette côte, c’est une vrai industrie, les publicités foisonnent, restos, viviers, exportateurs, tout fonctionne grâce au homard. On espère pour l’espèce des stocks bien gérés. Avant la saison, les bateaux sont nombreux en cale sèche pour caréner, quelle ne sera pas notre surprise de voir l’un d’entre eux entreposé dans une église ! Désaffecté, l’entrée grossièrement élargie, la voici transformée en chantier naval. Le bisness l’emporterait il sur les voies du seigneur ici bas ? Ne l’oublions pas, nous sommes en continent nord américain et le roi du lieu reste le dollar qu’il soit US ou canadien. Le Seigneur tient néanmoins une grande place mais nous avons du mal à trouver nos repères avec notre Seigneur européen dans la pléthore d’églises de confessions multiples présentes ici.

             
Mais qu’en dit donc Dieu ?
Depuis peu, nous avons quitté la province du Québec pour le New Brunswick. Mon équipière regrette déjà son Québec adoré. Il nous faut faire route. Les jours et les semaines défilent à l’affolement et nous commençons à penser que l’Alaska à six ou huit milles kilomètres d’ici sera plutôt pour 2010. Cette région inhospitalière et australe se doit d’être abordée en début d’été pour la parcourir en toute sérénité. Inutile de galoper et griller des étapes donc, tant qu’il y a autant des merveilles à découvrir sur cette côte Atlantique.  
Bouchtouc, petite escale, une longue dune littorale de plusieurs kilomètres est signalée comme étant un sanctuaire d’oiseaux migrateurs. Un sentier y est aménagé. Un peu déçue pluie et absence des oiseaux nous feront passer vite. Idem pour le lieu suivant un peu de même configuration sauf que, soleil revenu, la multitude de vacanciers au bain font que l’on se croirait plus à Disney-parade qu’en zone naturelle.
Dirigeons nous plutôt vers le site d’Hopewell Rocks rendu célèbre pour son marnage le plus fort du monde, paraît il. En vives eaux, celui-ci peut atteindre neuf mètres et qui plus est, une falaise gréseuse rouge vif érodée depuis des millénaires par ce puissant phénomène présente des roches énormes détachées et isolées sur la plage à marée basse comme nulle part ailleurs. Les mesures de sécurité sont claires, il est impératif de respecter les horaires des marées sous peine de rester coincé sur le site à marée montante. Des gardes sillonnent en permanence les lieux afin de prévenir tout accident. Encore une foi, nous restons ébahis par le spectacle qui nous est offert ici. Descendus sur la plage en pied de falaise sur près d’un kilomètre une multitude de très hauts îlots rouges érodés à l’extrême sont dressés à la verticale sur le sable coiffés d’un touffu toupet de pins, sapins et fougères. Ceux-ci présentent cavités et arches se jouant de la lumière et des couleurs changeantes du plus bel effet. Nous irons d’émerveillement en émerveillement à se faufiler entre ces grattes ciel version Dame Nature. Appareils photos et caméscope vont mouliner à souhait.
     

        
                                                              Hopewell Rocks, un fabuleux décor
Longeant la baie de Foundy notre route nous conduit à St Alma petite localité portuaire anodine. Les petits chalutiers multicolores accrochent le regard immédiatement, posés sur fond de vase dix mètres en contrebas des hauts quais de bois. Belle image bretonne de basse marée. Marnage toujours exceptionnel, ici c’est la démesure du phénomène qui t’interpelle. Un vaste parking et nous voici à déambuler entre les quantités invraisemblables de casiers à homards entreposés sur les quais. De vertigineuses échelles métalliques scellées aux quais permettent aux pêcheurs de descendre aux bateaux à marée basse. Situé à l’estuaire d’un fleuve côtier, le lit de celui-ci présente à chaque basse mer les dessous de son intimité la plus profonde. Un reste d’eau limoneuse sillonne jusqu’à l’océan dans un monde de vase à perte de vue. Au loin, quelques chalutiers de retour de pêche sont mouillés dans l’attente des hautes eaux pour entrer au port. Ancien navigateur voileux, j’imagine les contraintes de navigation de cette région à bord de nos voiliers de plaisance. Les courants faramineux qui règnent ici assortis des fréquents bancs de brouillard dissuadent plus d’un candidat. Avant la ville, en sortie de quai une poissonnerie accueillante s’ouvre à nous. On aurait peut être pas dû pousser la porte… !
…Que du homard …!
…Du vivant, du cuit quasiment devant toi, du petit, du gros, enfin du homard partout ! Affichés individuellement sur chaque pince à prix canon, moins cher que bien des poissons courants de chez nous, comment résister ? Pour une poignée de dollar, dans le journal de la veille, la vendeuse taillée Terre-neuvas nous emballe une belle bêbête de prés de deux kilos. Soirée sympa en perspective.
      
Le port homardier d’Alma                                                             Quand l’équipière fait son marché
Le lendemain, petites foulées par St John et ensuite St Stephen ville frontalière avec les Etats-Unis. Nous sommes dimanche, une fête des bucherons bat son plein le long de la rivière, spectacle assuré. Nous nous étonnerons de voir plusieurs jeunes femmes pour certaine bien faites, participer notamment au « jeté de hache » ! Une sorte d’engin à double tranchant est envoyé à la volée et doit se planter sur une cible à une vingtaine de mètre. Chapeau bas à ces nanas, mais tu ne peux t’empêcher de penser que le jour où elle te balance une gifle, à toi les étoiles !

            
Attention les nanas !!!
Plusieurs épreuves masculines, féminines et juniors vont nous assurer un beau spectacle pour la journée.
Achevée vers dix sept heures, à pied, nous partons en reconnaissance jusqu’au poste frontière manière de tâter l’ambiance. C’est comme partout ailleurs, un poste de sortie coté canadien, un grand pont sur la rivière et en face l’autre poste où flotte la fameuse bannière étoilée et entre les deux les oiseaux qui piaillent en se moquant de ces humains ridicules qui n’ont pas encore compris que le monde ne leur appartient pas. Se diviser ainsi et se compliquer l’existence par des langues différentes, qu’on me laisse doucement sourire quand j’entendrai le premier coq américain chanter au lever du jour.   
En début de soirée, nous préparons papiers et véhicule pour le passage en douane. On nous en a tellement raconté sur le sujet qu’un minimum de tension se sent obligé de s’immiscer dans les esprits. Le véhicule à été nettoyé de fond en comble, nos jantes alu brillent de leur feu, le frigo est vide, nous avons consommé tous les produits frais jusqu'à la dernière patate ! Les bombes à ours ont été placées dans un vulgaire sachet de super marché dans un des immenses coffres de soute mêlé au fatras que nous transportons sans les dissimuler particulièrement. Nous espérons simplement que les douaniers ne nous soupçonnent pas de terrorisme avec ces engins qu’ils doivent néanmoins connaître. Françoise est un peu tendue comme en pareil cas et s’inquiète pour ses plantes vertes qui devraient finir leur vie au poste frontière. Les américains n’acceptent aucuns végétaux d’origine inconnue.
                              

                           C’est pour demain…
Nous passons notre dernière nuit canadienne au bord de la rivière qui s’embrume doucement, le Canada souhaiterait il nous retenir encore un peu ?  
En couleur locale :

    
         
                 Caravane US années 60 et, couramment rencontrés bétaillère pour chevaux et son pick up monstrueux.


     
 Déjà août,procchaine étape:incursion aux Etats Unis, New York, les Amihs, Niagara puis la conquête de l'Ouest par la transcanadienne...

 
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