…Même décor monotone jusqu’au village de Second Mesa. Perché sur son haut plateau, ce pseudo chef-lieu présenterait un joli décor naturel si ce n’était à nouveau capharnaüm, locaux désuets, tôles rouillées, épaves, vitres brisées et masures en agglo jamais achevées. Stationné un instant, avant de progresser davantage, je descends et m’approche d’un couple particulièrement typé, je m’enquière de la possibilité de progresser dans les rues pentues et encombrées du pays. Très aimable, nous sommes invités à poursuivre. A deux cent mètres, un peu la place du village, la rue rapetisse et monte vertigineusement. Par prudence, on s’arrêtera là. C’est dimanche, tout le monde est dehors à jouer avec les enfants, l’ambiance est joyeuse et conviviale. Décidés à découvrir un peu les lieux, une femme vient nous expliquer de la suivre chez elle. Même capharnaüm qu’à l’extérieur en plus concentré ! Une vieille télé grésille au fond d’une pièce, trois ou quatre générations cohabitent l’une sur l’autre et nombre de marmots nous ont suivi…
… c’est vivant…
…L’indienne nous présente une superbe statuette sacrée de « Kechina » en nous baragouinant en langage mi-hopi, mi-anglais tout un je ne sais quoi auquel nous ne comprenons pas un traitre mot. L’indien, lui, dos tourné depuis notre arrivée, s’obstine à régler sa télé. Tant bien que mal, nous comprenons bien que c’est le mari qui sculpte les fameuses statuettes. Admirablement réalisée, finie et décorée dans un souci du détail parfait, l’objet est séduisant bien qu’un peu important.
Enfin, l’homme, visage du parfait Geronimo relooké tee short made in china et chaussé Nike se joint à la conversation pour préciser qu’il est bien l’auteur de l’œuvre, soulignant sa signature sous la statuette…
… Bon, ok, on à pas tout compris mais s’il était de notre bonté d’acquérir cette « Kechina », tout le monde serait content. Il est vrai que c’est directement auprès des locaux que nous préférons acheter de l’artisanat, gardant secrètement dans nos mémoires les souvenirs de ces contacts. Reste à connaître le prix de l’affaire…
… Six cent dollars US ! (env.400€)…
… Bien…
… Dés lors, il faut trouver la marche arrière dans le tact et la diplomatie et expliquer que la caisse du bord n’est pas en mesure d’assurer une conclusion favorable malgré la protection des esprits garantie par la fameuse Kechina, fusse t elle sacrée…
… l’issue s’effectue par notre intérêt de souhaiter un modèle plus modeste donc plus accessible. Message bien passé semble t il…
…chez Geronimo, on ne fait pas…
… à regret, c’est vrai, le prétexte nous autorise à prendre gentiment congé.
Dehors, tout le monde s’amuse toujours joyeusement. Un homme nous interpelle, présente brièvement sa famille tout en nous proposant pour vingt dollars de nous servir de guide pour la visite du haut du village. Centre « historique » lui aussi sacré et probablement nourri des esprits des anciens. Parlant exclusivement l’anglais assorti d’un accent hopi bien trempé, d’une compréhension quasi nulle, nous déclinons l’offre. Ensuite, tout en en prenant la direction, poliment mais déterminée, une femme nous indique que le centre du village est interdit au visites non accompagnées…
…Nous prenons bonne note…
…décidément, ici, les dieux ne sont pas vraiment avec nous. Si nous, visages pâles, sommes peu enclins à assurer le rôle de détendeur de liasses de dollars, alors, il nous apparaît de bon ton de ne pas offenser davantage cette modeste communauté seulement mais ô combien riche de sa culture ancestrale. Gratifiés de quelques signes d’adieu, nous faisons route inverse jusqu’à la nationale.
Le centre culturel Hopi situé à cinq miles environs du pays va nous offrir un espace autorisé pour une nuit sereine. Elégant bâtiment administratif, un musée, une boutique, un restaurant et un motel sont disponibles. L’idée de renouer le contact avec ce peuple nous conduit à manger au restaurant. Nous choisirons une combinaison de spécialités Hopi. Le service irréprochable est assuré par de jeunes femmes polies et avenantes aux denses chevelures noires. La gastronomie locale te ramène à la réalité ! Soupe de maïs blanc où nage une viande bouillie insipide, beignet de maïs généreusement garni de haricots rouges assorti de modestes crudités. Déco, clients, personnel, assortis de quelques notes de musique indienne assurent une ambiance satisfaisante.