SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
 Plus sérieusement, reprenons la route vers King-man, Peach Springs, Seligman, Williams et Flagstaff, petites ou moyennes localités bien dans le culte 66 également.                Dés lors, proche de l’entrée du Grand Canyon du Colorado, une demi-étape nous conduit à Vallé, plus lieu dit d’une intersection qu’autre chose avec deux stations services et plusieurs motels. L’idée est d’y passer la nuit du samedi au dimanche afin de ne pas se présenter au Canyon en plein week-end. A l’écart de la route, bien calé entre deux camions, discrétion assurée, la nuit devrait être calme. Il n’est que fin d’après midi, pour meubler, la seule distraction reste les deux boutiques d’artisanat local. De superbes objets, poterie fine, vêtements en peau, arcs et flèches, tomawak, tenues de chef aux plumes rares réalisés par les nombreuses tribus indiennes situées plus au nord y sont présentées. Etablissement tout à coup envahi par toute une grappe de touristes multicolores issue d’un bus. Se sont nos oreilles qui nous interpellent subitement en n’entendant tout à coup ne parler plus qu’en français ! Comité d’entreprise en goguette, les questions fusent autour de notre aventure.                Ouvrons une parenthèse et passons rapidement sur la plus mauvaise nuit de la décennie : Françoise prise vers deux heures d’insupportables et violents fourmillement au bras, sensation de paralysie, suivi de tremblement sur tout le corps sème une inquiétude folle……Les minutes vont durer des semaines……On se rassure après un relatif apaisement et retour à une tension normale……Pour finir, crise passée, aux urgences de l’hôpital de Flagstaff……IRM, électro cardiogramme, analyse de sang, service d’interprète, que du sérieux……Diagnostic : deux vertèbres cervicales déplacées et nerf coincé…… Solution proposée, une opération !En relation avec le médecin de notre assurance assistance, il est convenu d’attendre quelques jours. Dans le pire des cas, le rapatriement serait envisagé.Pour l’heure, situation en voie d’apaisement, il est convenu de lever le pied. Petite convalescence pour l’équipière et pour ……la carte bleue qui est prise de vertiges!Petite pause, donc, au camping « Kit Carson (!)» dans une calme pinède au milieu des écureuils argentés et contact régulier avec le service d’assistance. Les premières nuits en demeurent assez hachurées.
          

       Pas d'erreur, on est bien au pays des cow boys !
   
 
            Négligée à l’aller, nous revenons à la proche ville voisine de Williams sur la 66. Un peu trop mercantile à notre goût, mais vu les circonstances, nous décidons d’y rester malgré tout.
  
                                                                       Encore et toujours made in « 66 »
 

 entre autoroute et voie ferrée, c’est l’assurance de très mal dormir. Nous dénichons le petit parking public des tennis dans un quartier résidentiel tranquille. Soirée paisible, mais étonnés pour la région, nous devons rallumer le chauffage. Au petit matin, la neige tombe à gros flocons, une couche de dix centimètres va tout peindre en blanc. Par prudence, nous resterons à Williams aujourd’hui.

        La neige prés du Gd Canyon
 

Seule distraction les boutiques de la ville avec bottes et parapluies. Mise à jour du courrier puis visionnage d’un film vont meubler la journée. Toujours stationné sur notre petit parking, la nuit sera ponctuée d’une visite inattendue…
… Environs vingt trois heures trente……toc, toc à la porte à deux reprises ???...…faire la sourde oreille ou s’enquêter de ces visiteurs ?...…J’entrouvre la petite lucarne coté passager……La police !…… !!! ???...…supposé repairés la nuit dernière, une deuxième nuit dépasse la tolérance…__ No camping here !__ Ah… ?! Le dialogue restera cordial. Vérification des passeports, quelques questions mal comprises, aux quelles je réponds les difficultés de circulation expliquant que la sécurité était de resté là. Au final nous sommes autorisés à poursuivre notre nuit et décamper au matin.L’officier de conclure, en me rendant les passeports, dans un anglo-hispano-français :…Melci moosieur !                Deuxième partie de nuit réparatrice, moral de l’équipière dans l’orange, mais sorti du rouge, il est décidé de reporter encore le Grand Canyon pour revenir sur la région de Flagstaff et envisager un petit circuit de sites mineurs néanmoins intéressants décrits sur le Routard.
   
Walnut Canyon, à seulement 10 miles de la ville permet d’observer par un sentier tranquille les restes d’habitations troglodytes des indiens Sinagua. Ingénieux, il leur avait suffit de murer les larges failles horizontales des falaises pour se confectionner des habitations particulièrement confortables pour l’époque. Une centaine de ces constructions sont observables encore aujourd’hui et témoignent de l’ingéniosité de ces hommes. Nous sommes étonnés par la qualité des maçonneries qui tranche avec notre à priori sur l’image de l’indien des plaines dans son tipi.     

                                        Les habitations des indiens Sinagua
                L’après midi, à courte distance, nous accédons à Sunset Crater, une zone volcanique aux paysages surréalistes. Scories, champs de laves extravagantes arbres estropiés donnent à l’endroit une approche de la vision cauchemardesque que les indiens Sinagua on dût s’épouvanter lors de la dernière éruption au XIIème siècle.  Une modeste ballade pédestre bien aménagée nous approche des lieux les plus curieux. Vers le nord, quelques ruines d’habitations du XIIème au XIVème surprennent aussi par la similitude avec nos citadelles moyenâgeuses. Différence notoire, leur couleur rouge donne un petit coté moins austère aux édifices. Construites sur les hauteurs à proximité des rares points d’eau, nous nous étonnons encore de ces bâtiments réalisés pour autant que nous sachions par une civilisation qui ne connaissait pas l’usage des métaux et de la roue.
    
                                                                              A Sunset Crater 
 Météo encore incertaine, nous optons pour un petit détour vers l’est. Objectif, l’une des plus grandes forêts pétrifiée du monde, la « Petrified Forest » classée parc national. Phénomène curieux que nous avions déjà observé en cours de navigation dans une île grecque en mer Egée. Il va sans dire qu’ici, le spectacle est à l’échelle du continent. Sur des kilomètres carrés des milliers de vieux troncs d’arbres énormes et multicolores jonchent le sol. Aujourd’hui en plein désert, il y a quelques millions d’années, forêts, marécages, dinosaures et reptiles géants peuplaient la région. Squelettes et arbres morts envasés plus tard recouverts de cendres volcaniques se sont au fil des millénaires par procédés  chimiques naturels transformé en pierre. Ainsi fossiles et arbres pétrifiés ont traversé les âges jusqu'à ce que l’œuvre de l’érosion découvre ces vestiges au grand jour.    

   
                                                               Petrified Forest  


 A quelques miles d’ici, le  « Painted Desert » offre une palette de couleurs curieuses. Roses, rouges, grenats voisinent avec  verts pâles et bleus sur le plateau érodé et dans le canyon voisin. La boucle routière s’achève par l’observation de pétroglyphes datant pour certains de prés de cinq mille ans.
  

  
                                                   Painted Desert  

 

  
                                           Témoin du temps passé, les pétroglyphes
 
 Rencontre insolite, en bordure de route, un beau serpent d’un mètre cinquante se réchauffe au soleil. Un peu déçu, par ce reptile plutôt commun qui nous tire la langue, ni sonneur ni crotale corail, nous observons néanmoins la prudence requise pour lui tirer le portrait.
 
                                                     Beau spécimen (non venimeux parait il)   
              

  Amélioration notoire des nuits de l’équipière avec toutefois encore quelques pointillés, nous revenons vers l’ouest en direction du Grand Canyon. Le plus court chemin traverse l’immense réserve des indiens Navajo avec en son centre, isolés en altitude, la réserve des Hopi. Revue et corrigée, l’image de «l’indien peau rouge » à cheval dans la vie de tous les jours nous a définitivement quitté. Seuls les pow-wow, fêtes traditionnelles telle que celle vécue avec eux à Kamloops en 2009 entretiennent  cette légende au plus haut niveau. Aujourd’hui, traverser les villages préfabriqués, les vieux mobil-homes disloqués au milieu d’un indescriptible capharnaüm inspire peine et pitié. Nous restons convaincus d’un peuple fier et droit, qui vit en vaincu confiné sur des confettis de leurs immenses territoires occupés. Si quelques un ont réussi à tirer leur épingle du jeu, beaucoup, rigoureusement agrippés à leurs traditions et faute de capacité d’adaptation au modèle « made in USA » sont restés sur le bord de la route. Durant la première journée de route vers le nord, seulement quelques ranchs aux troupeaux de maigres bovins occupent une garigue desséchée. Reconnus et décris comme peu avenant, dormir au hasard d’un hameau Navarro ne séduit guère ma voisine. Le Routard précise une possibilité de camper à Second Mesa prés du centre culturel des Hopis aux cotés d’un petit musée et d’un restaurant. Retirés dans les montagnes, c’est aux environs de 2500 mètres d’altitude que nous atteignons cette réserve Hopi. D’entrée de jeu, un panneau de bois t’indique qu’en pénétrant sur ce territoire, tu acceptes lois, règles et juridiction Hopi, notamment l’interdiction totale de photographier habitants, constructions et paysages…
…Nous entrons sur la pointe des pneus… 
      Désolé, en territoire indien Hoppi, aucune photo autorisée

   Nul n’est censé ignoré la loi de la tribu Hopi.
 

…Même décor monotone jusqu’au village de Second Mesa. Perché sur son haut plateau, ce pseudo chef-lieu présenterait un joli décor naturel si ce n’était à nouveau capharnaüm, locaux désuets, tôles rouillées, épaves, vitres brisées et masures en agglo jamais achevées. Stationné un instant, avant de progresser davantage, je descends et m’approche d’un couple particulièrement typé, je m’enquière de la possibilité de progresser dans les rues pentues et encombrées du pays. Très aimable, nous sommes invités à poursuivre. A deux cent mètres, un peu la place du village, la rue rapetisse et monte vertigineusement. Par prudence, on s’arrêtera là. C’est dimanche, tout le monde est dehors à jouer avec les enfants, l’ambiance est joyeuse et conviviale. Décidés à découvrir un peu les lieux, une femme vient nous expliquer de la suivre chez elle. Même capharnaüm qu’à l’extérieur en plus concentré ! Une vieille télé grésille au fond d’une pièce, trois ou quatre générations cohabitent l’une sur l’autre et nombre de marmots nous ont suivi…
… c’est vivant…
…L’indienne nous présente une superbe statuette sacrée de « Kechina » en nous baragouinant en langage mi-hopi, mi-anglais tout un je ne sais quoi auquel nous ne comprenons pas un traitre mot. L’indien, lui, dos tourné depuis notre arrivée, s’obstine à régler sa télé. Tant bien que mal, nous comprenons bien que c’est le mari qui sculpte les fameuses statuettes. Admirablement réalisée, finie et décorée dans un souci du détail parfait, l’objet est séduisant bien qu’un peu important.
Enfin, l’homme, visage du parfait Geronimo relooké tee short made in china et chaussé Nike se joint à la conversation pour préciser qu’il est bien l’auteur de l’œuvre, soulignant sa signature sous la statuette…    
… Bon, ok, on à pas tout compris mais s’il était de notre bonté d’acquérir cette « Kechina », tout le monde serait content. Il est vrai que c’est directement auprès des locaux que nous préférons acheter de l’artisanat, gardant secrètement dans nos mémoires les souvenirs de ces contacts. Reste à connaître le prix de l’affaire…
… Six cent dollars US ! (env.400€)…
… Bien…
… Dés lors, il faut trouver la marche arrière dans le tact et la diplomatie et expliquer que la caisse du bord n’est pas en mesure d’assurer une conclusion favorable malgré la protection des esprits garantie par la fameuse Kechina, fusse t elle sacrée…
… l’issue s’effectue par notre intérêt de souhaiter un modèle plus modeste donc plus accessible. Message bien passé semble t il…
…chez Geronimo, on ne fait pas…
… à regret, c’est vrai, le prétexte nous autorise à prendre gentiment congé.
               Dehors, tout le monde s’amuse toujours joyeusement. Un homme nous interpelle, présente brièvement sa famille tout en nous proposant pour vingt dollars de nous servir de guide pour la visite du haut du village. Centre « historique » lui aussi sacré et probablement nourri des esprits des anciens. Parlant exclusivement l’anglais assorti d’un accent hopi bien trempé, d’une compréhension quasi nulle, nous déclinons l’offre. Ensuite, tout en en prenant la direction, poliment mais déterminée, une femme nous indique que le centre du village est interdit au visites non accompagnées…
…Nous prenons bonne note…
…décidément, ici, les dieux ne sont pas vraiment avec nous. Si nous, visages pâles, sommes peu enclins à assurer le rôle de détendeur de liasses de dollars, alors, il nous apparaît de bon ton de ne pas offenser davantage cette modeste communauté seulement mais ô combien riche de sa culture ancestrale. Gratifiés de quelques signes d’adieu, nous faisons route inverse jusqu’à la nationale.
Le centre culturel Hopi situé à cinq miles environs du pays va nous offrir un espace autorisé pour une nuit sereine. Elégant bâtiment administratif, un musée, une boutique, un restaurant et un motel sont disponibles. L’idée de renouer le contact avec ce peuple nous conduit à manger au restaurant. Nous choisirons une combinaison de spécialités Hopi. Le service irréprochable est assuré par de jeunes femmes polies et avenantes aux  denses chevelures noires. La gastronomie locale te ramène à la réalité ! Soupe de maïs blanc où nage une viande bouillie insipide, beignet de maïs généreusement garni de haricots rouges assorti de modestes crudités. Déco, clients, personnel, assortis de quelques notes de musique indienne assurent une ambiance satisfaisante. 



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