Le lendemain, le hasard nous fait croiser la route d’un pavillon tricolore flottant au vent d’un couple de cyclistes. Aussi inattendu que méritant, nous faisons rapidement demi tour, les rattrapons bien vite pour les intercepter au premier parking. Guillaume et Sandra, jeunes sportifs sympa ont pour objectif de traverser le continent à vélo.
                
Destination New York pour Guillaume et Sandra      Attention… passage de pumas !
 
Nous passons un agréable moment et chacun reprend sa monture. Nous, pour une destination attendue de longue date. Venant du nord, en 2009, nous nous étions approchés de cette région lors d’une première grande boucle dans les immenses territoires de l’Ouest américain. Yellowstone, Arche, Canyon land, Bryce et bien d’autres nous avaient tant émerveillés qu’il nous tardait de revenir achever l’inimaginable inventaire du cette région hors du commun.
Aujourd’hui, nous voici sur le rebord du monde…
…Mille huit cent trente mètres d’à pic…
…quatre cent cinquante kilomètres de long…
…douce brutalité de pastels perdus dans un l’horizon brisé…
… infime poussière, de passage sur cette planète, paradis ignoré, ce vingt cinq mai de l’année deux mille onze sur le calendrier des hommes, le ciel nous observe, accoudés au gré rouge, face à l’Univers…
… sous nos pieds…
… le Grand Canyon du Colorado vibre sous les rayons intenses du soleil. Emotion extrême pour  un lieu unique. Trois jours durant, nous découvrons pitons, falaises et belvédères donnant sur un abîme sans fin. Impossible de réaliser l’ampleur du site, la vue se perdant dans les violines mêlées aux vermillons embrumés des lointains reliefs.
Quatre cent cinquante kilomètres, difficile d’observer une vue d’ensemble. Organisation américaine, plans, cartes et lieu stratégiques sont répertoriés et faciles d’accès. Le fleuve, quant à lui, se montre discret tant la profondeur et la  multitude des gorges dissipent le regard. Seuls quelques endroits choisis assorti d’un œil affuté autorisent la vue de l’impétueux Colorado, auteur de l’œuvre.

   

   
                                                                     Un grand moment

Le soir venu, une autre dimension apparaît avec les rayons déclinant du soleil embrasant tout le canyon.
 

 
                                                     Un soir sur le rebord du monde…  
 

Observation de la rive sud achevée, le détour utile à l’accès de la rive nord nous prendra plusieurs jours. Le seul pont lancé sur le fleuve, nommé « Navajo Bridge », est à Glen Canyon. A cet endroit, le Colorado s’écoule dans un étroit défilé. Sa couleur vert foncé tranche ainsi dans les falaises sanguines. A quelques centaines de mètres, une petite route secondaire semble s’enfoncer dans l’ouvert d’une faille, une indication « Lees Ferry » ne nous renseigne guère. Heure de la halte de midi et de nature plutôt curieuse, nous voici engagés dans cette voie qui au final nous conduit aux rives de la rivière. Le tumultueux Colorado anime les lieux. A nouveau, spectacle grandiose avec à la clé un petit camping rustique qui nous retiendra pour la nuit. A quelques encablures en amont, prés de l’eau calme, une plage de sable rose autorise la mise à l’eau de pneumatiques énormes pratiquant le rafting. Les rives étant inaccessibles dans le canyon, matériel, vivres et équipages s’embarquent pour plusieurs jours dans une aventure vraisemblablement inoubliable. 
    
                                       Navajo bridge le seul pont sur le Colorado depuis 250km

Nouvelle nuit dans un fabuleux décor. Nous reprendrons la route de la rive nord du grand canyon par   ce large détour qui nous conduit à « Vermillon Wilderness Cliff » traduit par « désert des falaises vermillons ». Autant dire à nouveau du grand spectacle. Rase végétation sur l’immensité d’un fin sable rouge relevé de curieux reliefs aux oranges intenses sur un horizon pur.
       
                                              Belles haltes 

Un éboulis d’énormes blocs colorés, quelques notes d’érosion peu communes, voici encore une curiosité locale. Perchés en équilibre sur leur base ravinée et usée par les millénaires, une rustique maçonnerie autour, voici une habitation rudimentaire. Les restes d’un village actif sont ici bien visibles. A noter que l’un des blocs de plusieurs centaines de tonnes nous paraît en position critique. Les lois élémentaires de l’équilibre devraient avoir raison du phénomène bientôt, nous ne nous attarderons point en dessous.

                                            Panorama peu commun

     
                                Anciennes habitations sous les rochers en équilibre

   
               Curieux environnement                                 Tombera, tombera pas ?
   
                                 L’iguane observe ce curieux visiteur
               Rive nord du Colorado atteinte, depuis les promontoires, les vues sont toujours impressionnantes. Seul regret, les points d’observations accessibles sont rares. Aucune route carrossable ne permet de longer le canyon. Nous nous félicitons d’avoir bien observé l’autre rive et sans attendre, le nez dans les cartes, nous étudions la suite du programme.