SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
A noter tout de même que la responsable du camping nous invite à la plus grande prudence car des grizzlis fréquentent l’endroit périodiquement. Des photos suffisamment explicites nous sont présentées où quelques spécimens impressionnants déambulent dans les divers emplacements. Nous prenons acte. Un peu frustrés par ces menaces à répétitions, sans en apercevoir jamais l’ombre, nous nous contentons de faire une mini ballade en rive du lac, tous sens en éveil, à l’écoute notamment des moindres craquements de branches suspects.
Nuit paisible, au matin, nous ne négligeons pas la possibilité de remplir nos réserves d’eau potable et reprenons cette Alaska Haigway parfaitement entretenue, circulation quasi-nulle, Franky taille sa route à bonne cadence.
Milieu de matinée, étonnés, nous apercevons une voiture et deux motards faces à nous, arrêtés sur la chaussée…
… Curieux…
… En pareil cas, il est fréquent que l’observation d’un gibier local en soit    ….   …. !??? …
… ouah !!!!...
… Trente mètres à gauche, là-bas devant,  débouchant des hautes herbes, le haut d’une masse blonde ondule sous le soleil…
Visiblement, elle s’approche, disparaît brièvement derrière un monticule puis seulement la ligne d’un dos fauve réapparaît pour laisser deviner sa présence…
…Arrivée à vingt mètres en terrain découvert…
…un énorme grizzli et son petit.
Nullement inquiété  le monstre bouffe tout sur son passage, fleurs, baies, jeunes pousses, graines, herbes, sans se préoccuper de la présence des hommes pourtant si proches. Il nous est donné ici de contempler très précisément la stature imposante de ces ours bruns connus pour être parmi les plus gros du monde. Sa robe claire et magnifique laisse deviner la masse musculaire d’un tel animal qui doit flirter avec les huit cent kilos. S’agissant d’une femelle, imaginons la taille du mâle…   …Le jeune ourson ne lâche pas sa mère d’une semelle, il suit hardiment à travers souches et bois mort. A découvert, le voici, libre à gambader dans les herbes en tous sens. Un grognement de la mère et il se rabat aussitôt à ses côtés. Plusieurs minutes d’un tel spectacle nous ravissent. Doucement, ils s’éloignent et disparaissent vivre leur vie.  

   
                         Pas d’erreur, nous sommes bien au pays des grizzlis

A l’heure du repas, en bordure d’un lac un petit parking accueillant nous interpelle. Un tour d’honneurs  s’impose, manière de ressentir l’ambiance de l’endroit. Rien de particulier, hormis une nuée de ces jolis papillons déjà observés ainsi que, à demi immergé une variété de petits arums arctiques assez jolis.

 
                                                                 A l’étape de midi
 Les journées suivantes seront ponctuées par la vue de plusieurs orignaux adultes en pâture dans les zones humides traversées. Leur repérage s’en trouve facilité grâce à la petitesse des arbres qui subsistent ici. Proche du cercle polaire, c’est la taïga qui courre entre les chaînes montagneuses jusqu’aux rives de l’Océan Glacial Arctique. Seules quelques épinettes rabougries supportent les longs hivers obscurs de cette Sibérie nord américaine. Fraises des bois, bluets, framboises, fougères, lichens et mousses ainsi que fleurs diverses et maquis coriace profitent des quelques mois d’été sans nuits notables pour se développer au plus vite et tapisser ces vallées sans fins. A l’occasion, canards multicolores, oies sauvages et cygnes trompettes ponctuent notre ordinaire.
               

                
                                                                        Les discrets orignaux
A l’escale d’un soir, c’est Françoise qui fera une belle découverte dans cet impénétrable fouillis végétal. Un parterre de superbes orchidées blanches de toute beauté. Le sol en est tapissé sur plusieurs mètres carrés. Belle fin de journée que cette fois là.
  
                                          Orchidées boréales


                                       En Alaska tout simplement…

A deux jours de route, Fairbanks, seule ville notable au centre de l’Alaska, se rapproche lentement. Ce sera le point le plus austral de ce voyage. Au-delà, seules des milliers de kilomètres de pistes à camions desservent l’extrême nord du pays livré aux compagnies pétrolières. Merci, très peu pour nous ! Petit regret néanmoins de ne pouvoir accéder en cette bonne saison aux rivages de l’océan glacial Arctique. Manière d’essayer de découvrir morses et ours polaires, voir quelques reliquats d’icebergs attardés. Mais, deux ou trois milles kilomètres de pistes graveleuses risquaient de porter préjudice et courbatures notoires à Franky et son équipage. La sagesse l’emportera.
Maintenant, en moyenne altitude, les cours d’eau franchis sont majoritairement des eaux de fonte des nombreux glaciers environnants. Saturées en sédiments, leur couleur grisâtre contraste avec la limpidité des jours précédents. D’immenses lits de moraines s’étendent à perte de vue parfois survolés par quelques aigles majestueux. Nous sommes au pays des pygargues à têtes blanches.  Au passage d’un immense pont, nous remarquons de très grands bancs de glace, témoins des rigueurs de l’hiver dernier.
         
                                 Bancs de glace sur la Mackenzie River
             
Fairbanks est atteint le 22 juin 2010 au terme d’environs 3500 kilomètres de forêts quasi ininterrompues.
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