A noter tout de même que la responsable du camping nous invite à la plus grande prudence car des grizzlis fréquentent l’endroit périodiquement. Des photos suffisamment explicites nous sont présentées où quelques spécimens impressionnants déambulent dans les divers emplacements. Nous prenons acte. Un peu frustrés par ces menaces à répétitions, sans en apercevoir jamais l’ombre, nous nous contentons de faire une mini ballade en rive du lac, tous sens en éveil, à l’écoute notamment des moindres craquements de branches suspects.
Nuit paisible, au matin, nous ne négligeons pas la possibilité de remplir nos réserves d’eau potable et reprenons cette Alaska Haigway parfaitement entretenue, circulation quasi-nulle, Franky taille sa route à bonne cadence.
Milieu de matinée, étonnés, nous apercevons une voiture et deux motards faces à nous, arrêtés sur la chaussée…
… Curieux…
… En pareil cas, il est fréquent que l’observation d’un gibier local en soit …. …. !??? …
… ouah !!!!...
… Trente mètres à gauche, là-bas devant, débouchant des hautes herbes, le haut d’une masse blonde ondule sous le soleil…
Visiblement, elle s’approche, disparaît brièvement derrière un monticule puis seulement la ligne d’un dos fauve réapparaît pour laisser deviner sa présence…
…Arrivée à vingt mètres en terrain découvert…
…un énorme grizzli et son petit.
Nullement inquiété le monstre bouffe tout sur son passage, fleurs, baies, jeunes pousses, graines, herbes, sans se préoccuper de la présence des hommes pourtant si proches. Il nous est donné ici de contempler très précisément la stature imposante de ces ours bruns connus pour être parmi les plus gros du monde. Sa robe claire et magnifique laisse deviner la masse musculaire d’un tel animal qui doit flirter avec les huit cent kilos. S’agissant d’une femelle, imaginons la taille du mâle… …Le jeune ourson ne lâche pas sa mère d’une semelle, il suit hardiment à travers souches et bois mort. A découvert, le voici, libre à gambader dans les herbes en tous sens. Un grognement de la mère et il se rabat aussitôt à ses côtés. Plusieurs minutes d’un tel spectacle nous ravissent. Doucement, ils s’éloignent et disparaissent vivre leur vie.
Pas d’erreur, nous sommes bien au pays des grizzlisA l’heure du repas, en bordure d’un lac un petit parking accueillant nous interpelle. Un tour d’honneurs s’impose, manière de ressentir l’ambiance de l’endroit. Rien de particulier, hormis une nuée de ces jolis papillons déjà observés ainsi que, à demi immergé une variété de petits arums arctiques assez jolis.
A l’étape de midi Les journées suivantes seront ponctuées par la vue de plusieurs orignaux adultes en pâture dans les zones humides traversées. Leur repérage s’en trouve facilité grâce à la petitesse des arbres qui subsistent ici. Proche du cercle polaire, c’est la taïga qui courre entre les chaînes montagneuses jusqu’aux rives de l’Océan Glacial Arctique. Seules quelques épinettes rabougries supportent les longs hivers obscurs de cette Sibérie nord américaine. Fraises des bois, bluets, framboises, fougères, lichens et mousses ainsi que fleurs diverses et maquis coriace profitent des quelques mois d’été sans nuits notables pour se développer au plus vite et tapisser ces vallées sans fins. A l’occasion, canards multicolores, oies sauvages et cygnes trompettes ponctuent notre ordinaire.
Les discrets orignaux