Il est temps de reprendre la route vers le nord, quitter la Colombie Britannique pour entrer au Yukon.
Bienvenue au Yukon La frontière de l’Alaska s’approche jour après jours. Les kilomètres défilent toujours au travers de ces forêts interminables…
… Stooop ! hurle mon copilote,
… ???!!!...
_ Là bas, à gauche, un ours noir…
…Sans circulation, je bloque net, Une belle bête que cet ours qui gambade furtivement à une trentaine de mètres entre fourrés et arbres abattus. Photo médiocre, il s’éloigne sans attendre. L’événement du jour, c’est trois kilomètres plus tard, même scène à droite de la route, à seulement dix mètre. Un gros mâle s’acharne sur une vieille souche sans se préoccuper de son environnement. Stationnés sur le bas côté, fenêtre de chambre entre ouverte, Françoise, appareil et caméscope au poing à tout loisir d’immortaliser la scène avec soins. Passé un moment, l’ours abandonne son vieux tronc et progresse le long du talus le museau au ras du sol à la recherche de sa nourriture. Nullement impressionné par la présence de Franky, au pas, nous l’accompagnons plusieurs minutes. Il est maintenant à moins de dix mètres et avons tout loisir d’en observer sa respectable stature. Animal énorme, mâchoire impressionnante, sa force colossale ne laisse pas d’équivoque, mieux vaut ne pas contrarier sa course lors d’une rencontre dans la nature. Au terme, nous le laisserons vivre sa vie sans qu’il ne s’enfuie. C’est ainsi que nous apprécions au plus haut niveau ces observations d’animaux, en nous retirant de notre plein gré sans attendre de troubler, autant que faire se peut, la vie de nos hôtes.
Un ours noir adulte en bordure de routePassé Whitehorse, les localités se raréfient encore davantage et la qualité de la route se dégrade sérieusement. Les cent derniers kilomètres au nord du Yukon vont être exécrables. Un macadam défoncé, des dénivelés de plusieurs dizaines de centimètres sont à négocier sans cesse. Nous roulons parfois complètement à gauche par nécessité, la moyenne tombe à vingt cinq à l’heure et on s’inquiète pour la suite du périple se voyant assez mal à faire les prochains trois ou quatre milles kilomètres ainsi.
L’approche d’une frontière inconnue mêle toujours excitation et crainte du douanier zélé qui, piqué d’une fervente ardeur se prendrait de fouiller partout. Précautionneusement, mon équipière a veillé à utiliser au mieux tous les produits frais du frigo et les réserves jusqu’à la dernière patate. C’est ainsi qu’œufs dur, omelette et pommes de terre en salade se sont renouvelées aux menus un peu plus que d’ordinaire. Une prière est accordée au bégonia et au kalankoé du bord. Il se dit que viandes, charcuteries, produits laitiers, fruits et légumes et plantes vivantes sont systématiquement confisqués aux frontières états-uniennes. Nos deux précédents en 2009 on démontré l’inverse mais aujourd’hui ?
Au détour d’une longue courbe, la route défoncée se pare de panneaux routiers inhabituels, des bâtiments austères au milieu de nulle part ; le poste canadien est atteint. Personne en vue, la route des sortants nous détourne des installations, visiblement, les canadiens se moquent de notre sortie de leur territoire. S’en suit un no-mans-land d’une vingtaine d’encore mauvais kilomètres avant qu’apparaisse la bannière étoilée tant attendue.
Stop de rigueur, au signal, Franky s’approche au pas.
Au « Hy » du douanier, je réponds un respectueux « bonjour monsieur ».
Passeport, papiers du véhicule, etc. …
… Il s’étonne de voir deux français dans un véhicule canadien. Je lui déplie notre carte du monde où est tracé l’intégralité du parcourt à venir. Admiratif et décoincé, il appelle son collègue et nous souhaite bon voyage !
Ok et merci beaucoup.