A noter aux accès des lacs de la région, la présence de curieux portiques indiquant que « les enfants ne flottent pas ! » et que les eaux sont glaciales. Ainsi, une dizaine de gilets de sauvetages sont pendus là, à disposition du public. J’imagine malheureusement mal cette procédure appliquée dans notre pays. L’incivilité de nous autres « cocorico » d’aujourd’hui est bien regrettable. Fiers d’être français, nous arborons nos couleurs sur Franky, aujourd’hui, nous ferons profil bas.
Matériel de sécurité à disposition
Port de commerce, gare ferroviaire, curieux aéroport encombré de plusieurs centaines de petits avions locaux perso multicolores, Anchorage s’étend sur des kilomètres façon très « made in USA ». Centre commerciaux innombrables, rues numérotées tracées au cordeau, aucun charmes pour les doux rêveurs sillonnant la planète. Musées à prix d’or, tout en anglais, connaissant nos limites dans la langue de Shakespeare, contentons nous d’admirer les boutiques d’artisanat inuit. De superbes objets travaillés dans de l’ivoire de dents de morses (récupérées sur les côtes de l’Océan Arctique, les Inuits ne tuent pas dans un but mercantile), os de baleines, mais aussi plus curieux en os de mammouth. Le permafrost d’Alaska, au même titre que son voisin de Sibérie renferme quantité de ces monstres plus ou moins congelés ou fossilisés. Beaucoup d’ivoire de mammouth sculpté sont aussi présentés. Il va sans dire que de tels objets d’art se négocient bien au-delà du millier de dollars. Passons donc, nous sommes hors limites concernant la caisse du bord du moment. De magnifiques cornes d’orignaux et de mouflons sculptés font aussi rêver chacun de nous. Quelques cornes de bisons, moins rares mais aussi soigneusement travaillées et plus accessibles vont toutefois monter à bord. Au centre ville, un grand marché local est présent, il est interressant de s’y attarder et flâner un peu. Des visages esquimaux bien trempés présentent aussi leur artisanat.Après quelques emplettes, il nous tarde de rejoindre la péninsule de Kenai. Seule côte maritime montagneuse accessible par la route, j’avais depuis longtemps noté cette intéressante région cerclée de toutes parts de sommets enneigés et de glaciers somptueux.Notre route nous mène d’abord vers une zone humide marécageuse où s’ébattent nombre d’oiseaux, petites mouettes, grèbes et sternes arctiques. Zone de reproduction, laissons les en paix. Quelques heures plus tard, les falaises plongent en mer et les premiers pygargues, aigles à tête blanche, emblématiques des Etats Unis, apparaissent soudains. D’abord dans le ciel, puis à marée basse, les voici à attendre patiemment le passage d’un poisson dans l’eau peu profonde.
L’élégante sterne arctique Le puissant pygargueLe décor ressemble à s’y méprendre aux fjords norvégiens. Néanmoins, les fonds vaseux sont envahis par les sédiments déversés depuis l’éternité par les immenses glaciers environnant. La fin d’après midi nous conduit à une petite route secondaire vers Portage. Forêt locale classée nationale, un petit camping rustique est présent. A l’entrée, cérémonial de l’enveloppe pour le paiement spontané de la place. Un écriteau nous interpelle. « Alerte bear » traduit : alerte ours ! Un responsable nous informe qu’il est prudent de ne pas se déplacer à pied dans le camping, un ours noir est présent sur le site aujourd’hui…… Nous prenons acte……et confirmons au regard d’un gros crottin bien frais présent sur la piste d’accès. Pas d’équivoque, vu le volume, ce n’est pas le « chien chien » de madame. Installé avec vue sur le glacier d’en face, tout se passera bien. L’équipière aura redoublé de vigilance quant au verrouillage des portes et fenêtres. Au petit matin, un petit souci de pompe à eau va m’obliger à sortir afin d’intervenir dans le coffre technique en extérieur. Tout paraît calme, néanmoins, clé de quatorze entre les dents, dos tourné à l’épaisse forêt qui nous entoure, l’amiral, armée de sa bombe, clochette et sifflet veille sur la sécurité du capitaine ! Au final, un aller retour en banlieue d’Anchorage sera nécessaire afin de se procurer une pompe neuve. Un parking de magasin de bricolage me permettra de procéder à son changement sans problème et facilitera l’achat des petites fournitures utiles à l’opération. En soirée, wifi disponible à courte distance d’un « Mac-do » on s’installe pour une nuit grise. Ouvert en « 24/24 », un incessant balai de camions aux monstrueux moteurs que les chauffeurs ne savent pas arrêter va contrarier l’équipière. Branle-bas le combat à trois heures du mat’, caleçon et pieds nus au volant pour changer de parking et poursuivre la nuit au mieux.