SOUS LES ETOILES DU MONDE
                                                  ou les voyages de Françoise et Jacky sur la planète bleue

 
 
 
 En bordure de route, passiflore et… nandous

 La seule chose, on se trouve confrontés à quatre cent cinquante kilomètres de piste de montagne innommable. La nuit portant conseil, au petit matin, la consultation de la carte laisse à penser que, plus au sud, une autre grande route vers l’ouest serait praticable en direction de Tupiza. Confirmation faite lors d’un contrôle de police. C’était sans compter avec l’imprécision de nos cartes routière et l’incompétence de notre interlocuteur. En effet, même cas de figure, route de montagne en terre avec nids d’autruches sur sept cent cinquante kilomètres. Un peu déconfits, il ne nous faut pas pour autant « zapper » le Salar ni la région du Sud Lipez, désert d’altitude sur l’altiplano bolivien ponctué de curieuses lagunes colorées. Seule alternative, descendre jusque Salta en Argentine où une bonne route nous remonterait à Tupiza (Bolivie) et rejoindre l’altiplano par un itinéraire asphalté. Par internet, nos bons copains David et Orlane nous confirment, sachant qu’ils sont passés par là il y a quelques mois.
Bien roulé, on atteint Yacuiba, ville frontière en début d’après-midi. Petite perdition dans les ruelles quand un policier embarqué sur la mobylette d’un civil de passage se met à jouer du sifflet à s’époumoner sur notre arrière. Trop à l’étroit, impossible de nous dépasser jusqu'à ce que nous soyons bloqués par une myriade d’étals en tout genre. Pas remarqué de suite, notre policier nous explique qu’aujourd’hui, il y a « Feria ». Autrement dit foire commerciale, route principale et frontière sont bloquées jusqu’à ce soir dix-huit heures. Il nous invite à reculer pour nous stationner dans une petite impasse. Contrariés, à pied, on se noie dans cette invraisemblable pagaye jusqu’au poste frontière. Des centaines d’argentins entrent quasiment librement pour faire des achats qu’on imagine détaxés et à un coût bien inférieur de chez eux. Pas enthousiastes pour passer la frontière en fin de soirée, on se prépare à passer la nuit dans notre impasse. On croise de nouveau notre policier qui ne nous conseille guère l’option prétextant une certaine dangerosité du lieu. De retour à bord, l’endroit semble pourtant bien calme. Françoise s’inquiète et s’informe auprès des locaux qui nous assurent qu’il n’y a rien à craindre ici. Vers dix-neuf heures, la voisine frappe à la porte et nous invite à nous asseoir et à papoter avec ses copines sur le trottoir. Le dialogue s’embrouille un peu, nous comprenons bien qu’on ne craindrait rien ici car elles habitent bien sur place et elles sont prêtes à surveiller l’affaire. Néanmoins, d’incompréhension en incompréhension, on sent bien que nombre d’éléments nous échappent.  Dans le discourt, vient bientôt un moment où les vertus de la petite impasse semblent faire place à des trafics nocturnes pas très catholiques. Mais, pas de soucis, elles vont chiquer de la coca et rester sur leur garde toute la nuit dans leur entrée…
… Ne nous méprenons plus, le service devient indispensable et payant…
… Connaissant le coût de la vie en Bolivie, on propose un billet de cent bolivianos, puis un deuxième…
…on comprend vite qu’il nous faut cracher au bassinet car la ruelle tranquille, à les écouter maintenant, se transforme en passage de trafiquants armés en tout genre, via le nomansland en arrière de la rue. Sous-entendu que tout peu arriver si on ne lâche pas quelques liasses de dollars, Nous prétextons la réflexion pour remonter à bord et démarrer vite fait en direction du poste de douane par les rues maintenant libérées. Bien compris aussi qu’au final en cas de refus, nos braves femmes n’étaient-elles pas en mesure de nous filler une m…… quelque part sous le véhicule et nous faire ainsi cueillir par un ripou au petit matin ?     
Dès lors, après un frugal souper, malgré l’heure tardive, par sécurité, on décide de passer en Argentine, sauf que le douanier en chef n’accepte pas notre attestation d’assurance souscrite à  La Paz. Il exige la police d’assurance complète. N’ayant pas d’autre document, on nous prie de souscrire un autre contrat en ville dès lundi matin. Nous sommes samedi soir et, pas très motivés  de trainer ici jusque-là. Précédemment, les assurances obligatoires contractées aux frontières se limitent souvent à une simple attestation.  C’est en fouillant dans nos mémoires embrumées et plus très jeunes et documents divers que nous retrouvons une police complète. Triomphalement, je passe de bureaux en bureaux en agitant la liasse de papier. Il est vingt-trois heures, les premières démarches du passage en Argentine ayant été annulées, en accord avec les douaniers, nous remettons à demain la procédure complète et passons la nuit devant le poste. Vers deux heures, pris en sandwich entre deux bus qui laisseront leur diesel, sommeil blanc, las, à quatre heures, petit nescafé et on se présente. Ok pour les passeports mais le service d’importation de véhicule n’ouvre qu’à sept heures. On « glande », puis c’est enfin ok pour Franky, sauf qu’il nous faut encore satisfaire à un passage du véhicule sous le portique a « rayons X » fixé à l’arrière d’un gros camion. Un douanier me guide pour me présenter et faire demi-tour sur le parking défoncé. Guidé comme un navet, roues arrières dans une mare d’eau profonde, le pare choc  se pose sur le tas de terre voisin. Le douanier m’indique que tout est ok, on peut rouler. Moteur à l’arrière, je ne perçois rien d’anormal. Toutefois, avant de prendre vraiment la route, je fais mon petit tour d’inspection habituel et constate le pare choc pendouillant lamentablement sur le sol. Le douanier s’est éclipsé et c’est vite fait caisse d’outil et fil de fer pour bricoler une fixation provisoire…
…ce n’est pas fini…
… Un chauffeur poids lourd qui s’impatiente, revient avec un autre douanier, et c’est Françoise, un peu excédée qui va s’efforcer de démontrer les dégâts. Coffre arrière ouvert, celle-ci va percuter brutalement du front l’angle de la porte. Le chauffeur impatient disparaît et je prends le douanier par le bras afin d’exiger dans l’instant un médecin. C’est un gradé de la police qui va nous déléguer un subalterne afin de nous accompagner jusqu’à l’hôpital local. Il s’en suivra trois points de suture et un gros besoin de se poser quelques temps. Ce premier contact avec l’Argentine risque de rester longtemps dans les pages grises de nos mémoires.
Passons sur l’événement.
Un grand camping municipal était indiqué à Salta grande ville du nord du pays. Atteint en cours d’après-midi, c’est Guy, Sylvie et leur fils Julien qui nous accueillent à leur côté. Sympathique couple français à bord d’un superbe camping-car Concorde sur camion MAN, Ils arrivent du sud du continent et sont en attente d’une pièce expédiée d’Europe il y a plusieurs semaines. Lou et Michèle baroudeurs belges sont aussi présents en attente d’une réparation sur leur mécanique Mercedes. Immense établissement, ce qui caractérise le lieu reste cette extraordinaire piscine de deux cent mètres de long, la plus grande d’Amérique du sud. Endroit de détente, en cours de journées, ce seront des milliers d’argentins en vacances qui viennent passer un bon moment agrémenté de l’immuable barbecue. Si les décibels de chacun s’entrechoquent en journée, l’ambiance reste bon enfant et, à partir de dix-huit heures, chacun est prié de rentrer chez lui et les nuits demeurent sereines.
  
                             Au camping de SALTA

  
     Franky à l’ombre                               Voisins brésiliens

 Le matin, il nous faut nous rendre à l’hôpital afin d’effectuer un contrôle et changer le pansement de Françoise. Presque autant de monde qu’au camping, au hasard d’une infirmière croisée dans un couloir, nous serons rapidement pris en mains et rassurés sur l’évolution de la blessure. Sous huitaine, nous sommes invités à nous représenter pour retirer les fils.
 Endroit agréable, il est donc décidé de rester à Salta la semaine et au final pourquoi-pas y passer Noël ? Visite de la ville où tu retrouves ici un peu des caractéristiques urbaines occidentales. Rues piétonnes grouillantes et commerçantes qui te font vite oublier de remarquer l’architecture locale occultée par les néons et les multiples enseignes tapageuses.  Centres commerciaux modernes avec hyper-marché et même un genre « Castorama »  où Guy et moi-même y passeront en revue tous les rayons afin d’y dénicher l’introuvable ailleurs. Soirée « chicos » à l’un des meilleurs restaurants de Salta en remerciement à Sylvie et Guy de nous avoir offert un nouveau téléviseur qu’ils avaient en double à la place du nôtre dont le son était depuis peu exécrable.
Convalescence donc pour l’équipière, menus travaux d’entretien, un peu d’ordre dans nos petites affaires grâce à la Wi fi et soirées agréables animées des anecdotes aventureuses de chacun. Joli décor, les jours s’égrènent, le samedi donc retour à l’hôpital, retrait des fils, cicatrice en voie de disparition, l’événement est à verser dans les oubliettes.
Week-end, au camping, c’est la ruée. Les argentins pratiquent la discipline en masse, tentes pour certains ou simple pic-nic pour beaucoup, chacun s’active autour du traditionnel barbecue dont les campings sont ici tous équipés. Seul bémol, c’est l’occasion d’un concours de décibels à grand renfort de baffles géantes, sons croisés et cacophonie assurée. Chance, comme chaque jour, entre dix-huit et dix-neuf heures, tout le monde rentre à la maison hormis quelques campeurs qui sont priés de respecter le calme du lieu.



Un peu moins cool le week-end !!!
Vînt le vingt-quatre décembre, tables de fêtes, guirlandes et cuisine commune réunirent  la douzaine de voyageurs francophones pour un agréable réveillon en plein air. Excellente ambiance, le camping étant fermé au public les vingt-quatre et vingt-cinq décembre, c’est presque dans l’intimité de notre communauté que se déroulera ce réveillon 2013. Au douzième coup, embrasement total du ciel durant une demi-heure de feux d’artifices non-stop.

Réveillon francophone en Argentine   
 

                Le vingt-six, piscine et camping rouvert, peuple argentin en vacances, c’est l’invasion. Plusieurs milliers de personnes investissent les lieux accompagnées de leurs incontournables décibels.
Nous ferons néanmoins connaissance d’un agréable couple brésilien en camping-car tout neuf de très belle facture. Photos, échange d’adresses et…
… à plus sur la planète…
…qui sait ?  
Pour nous, il est temps de faire route. C’est avec Guy, Sylvie et Julien que nous reprenons la direction de la Bolivie afin d’accéder par de meilleures routes à ce fameux Salar d’Uyuni assorti du Sud Lipez, zones tant vantées par nos prédécesseurs ainsi que par moult reportages télévisés. Situé sur l’altiplano, entre trois mille cinq et cinq mille mètres voire entre six mille et sept mille pour quelques volcans épars, ces immenses espaces désertiques recèlent quelques merveilles naturelles insoupçonnées pour beaucoup.
Mauvais départ…
…au sortir du camping, quelques centimètres mal gérés et c’est l’accrochage du pare choc arrière à cet arbre vicieux. Quelques heures de travail en perspective, les doigts dans la résine avant de remiser Franky en Uruguay en fin de période.
Petite étape jusqu’à Tilcara, petite bourgade fière de son site archéologique classé. L’itinéraire nous gratifie de jolies formations géologiques multicolores assorties de cactus géants en fleur. Petit camping sympa sauf une tribu de fêtards qui vont jouer les troublions jusqu’à trois heures du matin.




Quelques jolis panoramas sur la route 

 


  
Cactus et bois de cactus 




                       Un petit air d’Ouest Américain 

 
           A la frontière bolivienne, un petit parfum de « Dakar »

 Passage de la frontière sans trop de difficulté puis direction Potosi. Ville minière extrêmement accidentée avec ses ruelles pentues comme nulle part ailleurs. Tous les voyageurs sont unanimes, un enfer à traverser. Une déviation poids lourd nous sourit d’entrée de jeu. C’est un peu oublier le standard bolivien ! Plus large que la moyenne certes, mais pentue à vingt-cinq pour cent, voie de droite inachevée après deux cent mètres, dalles de béton terminée par un escalier de trente centimètres  donnant sur une terre battue où tu devines vaguement les traces à suivre. Quelques rails de chemin de fer abandonnés à traverser pour finir par rejoindre une rue animée barrée pour cause de travaux. Pour le GPS, c’est tout simple, prendre la première à gauche. Sauf que trois cent mètre plus loin, des véhicules mal stationnés nous interdisent le passage. Un homme nous indique q ‘il serait mieux de reculer et repasser par je ne sais où mais en tous cas pas par cette rue. Le demi-tour sera épique, nos deux cent soixante- quinze chevaux rassembleront toute leur énergie pour venir à bout de ce démarrage en côte trente pour cent. Retour à la rue barrée où, stationnés en double, on nous indique d’entrer dans la gare routière voisine pour en ressortir par l’arrière afin de poursuivre notre route…
…fallait savoir !...
…durant ce temps, Guy et son « Man », sans l’info, s’engage à nouveau dans une ruelle où il se fait stopper net par un local qui l’informe d’éviter cette ruelle. Observant la scène,  d’autorité, je stoppe la circulation montante puis, Guy tente à nouveau un demi-tour en pente plus que raide où le camion refuse autant d’effort. Calages répétés, pression d’air épuisée, au final, après quelques nuages noirs de gasoil mal brûlé assortis de coup de klaxons légitimes, Guy s’engage dans la gare routière suivi de Franky pour en ressortir effectivement par un portail dérobé et enfin reprendre la direction supposée d’Uyuni. Bien entendu, aucune indication, on file sur La Paz. Demi-tour facile à un rond-point, nous voici enfin sortis de Potosi.

        A Potosi, quand le MAN refuse, les cochons investissent la banlieue
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